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La carte nationale d'identité dans l'Adamaoua: 1960-2013

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par Gabana Jean Francis
Université de Ngaoundéré - Master Recherches en Histoire 2013
  

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2. La participation aux échéances électorales.

L'identification des électeurs consiste à vérifier l'éligibilité des électeurs potentiels et à inscrire leurs noms et autres renseignements justificatifs sur une liste électorale. Le processus doit être juste, exhaustif et inclusif. Cette opération nécessite que l'on adopte des mesures efficaces pour que les électeurs potentiels connaissent le processus d'inscription et aient la possibilité de l'utiliser. Par exemple, on procède à des campagnes d'éducation électorale qui soulignent l'importance de l'inscription, expliquent les responsabilités de l'électeur et fournissent des renseignements sur la façon de s'inscrire. Cependant, l'inscription sur les listes électorales, comme nous

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l'avons souligné est conditionnée par la possession d'une carte nationale d'identité qui atteste que la personne à inscrire est de nationalité camerounaise. En effet, dans les années 1990, l'Adamaoua enregistrait un nombre faible des citoyens inscrits sur les listes électorales. L'une des principales causes de cette situation fut le défaut de carte nationale d'identité. A cet effet, monsieur Ngozo Jean déclare que : « Notre principal problème fut le défaut de carte nationale d'identité et particulièrement dans les zones rurales et pour ceux qui en ont, elles ne sont plus valides. D'ailleurs, certains citoyens ne possédaient même de carte.»14

L'on comprend alors que le défaut de carte est préjudiciable aux inscriptions sur les listes électorales, puisque certains citoyens de zones rurales malgré leur volonté, ne peuvent s'inscrire. Ce défaut de cartes est parfois lié à celui du défaut d'actes de naissance étant donné que, dans les zones rurales certains citoyens n'ont pas d'actes de naissance surtout ceux qui ne sont pas nés dans les centres de santé. Cette situation fut observée dans la Région de l'Adamaoua. Or, on ne peut se faire établir de cartes sans actes de naissances. En réalité, le coût élevé de la carte d'identité ne les mettait pas à la portée de toutes les bourses (5000F.cfa et parfois plus). De même, l'éloignement des lieux d'identification constituait un autre obstacle majeur aux inscriptions. C'est par exemple le cas dans la localité de Belel où les citoyens sont obligés de parcourir des kilomètres après avoir déboursé 2000F.cfa pour le transport seulement lorsque la route est praticable avec le risque de ne jamais entrer en possession de ladite carte. Par ailleurs, on ne s'inscrivait pas officiellement avec le récépissé de la carte sauf si on y joignait son acte de naissance15. En conséquence, l'obstacle majeur aux inscriptions sur les listes électorales résidait dont au niveau de l'obtention de la carte nationale d'identité. C'est ce que confirme d'ailleurs monsieur Ngozo Jean, lorsqu'il déclare que « le potentiel électoral est en principe les jeunes en âge de voter et les femmes, mais malheureusement, ils étaient peu à s'inscrire justement parce qu'ils ne possédaient pas de cartes nationales d'identité16 ».Ainsi, pour remédier à cette situation, à partir de 2002, les opérations foraines d'établissements des cartes nationales d'identité à l'approche des échéances électorales furent organisées sur l'ensemble du territoire national. Cette politique a trouvé un écho fort dans la Région de l'Adamaoua. C'est dans cette optique

14 Entretien avec Ngozo Jean, ex-maire de la ville de Tibati, Tibati, 07 juin 2014.

15 Entretien avec Dadjé Jacques, responsable ELECAM, Tibati, 08 juin 2014. 16Entretien avec Ngozo Jean, ex-maire de la ville de Tibati, Tibati, 07 juin 2014.

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que des milliers des cartes nationales d'identité ont été établies aux citoyens dans cette région pour permettre à ceux-ci de voter. Le déploiement des postes d'identification accompagnés par la défunte ONEL et aujourd'hui ELECAM dans les zones rurales a permis d'avoir un nombre important des inscrits sur les listes électorales. Des inscriptions massives sur les listes électorales dans l'Adamaoua s'est fait de manière progressive suivant l'allégement des conditions d'établissement des cartes nationales d'identité au Cameroun. Le tableau suivant met en exergue l'évolution des inscriptions sur les listes électorales dans la région de l'Adamaoua.

Tableau 7: l'évolution des inscriptions sur les listes électorales région de l'Adamaoua de 2007 au 10 juin 2011.

Région

Population totale

Population électorale

Inscrits en 2007

Électeurs à inscrire

Électeurs inscrits depuis Aout 2010

Nombre total

d'inscrits

de 2007

au 10

juin 2011.

Adamaoua

1015622

457029

262180

194849

136485

398665

Source : www.Elecam.Cm.

À la suite de ce tableau, il faut noter que, dans le but était de remédier aux difficultés qu'éprouvent les citoyens des zones rurales de l'Adamaoua, les autorités des villes de Meiganga, Ngaoundéré, de Banyo, de Tibati et de Tignère se sont vues obligées de prendre des mesures parallèles pour décanter le flux des demandeurs dans les postes d'identification. Ainsi, les personnels judiciaires sur le ont été envoyés sur les terrains pour effectuer des jugements supplétifs aux habitants n'ayant pas d'actes de naissance.

L'opération des « audiences foraines » a permis à une fraction de la population d'obtenir des actes de naissance et par le fait même, de se faire établir sur place, des cartes nationales d'identité grâce à un poste d'identification provisoire, mis en place

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dans chaque localité par les équipes d'identification mobiles. Une initiative entreprise pendant des semaines avec pour corollaire, l'accroissement du nombre des inscrits sur les listes électorales. L'absence d'un poste d'identification est un coup dur vécu non seulement par la population de ces localités, mais aussi les responsables administratifs qui veulent produire des résultats probants à la veille des échéances électorales. En conséquence, on peut constater que depuis le décret ordonnant l'établissement gratuit des cartes d'identité, les commissariats de la Région de l'Adamaoua ne se désemplissent pas de monde. L'argumentaire de son coût élevé comme cause importante de la non-possession prend donc tout son sens, étant donné que, même avant la gratuité de la carte nationale d'identité, plusieurs responsables du parti au pouvoir organisaient déjà les campagnes d'établissement de celle-ci dans plusieurs localités du pays. Ce qui avait permis l'établissement de milliers de cartes nationales à de nombreux citoyens. C'est ainsi, que dans la région de l'Adamaoua, les leaders politiques responsables du comité du RDPC chargés des inscriptions sur les listes électorales dans la Vina ont établi 3000 cartes nationales d'identité afin de permettre aux citoyens de s'inscrire sur les listes électorales17. Il est donc clair que toutes les actions qui ont été entreprises, furent au profit de la carte nationale d'identité. Ces différentes mesures ont pour objectif de favoriser les inscriptions sur les listes, ce qui semble porter des résultats. Cette quête effrénée aux potentiels électeurs n'est pas neutre car, elle vise à faire participer un maximum de citoyens aux élections, avec pour objectif la légitimation de l'élu.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo