Les Congolais à l'épreuve de la démocratie participative : enjeux et défis à relever( Télécharger le fichier original )par Jimmy MFUTILA-HOLIBAMA UNIKIN - GRADUAT EN SCIENCES POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES 2014 |
§2. FORMES ET OUTILS2.1. FORMES DE LA DEMOCRATIE PARTICIPATIVESelon FAUCHARD L. et MOCELLIN P., La participation des citoyens à la prise d'une décision peut prendre les quatre formes ci-après : Consultation, Concertation, Référendum et Co-élaboration. 43 2.1.1. La Consultation
La consultation n'implique pas la prise en compte des avis donnés. Dans le cas des enquêtes publiques le commissaire enquêteur émet un avis personnel qui n'est pas nécessairement celui de la majorité des déposants. L'autorité publique n'est pas non plus tenue de suivre l'avis du commissaire enquêteur. Le débat public est une consultation et non une confrontation. 2.1.2. La Concertation La concertation est forme de démocratie participative qui impose des procédures en amont du projet, élargissant la transparence, impliquant des débats et favorisant la participation. Mais le pouvoir décisionnel reste entièrement dans les mains de l'autorité publique. La concertation publique est régie par la Charte de la concertation. Nous avons également les concertations : de communication, légale, structurelle, d'engagement, de construction et d'attente. 2.1.3. Le Référendum Pour le Référendum, le cas en 1964, 1967 et 2005 en RDC pour l'approbation des Constitutions qui ont régis ces différentes époques. 43 FAUCHARD L. et MOCELLIN P., Démocratie participative : progrès ou illusions ?, Harmattan, Paris, 2012, pp. 101-102. 2.1.4. La Co-Elaboration La Co-élaboration le cas avec le budget participatif ou la conférence des citoyens. 2.2. OUTILS DE LA DEMOCRATIE PARTICIPATIVELes outils de la démocratie participative sont nombreux, et cela varie en fonction de l'objet de participation, du nombre des participants, de la sphère de participation, de la durée de participation et de la forme même de participation. Mais nous allons juste citer quelques uns. 2.2.1. L'assemblée constituante citoyenne L'assemblée constituante composée de citoyens est un processus de démocratie participative. En effet, elle donne le pouvoir aux citoyens de rédiger eux-mêmes tout ou une partie de la Constitution d'un pays. Une Constitution peut avoir vocation à évoluer au fil du temps pour être remplacée par une nouvelle constitution ou plus simplement être révisée. En démocratie, il existe deux processus d'élaboration ou de révision de la Constitution : Ø Soit par les organes du pouvoir exécutif, par exemple le gouvernement en France, qui rédigent un texte constitutionnel. Ø Soit sa rédaction est confiée à une assemblée constituante désignée ou élue. Le cas avec la CNS en 1991-1992. Cette assemblée, spécialement créée pour la révision ou la rédaction d'une constitution, peut être composée d'experts et de membres d'organes institutionnels (comme par exemple la Commission Coppens chargée en 2002 de rédiger la Charte de l'environnement, qui a ensuite été intégrée à la Constitution française) ou être composée de citoyens «ordinaires ». L'ambition de la mise en place d'une révision constitutionnelle par les citoyens est une expérience inédite qui prouve que la transition d'une société peut se faire en concertation entre élus et citoyens. La combinaison de différentes méthodologies participatives (forum, assemblée constitutionnelle, consultation en ligne, référendum) a permis une consultation large des citoyens islandais pour aboutir à un texte consensuel. Les résultats issus des travaux du conseil constitutionnel et du forum national sont très positifs et prouvent que les citoyens ont un rôle à jouer dans la définition des normes ( http://participedia.net/en/cases/icelandic-national-forum-2010 site officiel du forum : http://www.thjodfundur2010.is/english/ Michel Sallé, « Islande. La révision « participative » de la Constitution ou comment passer du rêve à la réalité ? »).
2.2.2. Jury citoyen Un Jury Citoyen est un groupe de vingt-cinq personnes tirées au sort sur les listes électorales et mobilisées pendant plusieurs jours pour formuler -à l'aide d'un apport de formation et d'informations de la part d'experts- une série de recommandations concernant un problème de politique publique. Au titre illustratif, le 22 octobre 2006, Ségolène Royal déclare, lors d'une intervention à la Sorbonne « qu'il faudra clarifier la façon dont les élus pourront rendre compte, à intervalles réguliers, à des Jurys Citoyens tirés au sort ». En novembre 2002, à l'Assemblée Nationale de la France, et en 2004, pour son projet régional, elle avait déjà prôné la création de Jurys Citoyens. Méconnaissant les expériences déjà menées à l'étranger, les médias et responsables politiques français dénoncent une nouvelle forme de « populisme » et un assassinat de la démocratie représentative (voir le florilège des réactions dans l'ouvrage d'Yves SINTOMER, Le Pouvoir au peuple). 2.2.3. Budget participatif Le budget participatif est un processus au cours duquel les citoyens peuvent discuter et décider d'un budget public local. Le budget participatif permet par ailleurs aux citoyens de discuter et décider de l'orientation des politiques publiques. Le Budget Participatif modèle « Porto Alegre » est un instrument de redistribution ainsi que, dans le contexte latino-américain, de lutte contre le clientélisme et la corruption. En 1988, le Parti des travailleurs (PT) gagne les élections municipales de Porto Alegre, ville brésilienne d'un million et demi d'habitants. Dans un contexte financier et politique difficile, la nouvelle municipalité va alors inventer, à partir de 1989, une nouvelle façon de déterminer les priorités budgétaires en associant les citoyens à leur définition : c'est le budget participatif. 2.2.4. Sondage délibératif Dans la mesure où la qualité de la délibération diminue avec le nombre de participants. Cette méthode élaborée et déposée par les professeurs américains James S. FISHKIN et Bob LUSKIN consiste à concilier la technique des sondages avec la délibération. Il s'agit de constituer aléatoirement un échantillon national représentatif de l'électorat, puis de le réunir en un seul et même lieu, les individus composant cet échantillon sont ensuite abondamment informés sur le problème en débat. Il est important que cette information soit objective et équilibrée, de même qu'elle doit comprendre des phases intensives de discussion en face à face, par petits groupes, lesquels fourniront les questions soumises au débat contradictoire d'experts et de politiques. Finalement, une telle enquête prend la forme d'une consultation publique qui satisfait deux valeurs démocratiques fondamentales, la représentativité et la délibération des assemblées ». 2.2.5. Démocratie participative et Internet (E-démocratie) Le développement de l'internet offre une possibilité de développement pour les outils de la participation : budgets participatifs en ligne (comme dans la ville Belo Horizonte, Brésil), assemblées participatives électroniques (telles que le projet Ideal-EU, première assemblée participative électronique européenne, réalisé entre les Régions Poitou-Charentes, Catalogne et Toscane) et l'e-participation législative (comme en Estonie). Un site internet de démocratie participative appelé Democrateek.fr a également été récemment crée : son programme politique a pour vocation d'être diffusé aux candidats de la présidentielle de 2012. Toutefois, ces nouvelles technologies ne sont que des outils, qu'il ne s'agit pas de fétichiser : elles sont propices à la constitution de communautés élargies puisque « déterritorialisées », mais ne remplacent pas la qualité d'une délibération en face à face. La « démocratie électronique » ne doit pas pencher du côté de la privatisation généralisée ou du rétrécissement de la sphère politique. Quelques initiatives d'habitants, comme celle du Comité de quartier de L'HOMMELET qui créé http://LeBlog2Roubaix.com pour contribuer dans le débat local. BARACK OBAMA, président des États-Unis depuis 2008, a saisi cette occasion en créant les conditions, durant sa campagne, d'une « e-mobilisation » puis, une fois élu, d'un e-gouvernement participatif. Durant la campagne présidentielle américaine, son équipe a mené à une échelle inédite l'utilisation des technologies de l'information et de la communication pour optimiser la complémentarité des mobilisations en ligne et hors ligne. L'Internet (avec notamment my.barackobama.com) a été un outil efficace d'information en temps réel, de contact entre les militants et leur candidat mais aussi des militants entre eux et de quadrillage dynamique du terrain. Une performance organisationnelle qui s'inscrit également dans une culture plus participative. 2.2.6. Conseils d'enfants et de jeunes Alliant éducation à la citoyenneté et possibilité pour des habitants, souvent mineurs, de donner leur avis sur la décision publique, il existe sous la forme actuelle depuis 1979 des conseils d'enfants et ou de jeunes mis en place par des collectivités territoriales. Dans les faits, ils ont des noms extrêmement variés : Conseils Municipaux d'Enfants (CME) ou de Jeunes (CMJ), Conseils Locaux de Jeunes (CLJ), Conseils Communaux d'Enfants (CCE), ou de jeunes(CCJ) mais aussi Forum des Jeunes etc. Tous ces conseils ont néanmoins des formes différentes car, sans obligation, ils restent du ressort de la volonté politique des élus et d'une construction adaptée au territoire. 2.2.7. Conduite de réunion Les réunions d'information, de réflexion ou de prises de décision peuvent bénéficier de méthodes simples favorisant la participation. Certaines ONG se sont fait leur propre référentiel, qu'elles partagent. 44 44 www.wikipédia.org : démocratie participative §3. TABLEAU N° 3. DEMARCATION DE LA DEMOCRATIE PARTICIPATIVE AVEC LES AUTRES
|
|