CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE
I. Des causes probables du déficit
Une des principales causes serait le manque de formation
adéquate. En effet, la plupart des personnes commises aux tâches
administratives dans les lycées et collèges n'ont pas reçu
de formation professionnelle préparant à ces tâches. Or
occuper un poste sans formation spécifique implique des tergiversations,
des erreurs souvent irréversibles. C'est donc par mesure de prudence que
beaucoup semble ne pas trop s'impliquer dans la gestion administrative des
établissements secondaires. A ce propos, QUIRION (1994 :56) cité
par SIMDE E3, affirme qu' « Il y a cependant des principes
de base qui ne s'acquièrent pas par l'expérience, seule la
formation théorique peut y pourvoir ». Ce manque de formation
théorique influence beaucoup de professeurs dans leur décision
quant à la gestion des établissements.
Ensuite, les effectifs du personnel recruté et
formé pour l'administration et pour l'encadrement sont faibles suivant
les besoins exprimés par les établissements secondaires. A chaque
rentrée scolaire, les chefs d'établissement font un bilan des
effectifs en personnel en indiquant le déficit et ce, au cours du
premier conseil de direction en septembre. De plus, les multiples ouvertures
des établissements secondaires chaque année scolaire accentuent
ce déficit en ressources humaines en matière d'administration et
d'encadrement. L'ouverture d'un établissement crée au minimum
quatre (04) postes administratifs à pourvoir. Mais habituellement, le
nouvel établissement s'ouvre avec le Directeur seul ou quelques fois
avec un surveillant général. Pour cette rentrée scolaire,
le centre-ouest compte six (06) établissements en ouverture qui sont
sans chefs d'établissement officiellement nommés4. En
rappel, chaque année, la fonction publique recrute environ une centaine
d'élèves-encadreurs de la Vie Scolaire à former à
l'Ecole Normale Supérieure de l'Université de Koudougou. Ce qui
est loin de satisfaire les besoins des établissements secondaires. C'est
dire qu'il y a apparemment un manque de planification et de coordination dans
la gestion des ressources humaines.
La déperdition des ressources humaines pour d'autres
responsabilités dans d'autres ministères est une situation qui
rend difficile la gestion des effectifs des agents dans les
3 Mémoire de conseiller d'éducation
4 Entretien avec le chef de personnel de la Direction
Régionale du Centre Ouest
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lycées. En témoigne le compte rendu du conseil
des ministres du 02 Octobre 2013 avec plus d'une dizaine d'enseignants du
ministère des enseignements secondaire et supérieur
affectés au ministère de la promotion de la femme et du genre.
De plus, la montée de la violence dans les
établissements conduit les uns et les autres à ne pas vouloir
assumer une fonction administrative dans l'équipe de direction. Au
quotidien, les élèves ou même souvent les professeurs s'en
prennent à l'administration pour une raison ou pour une autre. En
France, le proviseur d'un lycée a été agressé par
des jeunes révoltés. L'évènement est relaté
par le journal français « Le Parisien » du 22 novembre 2013 en
ces termes : « Le proviseur du lycée Joliot-Curie, à
Nanterre, a été agressé ce jeudi après-midi
à l'entrée de l'établissement ».
Au Burkina Faso, nous avons vécu au cours de l'année
scolaire 2012-2013, dans un lycée du centre-ouest, la
séquestration d'un proviseur par des élèves. Pour cette
année scolaire 2013-2014, les élèves et les professeurs
d'un lycée de la Boucle du Mouhoun ont exigé le départ de
leur proviseur5. Cette question de discipline des
élèves est une véritable difficulté qui
mérite une réflexion collective pour une vie scolaire pleine de
succès tant instructifs qu'éducatifs.
La faible valorisation des ressources humaines tant sur le
plan rémunération que statutaire est aussi une difficulté
ressentie sur le terrain. L'indemnité de responsabilité servie
aux membres de l'équipe de direction dans un établissement
secondaire est jugée insuffisante pour les motiver. Les professeurs
préfèrent s'adonner à des heures de vacation dans des
établissements privés plutôt que d'être
responsabilisés. Ce revenu est plus substantiel que l'indemnité
de responsabilité. De plus, selon Alain BOLLON6, «
être chef d'établissement est un métier à part
entière ». On ne doit pas être professeur hier et chef
d'établissement aujourd'hui ou chef d'établissement aujourd'hui
et subitement professeur demain par la simple volonté
ministérielle. Cette réversibilité de statut fait que
beaucoup de professeurs préfèrent garder leur statut
d'enseignant.
D'après le Bureau International du Travail (2012, p
188), les travaux de recherche menés au Mozambique ont montré que
l'inadéquation du logement et des moyens de transport contribuait
fortement aux difficultés que connaissaient les enseignants
affectés dans les zones éloignées et aux problèmes
de fidélisation et de motivation des enseignants dans ces zones. Ce
minimum de confort qui manque dans les zones rurales fait que les postes
administratifs sont
5 Journal Le Pays du 03 décembre 2013
6 Conférence donnée par Alain Bollon
à Ouagadougou le 04 avril 2003 dans le cadre de la formation de
l'équipe nationale de formateurs des cadres de l'éducation.
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peu occupés. Dans le centre-ouest, sur une trentaine de
lycées départementaux, seulement trois (03) lycées
(Kokhologo, Tita et Sabou) ont des censeurs ! Cependant, tous les lycées
de la ville de Koudougou ont les membres de l'équipe de direction au
nombre. Les conditions de vie de la localité (zone urbaine ou zone
rurale) qui abrite l'établissement sont donc déterminantes dans
l'acceptation des postes administratifs.
Les chefs d'établissements sont
généralement des anciens enseignants. Nous convenons avec P.
PERRENOUD (1992), cité par J. M. FOURGOUS7, quand il dit que
« diriger n'est pas enseigner... c'est un autre métier.... qui
demande d'autres compétences, un autre rapport à la
réalité, une autre identité, d'autres relations avec les
élèves, les parents et les enseignants ». On remarque
une inadéquation entre le profil de formation des acteurs et le poste
administratif qu'ils occupent. Cette inadéquation entre enseigner et
diriger fait que de nombreux professeurs ne sont pas intéressés
par la direction des établissements pour faute de compétences
adéquates permettant de répondre aux attentes des
autorités éducatives sinon d'affronter des difficultés
insurmontables avec leurs compétences actuelles.
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