3.2.7. Le traitement symptomatique
La prescription de SRO a concerné 30,3% enfants de
moins de 05 ans, ayant une diarrhée aiguë (Tableau XIV). Aucune
supplémentation en zinc n'a été prescrite. Zoungranaau
Burkina Faso [108] a retrouvé 18,9% de prescription de SRO au cours des
diarrhées aiguës. Konaté [40] et FahomTayou [28] au Mali ont
rapporté respectivement 94% et 62,3% de prescription de SRO au cours des
diarrhées aiguës de l'enfant. Modica [68] en France a
retrouvé 50% de cas de diarrhées aiguës ayant reçu
d'une prescription de SRO. L'EDS 2010 au Burkina Faso a retrouvé 20% de
prescription de SRO et 0,4% de prescription de zinc [54]. Ces taux nous
paraissent insuffisants pour un médicament utile, recommandé,
facile et peu cher. Depuis 2004, l'OMS et l'UNICEF [75] recommande la nouvelle
solution de SRO à osmolarité réduite pour la
réhydratation des enfants atteints de diarrhée. On s'attendrait
donc à ce que 100% des enfants soient traités avec le SRO La
proportion très faible de prescriptions de SRO pourrait s'expliquer par
:
- l'utilisation abusive de la voie veineuse comme moyen de
réhydratation dans les hôpitaux. Ridde et al au Burkina Faso [91]
ont retrouvé des prescriptions des SRO plus élevées 44%
dans les formations sanitaires (CSPS) de la région du Centre-Nord. La
voie veineuse était jugée par les prescripteurs, plus sûre
et facilement quantifiable. Mais elle n'explique pas l'absence de prescription
de SRO à la sortie de l'hospitalisation.
- Bien que persuadés du bien-fondé des SRO,
certains agents de santé négligent sa prescription car
considérés comme trop simples («De l'eau, du sel et du
sucre», titrait le Lancet et, surtout, ils n'agissent pas sur le cours de
la diarrhée. Il n'est pas forcément évident, pour un agent
de santé, de prescrire un médicament dont il sait que les parents
peuvent considérer qu'il «ne fait rien». Cette dimension est
importante car, pour que les parents utilisent les SRO malgré cette
perception du médicament, il faut accompagner la prescription
d'explications, qui nécessitent du temps [28],
- la méconnaissance par les agents de santé, des
bienfaits du SRO et du zinc. En effet, jusqu'à présent le Guide
de Diagnostic et de Traitement (GDT) n'intègre pas l'association
SRO+zinc dans le traitement de la diarrhée. Il ne fait pas aussi
référence aux différents plans de traitement de la
diarrhée en fonction de la déshydratation [65],
- l'indisponibilité temporaire ou permanente du SRO.
Le zinc limite la durée et la gravité de
diarrhées aiguës et persistantes [1,8,46]. En outre, une
supplémentation en zinc à court terme (10 à 20 mg par jour
pendant 10 à 14 jours) réduit l'incidence de la diarrhée
pendant 2 à 3 mois [77]. L'absence de prescription de zinc dans notre
étude pourrait s'expliquer par l'indisponibilité temporaire ou
permanente de ce produit.
Nous avons retrouvé 12,2% de prescriptions
d'antidiarrhéiques. FoyomTayou [28] au Mali a en retrouvé dans
92,2% des cas. Le critère d'efficacité d'un médicament
anti-diarrhéique retenu par l'OMS est la réduction du
débit des selles d'au moins 30 % par rapport à un placebo [104].
Excepté le racécadotril (Tiorfan®), le seul
médicament à avoir démontré une diminution du
débit des selles [109], il n'existe pas de médicaments
actuellement disponibles qui répondent à ce critère. La
plupart n'ont que des effets symptomatiques sur l'aspect des selles et la
durée de la diarrhée. Ainsi pour l'OMS tout comme le Burkina
Faso, la prescription d'antidiarrhéiques n'a aucune place dans le
traitement de la diarrhée aiguë de l'enfant [77]. Dans notre
contexte cette pratique pourrait être due à un comportement
stéréotypé ou à un manque de formation des agents
de santé.
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