CHAPITRE I : ASPECT THÉORIQUE
à la fois de la grammaticalité et des
règles définies par la situation de communication (langue
écrite ou orale, relations entre les interlocuteurs, etc.). Ainsi,
l'énoncé « Je vous ordonne de sortir de la salle tout de
suite ! » émis par un élève dans une
école en s'adressant à son enseignant est grammatical du point de
vue des règles normatives, mais non acceptable du point de vue de la
situation de communication.
En ce qui concerne le second type, « la qualité
externe », il se détermine par rapport à la norme sociale,
celle qui est valorisée par les individus et est estimée comme le
bon usage. Selon Chantefort, le bon usage est souvent justifié par des
considérations sociales, historiques, littéraires, logiques et/ou
esthétiques.
Quant au sociolinguiste Jacques Maurais, il envisage une
définition de la notion de qualité de la langue en partant de la
dichotomie saussurienne langue/parole (ou discours). Maurais constate que ce
qui apparait dans la réalité linguistique sont les discours et
non pas la langue au sens saussurien. De ce fait, il déduit que la
qualité doit porter : « Sur la parole, sur les discours,
c'est-à-dire sur les productions linguistiques réelles et non sur
le système de signes qui existe dans la conscience de tous les membres
d'une communauté linguistique. » (Maurais, 1999, p.37).
D'où, l'évaluation de la qualité d'une langue ou d'une
variété doit obligatoirement faire recours, en plus des
critères d'ordre grammatical, à des critères d'ordre
social comme le prestige littéraire ou historique.
Généralement, la qualité de la langue
peut se définir comme : « Un faisceau de paramètres
linguistiques en interrelation. Ce faisceau est lié à la
situation de communication. Les situations de communication sont diverses et
donnent lieu à plusieurs usages. Il n'y a donc pas une qualité,
mais plusieurs, à l'aune desquelles les usages se mesurent. Certains des
paramètres concernent le système linguistique, ses composantes et
ses
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CHAPITRE I : ASPECT THÉORIQUE
règles. D'autres relèvent de la norme
prescriptive, qui est elle-même fondée sur les normes
évaluatives des locuteurs. » (Tremblay, 1996, p.13). Cette
définition tient compte de la situation de communication tout en
consistant à mesurer les qualités d'une variété
à l'aide de critères linguistiques et épilinguistiques.
Une autre définition de la notion de qualité qui
manque peut-être de généralisation, car elle
s'intéresse à la qualité du français écrit.
BUREAU définit la qualité de la langue française comme :
« Un emploi conforme aux conventions linguistiques qui
régissent le code du français écrit. Il faut entendre par
conventions linguistiques non pas un ensemble de règles imposées
par une « élite » ou dictées par le « génie
» de la langue, mais bien les conventions de fait qui constituent en
quelque sorte, par rapport au sujet, le passé de la langue et qui sont
nécessaires pour assurer la communication et/ou l'expression dans cette
langue. » (Cité par Maurais, 1999, p.36)
I.2.2. la qualité de la langue et la norme
linguistique
Laur (2002, p.149) affirme que : « La notion de
« qualité » n'a de sens en linguistique que par rapport
à une norme, laquelle est linguistiquement arbitraire, mais socialement
motivée. [...] aucune langue et aucun parlé ne
pourraient être jugés ou évalués sans repère
social. La forme linguistique d'un parler ne prend donc de sens que si une
valeur sociale lui est attribuée. Plus un parler s'écarte de la
norme, moins on lui accorde le sceau de la « qualité ».
»
MOREAU (1997) distingue plusieurs types de normes parmi
lesquels les normes de fonctionnement et les normes prescriptives.
Premièrement, les normes de fonctionnement (dites aussi
normes objectives) qui constituent l'ensemble des usages linguistiques que
partage un groupe d'individus. L'examination des normes de fonctionnement
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