II.6. Alternatives à l'usage des maturateurs de la
canne à sucre
Bien que l'usage des maturateurs soit encore important dans
l'industrie cannière, il n'en demeure pas moins que des travaux sont en
cours en vue de proposer des alternatives durables à ces maturateurs
compte tenu de leurs effets sur l'environnement. En exemple, on peut citer les
travaux de (CLEMENTS, 1980), qui suggèrent un suivi de la maturation
à partir du control de l'humidité des graines. En effet, cette
méthode suppose la conduite de l'assèchement des cannes d'au
moins 24 mois pour mieux les faire mûrir. Elle a donné des
résultats positifs dans l'archipel d'Hawaii (U.S.A). Elle consiste en
une irrigation qui n'est faite que pour maintenir l'humidité des gaines
(échantillonnées chaque semaine) au plus proche d'une droite
Humidité-Temps représentant l'idéal d'un abaissement
continu de cette humidité de 83% à 73 % en 7 mois. A cette
humidité, des analyses classiques du suivi maturation peuvent être
faite, et attester d'une bonne maturation de la canne entre 12-15%.
II.7. Surmaturation de la canne à
sucre
Après la phase de maturation, il peut y avoir une
inversion des sucres qui provoque la
diminution du Brix, du RHS et une chute de la pureté.
C'est ce qu'on appelle la surmaturation. Les cannes mûres
récoltées dans les champs ont un délai limite
d'utilisation au delà duquel, la richesse en sucre baisse. Cette
altération de la richesse, couplée à une perte de
propriétés organoleptiques de la canne est appelée «
phase de surmaturation ». Elle est due à plusieurs facteurs :
Le redémarrage de la croissance, du fait de conditions
favorables (élévation des températures, retour des
pluies). Les bourgeons latéraux aériens ou souterrains de la tige
repartent en végétation en utilisant le saccharose
accumulé. Cela entraîne la baisse du saccharose et la baisse de
pureté du jus dans la tige ;
La verse : les tiges s'enracinent et la croissance
redémarre en utilisant le saccharose accumulé. Certaines
variétés, plus sensibles à la verse, sont plus enclines au
phénomène de surmaturation ;
La floraison : lorsque la plante fleurit, sa croissance
s'arrête et aucune feuille n'est produite. Les feuilles en place se
dessèchent et la plante ne produit plus assez d'énergie pour
assurer ses fonctions vitales. Elle va donc utiliser le saccharose
accumulé dans ses tiges pour assurer sa survie. Les
variétés qui fleurissent beaucoup sont donc plus sensibles
à la surmaturation c'est le cas de la Co997 à SUCAF
Gabon.
Ainsi, on considère comme délais limites
jusqu'au broyage, 48 h pour une canne entière coupée en
«vert», 24 h pour une canne entière coupée «
brûlée » et 12 h pour une canne tronçonnée afin
de retarder au mieux le déroulement de ce processus physiologique.
(FAUCONNIER, 1991). Une des méthodes envisagées pour
contrôler, et minimiser l'impact de la surmaturation de la canne serait
de l'entreposer à basse température au niveau de la cour à
canne (FAUCONNIER, 1991). La figure 1 présente le
phénomène de surmaturation qui se traduit par une reprise des
bourgeons latéraux.
Figure 1. Reprise des bourgeons
latéraux due au phénomène de surmaturation
III. La richesse en sucre III.1.
Définition
On appelle richesse en sucre, le taux (%) de saccharose dans
les tiges de la canne à sucre. Elle varie selon les climats, les mois,
les variétés, la catégorie ou âge des cannes et les
conditions de la culture. Plus en détail, cette richesse varie aussi
d'une touffe à l'autre et d'une canne à l'autre. Une canne pas
encore mûre est plus riche au pied qu'au milieu et une canne trop
mûre peut être plus riche en haut (en éliminant le bout
blanc) qu'en bas (FAUCONNIER, 1991). La richesse en sucre est
contrôlée par une mission importante des services agronomiques des
sucreries : le suivi de la maturation. C'est au cours du suivi de la maturation
que l'on observe le comportement de la courbe de richesse.
La courbe de maturation quant à elle définit le
niveau atteint tout le long d'une campagne par la richesse de l'ensemble des
cannes traitées. Cette courbe doit être la plus longue et la plus
haute possible. La meilleure maturation (optimum de richesse) se situe
généralement aux 3/5 ou aux 2/3 de la campagne. Plus la courbe
s'aplatit plus on a tendance à allonger la campagne. A la limite, cette
courbe est « presque » plate et la campagne devient « presque
»
permanente: cas du Pérou, de la Colombie, des
Hawaii, de l'Uganda, du Kenya et qui pourrait être celui du
Maroc (FAUCONNIER, 1991). La modification durable d'un des nombreux
facteurs en cause entraîne un équilibre
différent. Ainsi, la mise en culture d'une variété
très précoce ou l'utilisation de produits maturisants permet
d'avancer le début de la campagne. De même, le passage d'une
période d'expansion à une période de stabilisation de la
production (due à des prix moins intéressants) oblige à
resserrer la campagne à sa partie la plus profitable
(FAUCONNIER, 1991).
Le facteur richesse permet de classer les
variétés en précoces (début
campagne), moyennes (mi-campagne) et tardives (fin
campagne), selon l'époque où elles donnent leur meilleure
richesse ou plutôt des richesses proches de leurs potentialités
dans le lieu considéré.
|