3. Effet de la sécheresse et du broutage sur les
parcours
3.1 Effet de la sécheresse sur les parcours
Une sécheresse peut être définie comme un
déficit hydrique dans le continuum sol-plante atmosphère
dommageable à la production. Ce déficit hydrique correspond
à une réduction de la teneur en eau, du potentiel hydrique ou du
potentiel de turgescence de la plante, et dont l'expression dans les tissus
végétaux détermine un certain nombre de réponses
des plantes. La notion de sécheresse recouvre souvent à la fois
des stress hydriques et thermiques, qui induisent tous deux des stress ioniques
(Monneveux, 1997). Un stress est défini comme l'action de tout facteur
du milieu potentiellement préjudiciable ou défavorable aux
organismes vivants (Levitt, 1980).
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La sécheresse entraîne un assèchement des
cours d'eau et de la végétation des parcours, ce qui conduit
à des effets néfastes dont entre autre une réduction des
ressources végétales et animales et une réduction des
parcours et des cultures. Les sols deviennent souvent décapés et
érodés.
Après une série d'années sèches,
les espèces végétales des parcours les plus
pâturées cèdent la place à des espèces de
mauvaises herbes moins profondément enracinées et moins
productives. La croissance limitée des racines réduit la
capacité des plantes fourragères d'atteindre le peu
d'humidité qui subsiste dans le sol. Le faible taux d'humidité du
sol limite la croissance des plantes et réduit le rendement fourrager.
Les effets de la sécheresse peuvent être plus rapides sur les
pâturages dont le sol est d'une texture grossière ; ce qui a pour
conséquence une réduction de la capacité de charge de ces
sols en période de sécheresse, une réduction de la
production primaire, une modification de la structure du couvert
végétal et une réduction massive de la faune sauvage et du
cheptel.
3.2 Effet du broutage sur les parcours
La sensibilité des écosystèmes pastoraux
à la pression de pâture est conditionnée par des
particularités écologiques de l'écosystème
sahélien. Cette pression peut avoir des effets positifs ou
négatifs sur les parcours.
- Effets positifs du broutage
Le broutage dans les zones des parcours qui ont
été protégées sur une longue période peut
stimuler la couverture foliaire (Popolizio et coll., 1994). Habituellement, en
l'absence de broutage, les feuilles des végétaux s'allongent,
s'amincissent et se dressent et les grandes talles sont moins nombreuses, ce
qui réduit leur capacité de photosynthèse (Briske et
Richards, 1995). Si une partie des herbages au-dessus du sol est
éliminée, les autres feuilles sont exposées à des
intensités lumineuses plus fortes, ce qui augmente leur capacité
de photosynthèse et stimule leur croissance. La croissance des racines
et les processus racinaires bénéficient de la même
façon de la disparition d'un excès de fourrage. L'augmentation de
l'intensité lumineuse favorise la respiration des racines et
l'assimilation des éléments nutritifs (Manske, 1998; Briske et
Richards, 1995). Le broutage peut également stimuler la croissance
végétale par l'élimination de la dominance apicale, ce qui
force les végétaux à se ramifier et à
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développer des talles secondaires, augmentant ainsi le
rendement et la couverture des herbages. Après chaque
défoliation, des périodes de repos suffisantes sont
nécessaires pour permettre la reconstitution des éléments
nutritifs qui alimenteront le nouveau feuillage.
Le broutage intensif dans des conditions humides
tempérées ou tropicales peut abaisser et propager la couverture
herbacée, constituant un tapis ou une couche protectrice ininterrompue.
Le pâturage détruit une partie de la biomasse et empêche
l'accumulation de litière, laquelle peut gêner la repousse et les
futures germinations des graminées. En coupant les jeunes chaumes avant
la floraison, le pâturage retarde le cycle de reproduction de certaines
herbes et maintient la qualité des plantes végétatives de
la pâture, qui sont beaucoup plus nutritives que les plantes adultes.
- Effets négatifs du broutage
Le broutage des plantes annuelles pendant la saison de
croissance limite leur capacité à produire des graines. Le
pâturage sélectif intensif amoindrit la
compétitivité des espèces les plus appétées
et favorise les espèces les moins utiles. Le pâturage et le
broutage excessifs peuvent finir par causer l'affaiblissement puis la mort des
plantes appétées. La détérioration du recouvrement
de la végétation est souvent liée au piétinement du
bétail et au tassement du sol. Si le recouvrement de la
végétation est insuffisant, le sol est exposé à
l'érosion. Des vents forts sur des sols très secs emportent de
fines particules et de la poussière, qui se retrouvent dans
l'atmosphère. Ces particules affectent la pureté de l'air et la
transmission de la lumière dans l'atmosphère.
Le climat, tropical sec, est marqué par la
régularité de la saison des pluies et
l'irrégularité de la distribution des pluies au cours de la
saison, ainsi que dans l'espace. L'extrême sécheresse de l'air
pendant plusieurs mois de la saison sèche limite la place des
herbacées pérennes et des plantes succulentes et explique que les
parcours sahéliens soient dominés par des herbacées
annuelles avec des plantes ligneuses éparses. La dépendance des
herbacées annuelles de la production de semence, renforcée par le
caractère transitoire du stock de semences dans les sols, est une des
causes majeures de la sensibilité des parcours à la gestion
pastorale. Par contre, l'équilibre entre plantes herbacées et
ligneuses, arbitré par leur compétition
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pour l'eau et les minéraux, apparaît robuste et
les risques d'embroussaillement sont minimes. L'effet de la pâture est
décomposé en processus élémentaires que sont la
défoliation, le piétinement et le dépôt des
excrétions. L'impact de la pâture sur la végétation
est confronté aux modèles de la dynamique de la
végétation. Ni le modèle "successionel", ni celui du
"non-équilibre" ne satisfont toutes les observations. Il est
proposé de les considérer comme des modèles de
comportement alternatifs à replacer dans un modèle d'ensemble,
plus empirique, de type "états et flux". Ces connaissances imparfaites
sur la dynamique de la végétation et la biologie des
espèces sont ensuite mises à l'épreuve pour
détailler les effets attendus de telle ou telle pratique de gestion :
pâture à forte charge continue ou discontinue, mises en
défens, incendies et émondage des ligneux fourragers.
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