I.6. Production du matériel
végétal
C'est au cours du siècle dernier (1888) qu'on a
découvert que la graine de canne à sucre pouvait germer et donner
de nouvelles plantes. Les premiers croisements dirigés se sont faits
entre S. officinarum seuls. Puis au début du
XXème siècle, en Inde et à Java, les S.
spontaneum, hybridés aux S. officinarum, ont permis de
rendre résistant les cannes cultivées. Depuis, les croisements
interspécifiques sont devenus plus complexes.
Présentement, deux tendances existent: l'ouverture vers
les genres voisins (Miscanthus sp, Erianthus sp, Narenga sp, Sorghum
sp) et le retour aux sources (collectes botaniques en Nouvelle
Guinée) (FAUCONNIER, 1991). Malgré certains espoirs, la culture
in vitro n'a pas encore permis d'obtenir de façon stable des
sujets nouveaux (FELDMANN et al, 1994).
I.6.1. Obtention de variétés (clones) en
station
La création variétale coûte cher car il
lui faut des moyens suffisants, de bons spécialistes et du temps pour
obtenir des variétés meilleures que celles qui pourraient
être importées de pays voisins ou même lointains. On
constate en effet que les variétés excellentes en un lieu sont
souvent bonnes ailleurs. Les remarquables POJ 28-78 (Java), Co290
(Sud de l'Inde), B43.62 (Barbade), NCo310
ou NCo376 (Inde - Afrique du Sud) ont été
utilisées dans le monde entier tant comme variétés en
culture que comme géniteurs (FAUCONNIER, 1991). On constate aussi que
des variétés jugées moyennes peuvent donner de très
beaux résultats sur des petites parcelles bien soignées.
Par ailleurs, plus les conditions écologiques et
économiques d'une zone de culture de cannes sont particulières et
spécifiques, et plus il y a de chances de pouvoir créer pour
elles, par hybridation raisonnée et sélection bien faite, des
variétés satisfaisantes. Ainsi, les fines, droites,
hâtives, riches et précoces variétés de Louisiane
conviennent bien à une zone très originale qui gèle tous
les ans et utilise des coupeuses-andaineuses sur des terres lourdes et
humides.
Les croisements variétaux se décident en
station, en fonction des besoins:
«dégénérescence» progressive des
variétés, faiblesse des repousses, manque de richesse en sucre,
sensibilité jugée excessive aux maladies endémiques ou
apparition de nouveaux fléaux, besoin de s'adapter à des
conditions locales (écologiques et économiques)
particulières, etc.
Les parents à hybrider sont mis en serre
contrôlée dans des «lanternes». Les nombreuses graines
(fuzz) sont semées en casiers, bien arrosées et nourries. Les
plantules (seedlings) sont repiquées à 1 ou 2 mois (10 à
15 cm de haut) en groupes (bunch) ou individuellement, puis installées
en planches (3-4 mois), seuls les sujets vigoureux étant retenus
à chaque opération. Ces seedlings doivent ensuite être
triés (sélection).
On peut aussi obtenir des variétés en les
faisant venir d'ailleurs (en général par importation de
boutures). Pour éviter les maladies fréquentes et graves, on
place ces variétés en quarantaine et sous contrôle le temps
voulu et on les multiplie ensuite pour les introduire dans les derniers stades
de la sélection ou les utiliser comme géniteurs. Elles sont aussi
distribuées aux usiniers dont certains déposent des demandes
d'importation à l'organisme chargé de la quarantaine.
I.6.2. La sélection variétale
Il faut 7 à 12 ans pour sélectionner une ou
quelques variétés à partir des 50.000 à 2.000.000
de graines semées chaque année par station de sélection.
On comprend que ces stations, souvent propriété des producteurs,
les réservent à leurs membres ou à leur pays, ce qui
diminue l'offre de variétés dites «libres» (FAUCONNIER,
1991). Les principaux critères de sélection sont:
vigueur végétative (grosse production à
l'hectare en vierge et surtout en repousse); bonne richesse en sucre des cannes
et pureté élevée (à tonnages égaux de sucre
par hectare, on préférera la variété la plus
riche);
qualités de précocité (permettant
d'avancer avec profit le début de la campagne sucrière) ou de
tardivité (permettant d'allonger la campagne) et donc
intérêt d'une longue PMI (période de maturation
industrielle); ceci explique que l'adaptation aux cycles de culture
(utilisés ou prévisibles) soit à introduire assez
tôt dans le processus de sélection;
résistance suffisante à toutes les maladies
graves du pays et tolérance éventuelle à certains ennemis
(borers, nématodes, rats, etc.) ou à certaines conditions (danger
de gels ou de cyclones, sécheresse, salure, sols particuliers, etc.);
facilité et bon marché de la culture ; selon les
conditions du lieu, on attribuera beaucoup d'importance à certains des
caractères suivants: bonne levée à la plantation,
couverture rapide du terrain, feuilles vertes non coupantes et à gaines
glabres, feuilles
sèches se détachant naturellement ou
aisément, tiges de bon diamètre, floraison la plus faible
possible (sauf pour les variétés précoces en cycle
annuel), cannes droites ou ne se couchant pas malgré de forts tonnages,
tolérance à de médiocres conditions de culture et à
des erreurs de calendriers, etc. (FAUCONNIER, 1991).
II. La phase de maturation et de
surmaturation
Cette partie examine l'état actuel des connaissances
concernant l'utilisation des maturateurs de la canne à sucre. Elle
fournit certaines définitions, concepts et terminologies.
II.1. Définition
FERNANDES (1982) a défini la maturation de la canne
à sucre comme étant le processus physiologique qui implique la
synthèse des sucres et leur translocation dans la tige. Selon CASTRO
(1999), la maturation est un des aspects les plus importants pour la production
de canne à sucre. Elle permet la synthèse et le stockage du
sucrose, qui dépend de l'énergie, des caractéristiques
variétales. Alors qu'ALEXANDER (1973) définit de façon
simple la maturation comme étant l'inverse de la
croissance de la plante. D'autres auteurs comme DEUBER (1988),
définissent la maturation de la canne à sucre suivant deux (2)
dimensions: botanique et physiologique.
Botaniquement, la canne à sucre est mûre
après la production des fleurs et la formation des graines.
Physiologiquement, la maturation est atteinte quand les tiges
accèdent à leur stockage potentiel de saccharose, c'es à
dire le point où le maximum de sucre est accumulé. La
durée de cette accumulation de sucre est d'un à deux (2) mois.
Le processus de maturation de la canne est une étape
qui doit être bien maitrisé en ce qu'il permet une meilleure
gestion de cette opération culturale, permet de réaliser du
profit, et réduire les pertes de sucre récupérables au
cours de leur stockage (CAPUTO, 2006).
II.2. Type de maturation
Il existe deux types de maturations dans la culture de la
canne à sucre. Une maturation dite « naturelle » qui ne fait
pas intervenir de traitement maturateurs sur les parcelles. La canne à
sucre dans ces conditions arrive à maturité suivant son cycle
normal et une maturation dite « forcée ou artificielle» qui
nécessite l'emploie de maturateurs. L'avantage de
ces traitements maturateurs est qu'ils permettent à la
canne à sucre d'avoir une maturité homogène malgré
l'âge de la parcelle (BESSEGUE, 2011)
II.2.1. Maturation naturelle et accumulation de
saccharose
Les exploitants agricoles appliquent des maturateurs à
la canne à sucre de sorte que le pourcentage de saccharose soit en
augmentation au-dessus de ce qui serait réalisé dans des
conditions normales.
Les travaux récents de INMAN-BAMBER et al
(2002) suggèrent que la maturation de la canne pourrait être
définie par deux phases :
La première phase est associée à la
teneur en saccharose (sur une base de poids sec de tige) de l'augmentation
basique d'entre-noeuds.
La deuxième phase est associée aux entre-noeuds
basiques étant entièrement mûris. Les entre-noeuds basiques
atteignent la teneur maximum en sucrose autour de 0,55g/g de matière
sèche dans la variété NCo376 quand le poids sec
de tige totale a approché 150g. Ces données ont été
obtenues à partir d'une expérience sur le terrain conduite en
1988 en Afrique du Sud. Le travail rapporté par MUCHOW et al
(1997) suggère que l'accumulation de saccharose dans la canne
à sucre est un phénomène continu directement lié
à la croissance de tige, un processus qui est déclenché
par de basses températures, un déficit en eau. La maturation
normale de la canne à sucre est directement associée à la
dessiccation des tiges.
II.2.2. Maturation artificielle et accumulation de
saccharose
Selon les résultats d'une étude menée par
des chercheurs hawaïens, rapportée par (SU et al, 1992),
une application des maturateurs tels que le Glyphosate avait pour
réponse physiologique de la canne la cessation de la croissance du
méristème apical et une augmentation de la quantité de
saccharose au bout d'une durée de cinq (5) jours seulement. Le processus
de stockage du saccharose dans les tiges s'effectue au moyen d'un gradient de
concentration. L'énergie requise pour ce processus est fourni par la
respiration. En outre, il est établi que le contenu accru de saccharose
est accompagné d'un cycle continu de dégradation et de
synthèse pendant l'accumulation de sucrose dans les tissus de
réserves (VORSTER et BOTHA, 1999; ROHWER et BOTHA, 2001).
II.2.3. Classification des maturateurs
Les maturateurs de la canne à sucre sont classés
par catégorie, en fonction de l'organe ciblé, la nature de
l'effet sur la plante.
Globalement, on distingue quatre catégories de
maturateurs (VLITOS et LAWRIE, 1965): Défoliants;
Déshydratants;
Régulateur de croissance de plantes ;
Inhibiteur d'enzyme.
Seuls l'Ethrel, le Glyphosate et le Fusilade sont largement
répandus pour leur utilisation sur la canne à sucre comme
murisseurs, notamment en Afrique du Sud (DONALDSON, 1999), au Swaziland
(ROSTRON, 1996), aux Etat Unis dans l'Etat de Floride (DUSKY et al,
1986), à Hawaï (BARTOLOMEW et SILVA, 2001), en îles Maurice
(SOOPAYA et NAYAMUTH, 2001) et Guyane (EASTWOOD et DAVIS, 1998).
II.2.3.1. Les défoliants
Ils agissent au contact des feuilles de la plantes dont elles
causent la sénescence puis la chute au bout de quelques jours. Ce mode
d'action est typique des maturateurs tels que l'Ethrel.
II.2.3.2. Les déshydratants
Ces composés causent le séchage rapide de la plante
(ARVIER, 1965).
II.2.3.3. Les Régulateurs de croissance de
plantes
Les régulateurs de croissance de plantes sont des
substances synthétiques qui ont des actions antagonistes ou synergiques
connus : cas des hormones (auxines, gibbérellines, cytokinines,
retardateurs, inhibiteurs et éthylène) et qui favorisent,
empêchent, ou modifient les processus physiologiques et morphologiques
d'un phénomène.
Les inhibiteurs de croissance pour leur part sont des
substances qui ont la capacité d'empêcher la croissance des
méristèmes apicaux ou secondaires
Le groupe des régulateurs de croissance inclut des
composés qui affectent le processus de croissance réglé
par des hormones en particulier l'auxine. Le régulateur le plus
généralement utilisé est l'herbicide 2,4-D (VLITOS et
LAWRIE, 1965).
Les produits commerciaux comme «
l'Ethrel®» produisent de l'éthylène. Lorsque
cet éthylène est incorporé dans les tissus de la canne
à sucre, il cause la maturation bien que le mécanisme par lequel
ce phénomène s'effectue soit à l'heure actuelle mal
connu.
II.2.3.4. Les enzymes inhibiteurs
Les activités herbicides de certains maturateurs tels
que le Glyphosate et le Fusilade sont parfois associées à
certaines enzymes qui agissent en synergie ou en antagonistes dans la
réalisation du processus de maturation. Ces enzymes sont
classifiées en fonction de leur solubilité, l'emplacement
cellulaire et leur optimum de pH. (SU et al, 1992).
Pour le cas spécifique des invertases, elles sont
impliquées dans la diminution du stockage de saccharose dans les entre
noeuds de la canne à sucre qui se traduit par la synthèse du
glucose et du fructose (LINGLE, 1997).
C12H22011 + H20 + (Forte présence des invertases) =
C6H1206 + C6H1206
( Saccharose) (Glucose)
(Fructose)
Cette assertion est confirmée par ZHU et al
(1997) et SUZUKI (1983) qui attribuent l'augmentation de la concentration
du saccharose dans les cellules des entre-noeuds de canne à sucre avec
une diminution d'activité acide soluble d'invertase (S.A.I) pendant la
phase de maturation.
Les conditions environnementales peuvent
considérablement influencer l'activité des invertases. TERAUCHI
et al (2000) ont rapporté que l'activité acide soluble
d'invertase (S.A.I) diminue en conditions froides. De même, les facteurs
physiologiques comme les régulateurs de croissance de plantes favorisent
des changements distincts et significatifs de l'activité enzymatique des
invertases acides et neutres (LEITE et al, 2009 ; SIQUEIRA, 2009).
Outre les invertases acides solubles, l'activité des
invertases neutres (Ni) et la quantité de saccharose dans les
entre-noeuds mûrs sont étroitement liés. ROSE et BOTHA
(2000) ont trouvé une corrélation significative entre le contenu
de saccharose et le niveau d'invertases neutres (Ni). Elles agissent donc en
synergies dans la réalisation du processus de maturation.
II.3. Les maturateurs de la canne et leur composition
chimique
II.3.1. L'Ethephon
L'Ethéphon (2-Chloro-éthyl-acide phosphorique),
est un produit chimique à base d'éthylène lequel est un
régulateur de croissance de plantes avec les propriétés
systémiques. Fortement soluble dans l'eau, il est stable à un pH
< 3,5. Il est sensible au rayonnement ultraviolet et est jusqu'à 75
°C stable.
L'éthéphon pénètre les tissus
végétaux et est progressivement transféré vers les
cellules, où il se décompose alors en éthylène
(YANG, 1969), affectant le processus de croissance tout en bloquant la
floraison (TOMLIN, 1994).
Mais le principal avantage observé avec l'utilisation
de l'Ethéphon comme maturateur est qu'il n'endommage pas la germination
des prochains rejetons de canne à sucre. Dans certains cas, un effet
bénéfique est observé, avec le tallage accru au
début de la germination après coupure. SILVA et al
(2007), ont observé un effet stimulant sur l'apparition du tallage
jusqu'à six mois bien que les réponses aient dépendu de la
variété.
II.3.2. Le Glyphosate
Le glyphosate (Phosphonométhyl de N-glycine) est
actuellement un des herbicides les plus utilisé en agriculture, en
raison de l'action efficace qu'il exerce sur les mauvaises herbes et sa basse
toxicité.
Le mécanisme d'action du Glyphosate®
est tout à fait unique. C'est le seul herbicide capable d'empêcher
spécifiquement la synthèse des enzymes
5-Enol-pyruvyl-shikimate-3-phosphate (EPSPS), ce qui catalyse la condensation
du pyruvate shikamate d'acide et de phosphate, de ce fait empêchant la
synthèse de trois acides aminés essentiels : tryptophane,
phénylalanine et tyrosine (ZABLOTOWICZ et REDDY, 2004).
Le Glyphosate est considéré comme un herbicide
systémique, non-sélectif et de large-spectre. Son absorption est
facilitée par des groupes de protéines de transport de phosphate
qui sont présents dans la membrane de la plante.
En outre, le Glyphosate est jugé comme un des meilleurs
maturateurs de la canne à sucre en ce qu'il accélère la
maturation (DALLEY et JUNIOR de RICHARD, 2010) et en raison de deux principales
raisons:
Il empêche la croissance de canne à sucre en
inhibant ou en causant la « mort » du méristème apical,
ou il empêche la synthèse de l'acide indol acétique (IAA).
L'inhibition de l'élongation de tige peut également être
connexe à la capacité d'auxine de favoriser la synthèse
d'éthylène en augmentant l'activité de l'accumulateur
(synthèse d'acide 1-amino-cyclo-propane-1-carboxylic) (LIANG et
al, 1992). L'augmentation de l'éthylène peut stimuler le
processus de sénescence et la germination des bourgeons latéraux,
et l'équilibre hormonal entre IAA et éthylène peut
également mener à l'inhibition de la tige élongation.
Il cause l'effort en canne à sucre en empêchant
la synthèse des acides aminés essentiels
et protéines. EPSPS est codé au noyau et
exécute son rôle dans le chloroplaste, catalyse l'attache des
composés shikimate-3-phosphate et phospho-énol-pyruvate pour
produire enol-pyruvyl-shikimate-3-phosphate et le phosphate inorganique.
Comme maturateur, la dose effective du Glyphosate change
considérablement selon les régions. Généralement on
applique entre 144 à 864 g/ha. Au Brésil, la dose se situe entre
144 et 240 g/ha, alors qu'elle est de 0,75L/ha à SUCAF Gabon (PEME,
2004).
MILLHOLLON et LEGENDRE (1996) ont montré qu'une
application du Glyphosate pendant une durée de trois (3) années
consécutives réduisait le rendement de la canne de 4%, mais
accroissait le rendement en sucre de 7%.
Pour des variétés distinctes de canne à
sucre, différentes réponses au Glyphosate comme maturateur ont
été rapportées concernant le rendement, l'humidité
des tiges, le Brix, le Pol et la pureté qui sont des paramètres
technologiques importants dans le suivi de la maturité des parcelles de
canne à sucre.
Bien que le Glyphosate existe sous diverses formulations, lors
qu'il est appliqué, on note une augmentation de saccharose dans les
tiges de canne à sucre. (VILLEGAS et al, 1993; BENNETT et
MONTES, 2003; VIATOR et al, 2003).
Nonobstant ses multiples effets positifs sur l'accumulation de
saccharose et le rendement de sucre extractible, le Glyphosate présente
quelques effets indésirables :
Le premier est le taux élevé de bourgeons sur
des tiges après l'application, laquelle baisse la qualité de
matière première ;
Le second est l'effet néfaste sur le rejeton de
germination ensuite la moisson des secteurs traités, avec une
réduction de talles par mètre. Ce qui dans le temps entraine une
productivité plus faible des parcelles (LEITE et CRUSCIOL, 2008). C'est
pour cette raison que le Glyphosate est prioritairement utilisé dans des
parcelles qui sont à replanter dans les deux ou trois ans qui suivent
l'épandage.
Cependant, il y a également des signaux selon lesquels
le Glyphosate ne cause aucun effet néfastes en termes de qualité
et de productivité, cette perspective reste à explorer (VIANA et
al, 2008).
II.3.3. Le Fusilade
Actuellement, nombreux sont les produits employés comme
maturateurs de la canne à sucre. Entre autre, on peut citer le Fusilade
(Fluazifop-p-butylique). Le Fusilade est un herbicide systémique
utilisé préférentiellement pour les graminées. Il
occasionne la « mort »
des méristèmes apicaux de la plante, favorisant
ainsi la maturation (DONALDSON et VAN STADEN, 1995). C'est l'un des maturateurs
avec le Glyphosate utilisé pour la maturation des parcelles à
SUCAF Gabon. Ces deux maturateurs sont homologués en zone CEMAC par la
commission sous régionale d'homologation des produits phytosanitaires et
appareils de traitements dont le Secrétariat permanent est basé
au Cameroun.
En termes de posologie, la dose d'application du Fusilade est
de 0,13 à 0,35 L/ha (WATSON et STEFANO, 1986) et la parcelle devra
être moissonnée dans les quatre (4) à six (6) semaines qui
suivent l'épandage.
II.3.4. Hydrazide maléique
De formule 1,2-dihydro-3,6-pyridazinedione c'est un inhibiteur
de croissance de plantes qui est considéré comme un agent de
maturation pour la canne à sucre. Ce régulateur de croissance
cause une perte de dominance apicale principalement chez les
monocotylédones. CASTRO et al (1985) ont vérifié
que l'application de l'Hydrazine maléique® favorise
l'accumulation du saccharose, couplée d'une réduction de
croissance de la canne à sucre.
II.3.5. Imazapyr
Il s'agit d'un herbicide systémique non-sélectif
qui est absorbé par les racines. Il est rapidement
transféré dans le xylème et le phloème au niveau
des régions méristèmatiques où il s'accumule.
Son effet diminue le développement et la croissance de
la canne à sucre. Le principe est tel que, lorsqu'il est
appliqué, les hydrates de carbone synthétisés pendant la
photosynthèse ne soient pas utilisés pour le processus de
croissance, mais s'accumulent dans la tige au cour de la phase de maturation
(LAVANHOLI et al, 2002).
II.3.6. Paraquat
Ce produit est un inhibiteur du photosystème I. Il peut
ou ne pas affecter la qualité des tiges industrielles. Son effet est
lié à la dose quand il est employé comme
déshydratant.
Selon CHRISTOFFOLETTI et al (1993), l'utilisation du
Paraquat a amélioré la qualité de la brûlure des
champs de canne et a rapporté la matière première avec peu
d'impuretés pour utilisation industrielle.
II.3.7. Autres maturateurs
Bien que leur utilisation soit minime, il existe d'autres
maturateurs de la canne. Entre
autre on peut citer le groupe des :
Sulfometuron-méthyliques
La dose de produit recommandée pour
accélérer la maturation de la canne à sucre est de 15 g/ha
à 20 g/ha. Après application, la parcelle traitée peut
être moissonnée au bout de 25 à 45 jours.
SYLVA et al (2007) ; LEITE et al (2010) ont
montré que l'application des produits à base de
Sulfometuron-méthylique n'ont à l'heure actuelle aucun effet
dommageables sur le rendement de la canne.
Trinexapac-éthyle
Les composés à base de Trinexapac-éthyle
appartiennent au groupe chimique de cyclo-hexanedione. Ils induisent
également une accumulation de saccharose dans les tiges au moment de la
maturation de la canne à sucre.
Ce régulateur de croissance empêche la
synthèse des formes actives de l'acide gibbérellique, une hormone
impliquée dans la division et la croissance des cellules, ce qui
mène à une diminution de l'accumulation de saccharose (NAKAYAMA
et al, 1990; RADEMACHER, 2000).
La dose recommandée pour favoriser le mûrissement
est de 200 et 300 g/ha et la parcelle traitée doit être
récolté entre 35 et 55 jours après épandage du
maturateur.
II.4. Conditions d'épandage de
maturateurs
Le traitement maturateur dans le cadre de la maturation
forcée de la canne à sucre est aérien, ce qui suppose la
prise en compte de certaines conditions qui garantissent le bon
déroulement de cette opération culturale qui n'est pas sans
danger. Entre autre :
Révision de l'avion avant tout déplacement
(s'assurer de son état fonctionnel), vérifier le dispositif
d'épandage du maturateur (microaires), et veiller à ce que la
cuve de stockage du produit soit à vide avant de la remplir ;
Utilisation des maturateurs homologués et d'un avion
habilité à voler, régulièrement
contrôlé par les autorités en charge de l'aviation civile
;
Respect de la dose d'application du maturateur, en tenant
compte des spécifications mentionnées sur l'étiquette au
risque de brûler prématurément la canne. De même, une
attention doit être portée sur les consignes données par
les pictogrammes;
Le personnel de soutien au sol (mélangeurs, chargeurs
et porte-fanion pour orienter le pilote) doit être convenablement
formé pour s'assurer que l'opération est sécurisé
et sans danger ;
Informer les populations environnantes sur le déroulement
de l'opération;
Bonne gestion du planning de maturation des parcelles de
sortes qu'il n'y ait pas de personnes dans les parcelles pendant
l'opération ;
Conscience professionnelle de la part du pilote ;
Conscience et compréhension des considérations
environnementales locales (faire attention aux points d'eaux,
végétation particulière, cultures avoisinantes non
traitées) ;
Procédures d'urgences en cas d'accidents.
II.5. Effets néfastes de la maturation : risque
environnemental
Les questions environnementales sont aujourd'hui au coeur du
débat sociétal. Cette prise de conscience se décline en
diverses formules : développement durable, biodiversité, gestion
des déchets, énergies renouvelables, principe de
précaution etc...
En agriculture, notamment dans la filière canne
à sucre, l'utilisation des pesticides, même comme maturateurs
(pulvérisation U.B.V : Ultra Bas Volume) implique des risques directs
pour la santé humaine et les écosystèmes environnants. Les
risques sur la santé humaine sont plus élevés dans les
climats chauds que dans les conditions climatiques tempérées. Ce
constat est dû au fait que sous températures
élevées, la circulation du sang dans la peau et les veines
s'intensifie et par conséquent les pesticides sont alors absorbés
plus rapidement puis transportés vers les organes vitaux du corps.
Sur le plan environnemental, l'épandage des maturateurs
présente des risques du fait qu'à l'arrosage, une grande partie
du produit n'atteint pas forcement la canne, mais est dispersée par le
vent. Ainsi, des points d'eau peuvent être contaminés et des
écosystèmes affectés avec la perspectives de
présenter un danger pour les populations dans le temps. Ce qui fait que
cette opération est de moins en moins utilisée notamment dans des
départements français comme la Martinique depuis 1995 où
elle est interdite (JORF, 1996.). De façon plus spécifique, les
dangers ci après peuvent être relevé :
Une pollution de l'eau.
Des particules du maturateur peuvent se retrouver dans l'eau
par ruissellement, notamment les eaux de surfaces (Ruisseaux, marres,
étangs...) où l'eau stagne et se pollue rapidement. Raison pour
laquelle dans certains pays, l'irrigation de la canne à sucre est
proscrite 4 mois après plantation (JORF, 1996.). De plus, les
résidus de maturateurs ( 5%) peuvent se retrouver dans
le sol, et affecter les nappes phréatiques dans le temps (PROSI, 1997)
même si certains herbicides à base d'hormone du type 2, 4-D
utilisés depuis près de 40 ans en cannerais sont facilement
dissipés par l'action des microorganismes au bout d'une semaine
seulement. (FAO, 1994),
Destruction des insectes utiles.
Certains insectes sont utiles à l'homme. Le cas le plus
probant est perçu avec les abeilles qui produisent du miel et permettent
la pollinisation anémophile de certaines plantes, ce qui contribue
à la bonne récolte des productions paysannes environnantes. Or un
épandage surtout lorsqu'elles sont en activités notamment en
milieu de journée peut affecter leur éthologie. Il en est de
même du comportement de certains insectes utiles aussi appelés
`'ennemis naturels» des insectes nuisibles.
Résistance.
Un épandage de maturateur lorsqu'il est
répété même à une fréquence de l'ordre
de l'année peut rendre un organisme nuisible résistant (moins
sensible) à l'action des pesticides utilisés. Ainsi, des
traitements à base de Round up ou de Fusilade sur les mauvaises herbes
peut s'avérer dans le temps difficile bien que cette perspective reste
à explorer. De plus des risques de phyto-toxicités sur la canne
sont à envisagées, d'où la nécessité de
faire un bon usage de ces maturateurs (BERKE, 1984).
Persistance.
Les pesticides de façon générale à
moins d'être de molécules allèlochimiques persistent et ne
se transforment que très lentement en substances moins dangereuses.
Ainsi, les substances qui se dégradent difficilement, s'accumulent dans
le sol pour se retrouver, avec le risque de relever l'acidité du sol,
surtout pour des pesticides de la catégorie des organochlorés. Il
est toujours préférable d'utiliser un pesticide facilement
dégradable.
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