CHAPITRE I : ASPECT THÉORIQUE
Allemagne, par exemple, la majorité des mémoires
étaient rédigés en langue française.
Et pour finir, au début du XXe
siècle, selon Hamel, le champ scientifique était marqué
par un modèle plurilingue : « Trois langues, l'allemand,
l'anglais et le français se partageaient le champ de la science. Chacune
prédominait dans certaines disciplines : le français en droit,
médecine et sciences politiques, l'anglais en économie et
géologie, l'allemand en médecine, chimie et philosophie
» (Hamel, 2008a, p.87). Mais malheureusement, suite à la
suprématie anglo-américaine, la situation des langues dans les
domaines scientifiques passa d'un plurilinguisme intercommunautaire à un
monolinguisme marqué par l'hégémonie de la langue
anglaise. Hamel ajoute aussi (Ibid., p.88) qu'à la fin du siècle
passé (le XXe siècle), l'ensemble de la diffusion
scientifique en langue anglaise était de 82 % en sciences sociales et
humaines et de 90 % en sciences naturelles.
Nous pouvons conclure qu'au cours des derniers
millénaires, les principales langues véhiculaires de la science
se sont succédé du sumérien à l'anglais, en passant
par le grec, l'arabe, le latin et les différentes langues nationales (le
français, l'allemand, l'italien, le russe). L'évolution de la
situation des langues dans le champ scientifique a longtemps été
marquée par un usage plurilingue jusqu'à l'arrivée de
l'anglais qui occupa à lui seul à peu près la
totalité des domaines scientifiques.
Après ce survol historique de la situation des langues
dans la communauté scientifique universelle, il est important de faire
un état des lieux sur l'emploi des langues dans l'enseignement
supérieur en Algérie.
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CHAPITRE I : ASPECT THÉORIQUE
I.1.2. L'enseignement supérieur en
Algérie
En Algérie, l'enseignement supérieur a toujours
été marqué par une prédominance de la langue
française. Cette prédominance a tant été
concurrencée par d'autres langues : en premier lieu l'arabe et puis
l'anglais. Aujourd'hui, une certaine régression de la langue
française est remarquée chez les universitaires algériens,
tant au niveau de sa maitrise qu'au degré de son utilisation. En effet,
un grand nombre d'étudiants de médecine et de sciences techniques
échouent dans leurs études supérieures parce qu'ils ne
maitrisent pas correctement la langue française.
Malgré l'intensité de la politique
d'arabisation, le français a réussi à conserver sa place
dans l'enseignement supérieur. L'Article 37 de la Loi n°91-05 du 16
janvier 1991 portant généralisation de l'utilisation de la langue
arabe exige que : « L'enseignement dans la seule langue arabe, au
niveau des établissements et instituts d'enseignements supérieurs
prendra effet à compter de la première année universitaire
1991-1992 et se poursuivra jusqu'à l'arabisation totale et
définitive au plus tard le 5 juillet 1997. » (1991, p.41).
Cependant, cette loi est totalement négligée ; puisque le
français a gardé son statut de langue d'enseignement et de
formation dans la plupart des filières scientifiques. De plus, Leclerc
(2015a) apporte que, en Algérie, « le français exerce
toujours une fonction privilégiée dans l'enseignement
supérieur et technique, alors que les cours sont essentiellement offerts
en français ; seules les filières des sciences humaines et
sociales étant enseignées en langue arabe. ». Mais un
peu plus bas, le même auteur ajoute que les communications ordinaires
entre les différents membres (étudiants, professeurs et agents de
l'administration) de la communauté scientifique algérienne se
font très souvent en arabe algérien et peu fréquemment en
français.
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