1.3.2 Lutte contre la vie
chère au Niger
Le défi majeur à la vie chère est de
contrecarrer toutes ses conséquences en cherchant des solutions qui vont
dans le sens de l'accroissement de l'offre des biens et services et
l'augmentation des revenus des ménages à travers
l'amélioration de la production agricole et la création des
emplois aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain. Le problème de
lutte contre la vie chère reste d'actualité eu égard aux
multiples conséquences que pourrait engendrer l'érosion du
pouvoir d'achat des populations. C'est pourquoi, la lutte contre la vie
chère exige des approches multiples et une gestion repartie qui permet
de cerner le phénomène et la réponse adaptée au cas
par cas selon qu'il s'agit de l'Etat, des opérateurs économiques
ou des consommateurs eux-mêmes qui sont agents déclencheurs de la
hausse des prix des biens et des services. Elle appelle donc une maitrise des
marchés par les pouvoirs publics, des dispositions législatives
et réglementaires appropriés pour une gouvernance
économique efficace et porteuse de croissance économique et de
distribution des fruits de cette croissance. Quelle que soit la nature du
régime en place d'un pays, libéral ou interventionniste, les
gouvernements accordent une grande importance à la lutte contre
l'inflation. La lutte contre la vie chère au Niger constitue un des
scénarios de la lutte contre la pauvreté et
l'insécurité alimentaire. Cependant, l'Etat Nigérien se
doit de prendre des mesures hardies pour faire face à l'amenuisement
continu du pouvoir d'achat des ménages dû aux effets
conjugués de: la faiblesse du revenu des ménages, de
l'évolution timide voire aléatoire de la production des biens
alimentaires, l'inflation cumulée sur les produits de première
nécessité, des pratiques non concurrentielles des acteurs
économiques, du sous-emploi et le chômage. En outre, les acteurs
non étatiques ont leur contribution dans la lutte contre la vie
chère. Leur rôle ne se confine pas uniquement à la veille
citoyenne. En effet, ils participent activement à l'animation du
dialogue social et font des propositions concrètes dans le cadre de la
résolution des causes et des effets de la vie chère; ils
accompagnent l'Etat dans la sensibilisation et la formation des citoyens et des
parties prenantes aux bonnes pratiques de commercialisation et de distribution
des produits de grande consommation notamment en période critique
(soudure, fêtes, mauvaises récoltes, période de
jeûne).
Dans le cadre de la lutte contre la vie chère, le
Ministère chargé du commerce et de la promotion du secteur
privé mène plusieurs activités qui sont:
Ø Le suivi de l'approvisionnement et la distribution
des produits ainsi que l'évolution des prix;
Ø La fixation et le contrôle des prix
homologués des produits et services;
Ø La négociation des prix conventionnels de
certains produits avec les organisations socio professionnelles;
Ø La proposition et l'adoption du gouvernement de
mesure de désarmement tarifaire notamment en période
spéciale (ramadam, situation d'insécurité alimentaire);
Ø La sensibilisation des commerçants et des
consommateurs en vue de lutter contre la vie chère;
Ø La proposition de toutes le mesures tendant à
maîtriser l'évolution des prix ou à la limitation des
effets de la hausse des prix sur le pouvoir d'achat;
Ø La détermination du prix plafond de vente de
détail des marchandises vendues sur les marchés coutumiers par
les commissions locales de lutte contre la vie chère;
Ø L'homologation des prix des produits des
unités industrielles bénéficiaires de l'agrément du
code des investissements;
Ø Le contrôle des poids et mesures, le suivi des
stocks des produits de première nécessité;
Ø La vente à prix modérés de
certains produits de grande consommation comme les céréales.
Toutefois, l'impact des mesures ci-dessus
énumérées sur les prix a été
décevant. En effet, non seulement la mesure n'a nullement permis de
venir en aide aux nécessiteux, plus grave encore les commerçants
importateurs de riz en ont profité pour constituer d'immenses stocks de
spéculation, tout en appliquant comme bon leur semblait les prix de la
denrée. Sur certains marchés du pays les prix pratiqués
étaient même supérieurs à ceux d'avant la mesure.
En conclusion, ce chapitre montre que le Niger est un pays
qui est confronté à des véritables problèmes
socio-économiques pour faire face à la hausse des prix. En effet,
les autorités ont toujours entrepris des actions pour atténuer
les souffrances de la population dans un pays où plus de la
moitié de la population vit en dessous du seuil pauvreté. Par
ailleurs, l'échec de ces initiatives de l'Etat peut s'expliquer par la
complexité des acteurs économiques ainsi qu'à la faiblesse
de l'économie nationale.
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