1.3 Cherté de la vie au
Niger
Plusieurs paramètres permettent d'apprécier le
phénomène de la vie chère caractérisé par un
niveau relativement élevé des prix des produits de grande
consommation. Des prix qui ont globalement grimpé de plus de 30 points
sur 10 ans, alors que le revenu réel par habitant n'a presque pas
progressé et cela s'est traduit par la baisse du pouvoir d'achat des
ménages.
1.3.1 Les causes et les
conséquences de la vie chère
Autant que la hausse des prix des produits de grande
consommation est prépondérante dans le phénomène de
la vie chère, il n'en demeure pas moins qu'elle n'est pas la seule
responsable du phénomène de la vie chère au Niger. En
effet, cette dernière peut être expliquée par les
éléments suivants:
· Le niveau relativement élevé des prix des
produits de grande consommation qui peut être expliqué par une
économie précaire peu concurrentielle, l'enclavement et
l'étendue du pays qui renchérissent le coût des services
d'appui à la commercialisation, au transport et à la distribution
des produits de grande consommation. Ces hausses sont souvent induites par des
conjonctures externes (inflation importée, difficulté
d'approvisionnement) ou naturelles (insuffisances des précipitations qui
impactent négativement la production intérieure notamment celle
des biens céréaliers, période de soudure);
· La demande est généralement
supérieure à l'offre, ce qui se traduit par une augmentation des
prix;
· Le train de vie des ménages (dépenses
ostentatoires de certaines cérémonies);
· Politique fiscale (dans une certaine mesure);
· Et le niveau relativement faible du revenu moyen annuel
des ménages qui limite leur accessibilité aux produits de grande
consommation.
Cependant, pourquoi lutter contre la vie chère ?
Il le faut parce que la vie chère a des conséquences
néfastes sur le pouvoir d'achat, et donc sur le niveau de vie des
citoyens. Elle accroit la pauvreté de l'indigène; elle a pour
conséquence:
· L'inaccessibilité des produits de
première nécessité: les ménages rencontrent
d'énormes problèmes pour accéder aux produits de
première nécessité en atteste la crise de 2005 et 2008. En
effet, pendant ces deux périodes, les produits agricoles en
générale et les céréales en particulier
étaient présents sur le marché, mais le revenu des
ménages était insuffisant pour que les citoyens puissent s'en
procurer;
· L'aggravation du niveau de la pauvreté: selon
l'approche basée sur le degré de satisfaction des besoins
essentiels, une augmentation des prix des produits sensibles se traduit par la
diminution des quantités des produits consommés. Les
conséquences possibles sont entre autres: la rationalisation des biens
accessibles, l'insuffisance de calories nécessaires à la vie
normale des membres des ménages notamment des enfants,
réajustement des dépenses, l'effritement possible de la
solidarité agissante au sein d'une même famille;
· L'exode rural: sitôt la période de
récolte terminée ou si la campagne se présente sous de
mauvaises auspices, les bras valides vident les villages pour venir dans les
villes pour la recherche d'une vie meilleure. D'où l'accroissement du
phénomène de la délinquance juvénile. La
réponse à ce phénomène est la fixation de la
population en créant et en mettant en oeuvre des activités
pouvant les retenir dans les villages d'origine;
· L'augmentation de l'insécurité: absence
de travail suffisant suite à l'afflux massif des ruraux dans les villes,
la pauvreté pousse des jeunes à avoir des idées sombres
qui les poussent à commettre des délits, bref les jeunes
s'adonnent à certaines activités qui peuvent leur permettre
d'oublier leur misère;
· Le manque de confiance à l'endroit des
autorités: il y'a un sentiment général d'abondons de la
population. Elles perdent confiance à l'endroit des politiciens et se
sentent prêtes à manifester leur mécontentement à
travers des manifestations sociales;
· Une mobilisation des acteurs non étatiques
hostiles à l'Etat.
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