4.4Description et prise en charge
des cas de diarrhées aiguës
3.2.6. Les signes
cliniques et pathologies retrouvés chez les malades
Plus de la moitié des enfants de moins de cinq ans ont
présenté de la fièvre (60,2%) et des vomissements (64,7%)
(Tableau X). Les 0 à 11 mois ont été les plus
concernés par ces signes dans l'ensemble des 03 CHR, suivis des 12
à 35 mois (Tableau XI). Sanou et al au Burkina [95] et Konaté au
Mali [40] ont également retrouvé des proportions
élevées de fièvre (83,6% et 91%) et de vomissements (62,4%
et 64%) chez les enfants présentant une diarrhée aiguë.
Cette tendance pourrait s'expliquer par le fait que les diarrhées
aiguës sont le plus souvent d'origine infectieuse dans nos régions
tropicales [5]. Elles s'accompagnent ainsi d'un syndrome infectieux dont la
fièvre et les vomissements sont les caractéristiques
essentielles. Toutefois le jeune âge doit aussi conduire à
rechercher d'une déshydratation.Si un tiers (34,4%) des enfants de moins
de cinq ans ont présenté une déshydratation (Tableau X),
les 0 à 11 mois (39%) ont été les plus concernéspar
ce symptôme dans l'ensemble des 03 CHR, suivis des 12 à 36 mois
(Tableau XI). Malan au Burkina Faso [48] et Konaté au Mali [40] ont
retrouvé des proportions de déshydratation respectivement dans
37% et 45,0% des cas. La diarrhée aiguë est la première
cause de déshydratation, probablement 90 % de l'ensemble.
L'évolution d'une diarrhée aiguë vers la
déshydratation peut se faire en quelques heures, surtout quand elle
survient dans le premier semestre de la vie ou chez des nourrissons immatures
[24].
Nous avons retrouvé 44,0% des enfants
diarrhéiques de moins de 05 ans ayant le paludisme (Tableau XII).
Konaté [40] et Diallo [22] au Mali ont trouvé 14% et 31%
d'association entre le paludisme et la diarrhée. La diarrhée
aiguë n'est pas un signe de gravité du paludisme. Néanmoins,
la déshydratation qu'elle occasionne pourrait favoriser l'apparition de
certains signes de gravité du paludisme (troubles de la conscience,
convulsions, collapsus circulatoire, insuffisance rénale) [21,81].
Environ 38,5% des enfants de notre échantillon avaient
une IRA associée à la diarrhée (Tableau XII). Malan [48]
au Burkina Faso avec 29,8%, Konaté au Mali avec 61% [40] et Sengorore au
Burundi avec 17,9% [97] ont retrouvé les I.R.A. associées
à la diarrhée aiguë. Les coïnfections diarrhée
aiguë et IRA, en particulier l'infection mixte respiratoire à VRS
et digestive à rotavirus est fréquente et donne lieu à des
tableaux cliniques plus sévères et à des évolutions
prolongées. On peut aussi constater des tableaux sévères
chez les enfants qui cumulent une otite moyenne aiguë et une
gastroentérite à rotavirus [81]. Ainsi dans un but pronostic, le
paludisme et les IRA doivent être recherchés chez l'enfant ayant
une diarrhée aiguë.
Le paludisme a été plus fréquemment
associé aux diarrhées aiguës de 0 mois à 59 mois dans
l'ensemble des 03 CHR. L'immunité pour le paludisme est longue à
acquérir. Dans nos régions où le paludisme est
endémique et la transmission stable, les adultes et les sujets
âgés sont relativement protégés par cette maladie
[49,103]. A travers, l'immunité passive que leur confèrent leurs
mères semi-immunes, les nourrissons seraient également
protégés du paludisme durant la première moitié de
leur première année de vie par les anticorps maternels. Cette
immunité s'estompe au cours du temps, et l'on observe chez l'enfant,
après le sixième mois de sa vie, une augmentation de la
sensibilité au paludisme. Cette période dure jusqu'à
environ neuf ans, selon les enfants. Ensuite, se développe
progressivement l'acquisition d'une immunité semi protectrice active
dite semi-immunité [49]. Ce processus immunologique pourrait expliquer
l'augmentation progressive de la proportion de paludisme de la tranche
d'âge des 0 à 11 mois à celle 36 à 59 mois.
Les IRAont moins fréquemment été
associées aux diarrhées aiguës de 0 mois à 59 mois
(Tableau XIII). Cette tendance pourrait s'expliquer par l'évolution de
l'immunité chez l'enfant. En effet, les IRA sont peu fréquentes
avant l'âge de 6 mois, grâce à l'immunité maternelle.
Cependant, elles atteignent leur niveau le plus élevé entre 6 et
11 mois après que ceux-ci aient perdu leur immunité passive.
Ensuite les IRA baissent régulièrement pour atteindre leur plus
faible niveau chez les 36 à 59 mois. En outre, le nourrisson est dans
l'incapacité de se débarrasser de ses sécrétions
nasales et pharyngées de par sa position longtemps couchée. Ceci
favorise la stagnation et l'accumulation de sécrétions pouvant
s'infecter.
La malnutrition (sévère et
modérée) a représenté 19% de notre
échantillon. Diagne et al [96] au Sénégal ont
rapporté des cas de diarrhées aiguës associées
à la malnutrition dans 9,11% des cas. Malan [48] et Salou [92] ont
respectivement rapporté 16,7% et 17,5% au Burkina Faso. Kangah et al
[38] ont rapporté 22% en Côte d'Ivoire. La relation
bidirectionnelle entre la malnutrition et la diarrhée constitue un
problème. En effet, la malnutrition diminue les défenses de
l'organisme et entraine une atrophie villositaire [8,18,104], favorisant la
survenue de la diarrhée. Quant aux épisodes diarrhéiques,
elles ont un impact sur le statut nutritionnel à travers la perte des
nutriments occasionnée. Ainsi, l'association de la diarrhée et de
la malnutrition crée un cercle vicieux fatal pour l'enfant.
Les maladies infectieuses telles que le paludisme et les IRA
représentent de problèmes de santé publique dans nos
régions tropicales. Les enfants de 3 mois et 5 ans en sont les plus
touchés, du fait de la faiblesse de leur immunité. Ainsi, la
diarrhée aiguë survient le plus souvent sur un terrain
fragilisé associé à des infections.
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