CHAPITRE I : ASPECT THÉORIQUE
les langues du savoir qui permet à l'un de ses
pôles de s'emparer de l'autorité scientifique.
I.1.1. L'évolution des langues dans la
communauté scientifique
Selon Walter Henriette (1996), au IIIe
millénaire av. J-C., le sumérien fut la première langue
savante durant plusieurs siècles. Les textes sumériens
étaient souvent des textes astronomiques, mathématiques ou
médicaux. Ensuite, ce sont les langues de Babylone et d'Égypte
qui ont pris le relais de la langue de Sumer, avant que le statut de langue
savante se transmette à l'akkadien lors du IIe
millénaire avant notre ère. Au VIe siècle av.
J-C., c'est au tour des Grecs de s'emparer de l'autorité scientifique.
La langue de Platon, d'Aristote, de Socrate, d'Archimède, etc. a
longtemps servi de langue véhiculaire au sein de la communauté
scientifique ; également pendant l'hégémonie romaine qui
s'est intéressée à la conquête d'autres territoires
plus qu'à l'acquisition du savoir.
Puis, c'est aux savants arabes, à l'instar d'Albucasis,
Avicenne, Averroès et Al-Khawarizmi, qui ont permis à leur langue
de jouer le rôle de langue scientifique du VIIIe jusqu'au
XVe siècle (la chute de l'Andalousie). Et puis en partant de
la langue arabe, les savants latins ont traduit la pensée des Arabes
pour en développer des centres de diffusion scientifique (Italie,
France, Allemagne, Grande-Bretagne).
Ensuite, pendant la Renaissance, plusieurs savants de
différentes nations européennes commencèrent à
écrire avec leurs propres langues ; tels que Descartes, en France, et
Francis Bacon, en Grande-Bretagne. Mais c'est la langue française qui
réussit à marquer sa prédominance durant le
XVIIIe siècle. Les auteurs français du Siècle
des lumières (Molière, Voltaire, Diderot, Alembert) ont
attiré vers la langue française un grand nombre de scientifiques
grâce à leurs succès tant en France qu'à
l'étranger. En
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