III- Les actions de maintien du personnel administratif
Le déficit s'exprime aussi dans un tout autre registre
lorsque les autorités éducatives n'arrivent pas à
maintenir le personnel administratif en activité. Plusieurs chefs
d'établissement (50%) reconnaissent que si c'était à
refaire, ils n'accepteront plus cette nomination. Ce qui accentue davantage ce
déficit car c'est aussi la position exprimée par les censeurs
(40%). Pourquoi, ne veulent-ils plus de cette nomination ? La gestion des
ressources humaines semble être la plus difficile des tâches que
les uns et les autres soulignent. Pour CH1, c'est « elle est trop
contraignante, mal rémunérée. On fait face à une
nouvelle race d'agents insoumis ». CH5 évoque « la
gestion de plusieurs problèmes (problèmes des
élèves,
61
des parents d'élèves, des professeurs, des
syndicats, etc.) en plus des tâches administratives et des
problèmes de famille. Trop de sacrifices sans récompenses
».
En relation avec le faible taux de l'indemnité de
responsabilité, CH3 affirme sa position en ces termes : « je
préfère donner mes cours et jouir de certains avantages
liés au corps ». Quant à CH9, il trouve que la fonction
est absorbante et comporte une influence négative sur la vie familiale
et sociale. La surcharge de travail dû à « l'insuffisance
des moyens humains et matériel » a été
soulignée par CH11. Et CH10 le soutient en affirmant que les conditions
de travail sont difficiles et surtout, il y a « le manque
d'autorité de l'Etat pour prendre des décisions fermes en cas de
manquement de l'administré ». Ces réactions montrent
à quel point le poste de chef d'établissement est contraignant et
mérite une réflexion profonde. Les critères actuels de
nomination semblent ne pas répondre aussi aux attentes des uns et la
lourdeur de la fonction démotive les autres avec une compensation
financière qui est en deçà des attentes des principaux
acteurs.
Les censeurs pensent refuser la nomination pour des raisons
diverses telles que la surcharge de travail, les incompréhensions des
professeurs. Selon , il ne souhaite plus une nomination à cause «
des situations conflictuelles liées au manque de conscience
professionnelle, de collaboration et de communication ». Cependant C1
et C4 accepteraient encore une nomination car l'occupation de ce poste apporte
beaucoup de compétences à celui qui assume une telle
responsabilité. C1 précise davantage que « il est vrai
que c'est un poste ingrat mais formateur en ce qui concerne la gestion des
hommes, la connaissance des textes administratifs et le fonctionnement des
structures au niveau de l'enseignement secondaire, la connaissance de
l'élève dans sa psychologie actuelle quand bien il est
méchant et agressif ».
Quant aux professeurs, nous avons enregistré trois (03)
professeurs qui ont déjà occupé un poste administratif et
de nos jours sont déchargés de leur fonction administrative. Il
s'agit de P3, P21 et P22. Les deux premiers ont occupé les postes de
Directeur et le dernier le poste de censeur. A la question de savoir si on les
consultait pour une nomination, quelle sera leur position, P21 avec ses
vingt-quatre (24) années d'expérience, renoncerait pour une
raison particulière : « j'ai subi une déception
». Par contre, P3 et P22 accepteraient à nouveau une
nomination pour un poste administratif. Pour le premier, il occupera le poste
de proviseur qui est selon lui une tâche moins exorbitante que celle du
censeur. Et P22 préfère encore son poste de censeur car selon
lui, « la fonction de censeur est dynamique, innovatrice et
coordonnatrice ».
62
Contrairement aux autres chefs d'établissement, CH2,
CH4, CH6, CH7, CH8 et CH12 affirment qu'ils accepteront à nouveau leur
poste et cela par patriotisme, conscience professionnelle ou par devoir. Pour
CH2, le déficit en personnel administratif n'est pas une situation
voulue par les autorités. Il est dû surtout à des
ressources financières insuffisantes. Selon CH4, la fonction a sa raison
d'être. Alors « il faut la remplir pour une avancée du
système éducatif ». CH7 va plus loin en évoquant
la question de conscience professionnelle et s'exprime en ces termes : «
il faut bien quelqu'un pour gérer les affaires administratives des
établissements malgré toutes les insuffisances et les contraintes
». Pour CH6, c'est une question de patriotisme et il la
déclare en ces termes : « je suis prêt à servir
mon pays ». Quant à CH8, il nous confie qu'il acceptera encore
cette nomination pour une raison évidente selon lui : «
pourquoi pas, j'imagine qu'il faut que quelqu'un le fasse nonobstant les
difficultés que cela comporte ». Pour CH12, c'est «
vivre une expérience de plus », ce qui lui permettra
« d'éviter la routine et de perdre son niveau ».
Tableau 16: réponse des chefs
d'établissement de la Boucle du Mouhoun sur leur maintien au
poste
Acceptation d'une nouvelle nomination
|
Nombre de réponses
|
Pourcentages
|
Oui
|
03
|
50%
|
Non
|
03
|
50%
|
total
|
06
|
100%
|
Source : enquêtes de terrain en mars
2014
Maintenir les personnels de direction est une
préoccupation pour les chefs de personnel. Celui de la Direction
Régionale de la Boucle du Mouhoun évoque quelques mesures
d'accompagnement proposées aux professeurs afin qu'ils acceptent assumer
le rôle de chef d'établissement. Il s'agit entre autres d'ouvrir
l'établissement avec un minimum de personnel et autoriser des ordres de
mission pour des déplacements de moins de trente (30) kilomètres.
De plus, le nouveau chef d'établissement pourrait
bénéficier d'un logement administratif mais aussi de son
indemnité de logement.
C'est donc par manque de motivation conséquente que
plusieurs responsables administratifs renonceraient à leur poste. Pour
certains, il faut une motivation extrinsèque telle que
l'indemnité de responsabilité plus élevée. Pour
d'autres, c'est la motivation intrinsèque qui est importante. Elle se
traduit par une autorégulation dans la gestion des activités
courantes. Pour un établissement sans surveillant général,
le chef d'établissement peut
63
désigner un (01) des encadreurs de la vie scolaire pour
assumer cette fonction en attendant l'arrêté ministériel
portant nomination d'un surveillant général.
64
|