Participation des bénéficiaires aux actions de lutte contre la pauvreté infantile au Togo: cas des parents du CDE Kadès de Kousségbé-Légbanou (préfecture de Vo)( Télécharger le fichier original )par Hodénou ALOGNON KPENOU Ecole Nationale de Formation Sociale (E.N.F.S.) - Cadre Supérieur de Développement Social (C.S.D.S.) Option : Développement Local Participatif (D.L.P.) / Licence pro 2016 |
Titre 2 : Revue de littérature2.1. Revue thématiquePlusieurs recherches ont été effectuées dans le monde, sur le continent africain et particulièrement en Afrique sub-saharienne sur la problématique de la participation des bénéficiaires aux projets de développement. Une attention significative a été accordée également à la littérature sur la pauvreté infantile, quand bien même peu fournie. Cette revue a permis de confronter les conclusions des études disponibles et jugées pertinentes avec les résultats obtenus au terme de la présente recherche. 2.1.1. La participation aux programmes et projets de développement, une notion perçue à la fois comme une fin et un moyenUn grand nombre d'organismes, bilatéraux etmultilatéraux, se sont prononcés en faveur de la participation populaire dans ledéveloppement. Toutefois, il n'existe pas de définition universelle ni d'acceptation générale de la participation. Dans le souci de contribuer à la définition claire des contours de la participation, Oakley etMarsden (1984) ont mené une étude sur le concept et les différentes approches de la participation dans le développement. Ainsi ont-ils identifié deux grandes interprétations de la participation.D'une part, il y avait ceuxpour qui la participation consistait en la mobilisation des populations par des agentsextérieurs, en vue de les impliquer dans des activités de développement prédéfinies dans lebut d'en améliorer l'efficacité. D'autre part, il y avait ceux pour qui la participation consistaitdavantage à renforcer le pouvoir des pauvres en vue de leur donner les capacités d'agir defaçon indépendante et collective pour réduire leur pauvreté et améliorer leurs conditions devie. Pour Jones (2006), cesdeux grandes interprétations de la participation« se distinguent radicalement de par la finalité conférée àla participation ».L'auteur prétend qu'elles se retrouvent dans un débat entre,d'une part les partisans d'une vision instrumentale et passive de la participation, et d'autrepart, les partisans d'une vision active qui confère à la participation une dimensiontransformationnelle. C'est dans ce contexte qu'il avance l'idée suivante : « La perception que l'on a de laparticipation et de ses objectifs dépend en vérité du point de vue que l'on adopte. » SelonMichener (1998), il y aurait deux grandes interprétations de la participation selon que l'onse place du côté des agences responsables de projets de développement (« planner-centeredparticipation ») ou bien que l'on se place du côté des populations et des participants(« people-centered participation »). L'auteur précise que pour les bailleurs et agencesresponsables des projets de développement, les avantages de la participation sontgénéralement d'ordre technique et instrumental. De ce point de vue, la participation peutconstituer, à son avis, un moyen d'améliorer la qualité et l'efficacité d'un projet donné dans la mesure oùelle favorise l'adhésion des populations et encourage ainsi leur soutien et leur contribution àcelui-ci. Par ailleurs, la participation permet également de faire appel et de se servir desconnaissances et des capacités locales dans la réalisation du projet. La vision des agences dedéveloppement et des bailleurs s'apparente donc à une vision instrumentale de la participation. Dans ce cas, cette dernière est, d'après l'auteur,considérée par ces partenaires au développementsurtout comme un instrument pour rendre leurs projets plus efficaces et plus durables. Alors que les premiers la voient davantage comme un processus de renforcement des pouvoirs. Loin de clarifier le sens du concept, la conception de Michener a plutôt ouvert la voie à la distinction entrela participation en tant que moyen etla participation en tant que fin. Pour Gueye (1999), un des partisans de la participation vue comme moyen, le postulat de base qui sous-tendla vision instrumentale ou fonctionnelle de la participation est donc «qu'une plus grandeimplication des populations à la définition des problèmes locaux, à l'identification dessolutions et à leur mise en oeuvre contribue à donner plus d'efficacité et de durabilité auxprogrammes qui en résultent ». La participation vue sous cet angle, se justifie donc par des critèresd'efficacité et d'efficience, en ce sens où les populations « bénéficiaires » des projets dedéveloppement sont appelées à contribuer à ces projets afin d'en augmenter l'efficacité et leschances de réussite. La définition du concept proposée en 1973 par laCommission Économique des Nations Unies pour l'Amérique Latine13(*), illustre parfaitementcette vision selon laquelle la participation est considérée comme une « contribution volontaire des populations impliquées dans tel ou tel programme public de développement, mais où il n'est pas attendu des populations qu'elles prennent part dans la définition du programme ou qu'elles en critiquent le contenu ». Chambers (1983), un des partisans de l'appréhension de la participation comme fin et l'un des pères fondateurs de la recherche surle développement participatif, la participation permet de « tendre le bâton » auxpopulations pauvres et marginalisées.Selon son schéma, la métaphore du bâton symbolise lapersonne qui détient la connaissance le pouvoir et qui bénéficie généralement du droit deparler. La participation des populations dans leur propre développement, et notamment desplus pauvres et marginalisées, permet de leur tendre le bâton afin qu'ils puissent égalementfaire part de leurs expériences, connaissances et besoins. Il s'agit en réalité d'un transfert depouvoir.La participation est ici considérée comme une libération des populations pauvres etmarginalisées en vue de renforcer leurs pouvoirs et leur autonomie vis-à-vis des autresacteurs.Pour Jones (op. cit), cette approche inspirée des travaux de Freire, un éducateurmilitant brésilien qui chercha à comprendre et à combattre les causes de l'exclusion et del'isolement des pauvres.Bref, pour les partisans de cette vision, la participation des populations dans les activités dedéveloppement constitue en soi un objectif majeur du développement. * 13Economic Commission for Latin America, 1973, cité dans Oakley (1991). |
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