à‰tude sur la concentration de l'activité touristique au Sénégal( Télécharger le fichier original )par Philigence Antoine Adiouma FAYE ENFHT - BTS TOURISME 2014 |
B. Le rôle de l'Etat dans le dispositif territorialLe Sénégal est un pays qui dispose d'un projet d'aménagement territorial depuis la période coloniale et postcoloniale. Cette disposition à faire de l'espace une zone d'influence s'est constatée par la problématique et le contexte de l'approche territoriale du développement. Après l'Indépendance, les autorités coloniales ont légué au Sénégal les équipements urbains et les infrastructures de transport. A partir de 1960, le Sénégal a presque poursuivi la même démarche de planification spatiale axée sur l'exploitation de ressources et de biens. De 1960 jusqu'à l'accession au pouvoir de Maitre Abdoulaye Wade, la vision de l'aménagement du territoire du Sénégal est restée homogène du fait de l'éclosion et de l'émergence d'une manière rapide d'une partie du territoire national au profit du reste du pays laissé en rade. Cette empreinte géographique indique que «La surimpression des politiques successives des présidents Senghor, Diouf et Wade a imprimé au territoire national un profil marqué par de fortes inégalités régionales risquant de saper les équilibres sociétaux sénégalais».12 Les décisions en matière d'organisation territoriale concernaient un «Sénégal-Dakar»13 qui se restreint à Dakar à l'opposé d'un «Sénégal-vide» qui n'attire aucun 11Www.Wikipedia.org/TourismeauSénégal 12 Books.google.com/books/about/L_aw%?...ÐoYsulter le 22/02/2014 13 SeYeYe?s.Ðow/.../seYegal-repensons-notre-aménagement-du-territoire-39956.html consulté le 22/04/2014 BTS TOURISME 2014 ENFHT/CAS PHILIGENCE ANTOINE ADIOUMA FAYE Page 11 ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU SENEGAL investissement pouvant participer à l'équilibre zonal et économique du pays. Une comparaison peut être fondée à ce que Jean François Gravier prouvait pour la France en 1947 dans son ouvrage titré «Paris et le désert Français» où il exprimait l'écart croissant qui existait entre la capitale Paris et le reste de la France. Ce constat applicable à cet ensemble spatial fait voir une capitale sénégalaise macrocéphale qui ne représente que 0,28% du territoire national14 et regroupe 19% de la population nationale et 50% de la population urbaine15. Le principal fardeau de l'aménagement dans les pays de l'Afrique Occidentale Française (AOF)16à l'exemple du Sénégal est l'hypertrophie des villes capitales comme Saint-Louis et Dakar17 anciennes capitales de l'Afrique Occidentale Française (AOF). Cette situation bicéphale ou macrocéphale s'est amplifiée dans les années 70 avec comme influence le mauvais développement de l'espace rural et l'accroissement de la population urbaine. Ce phénomène d'inégalité spéciale a pour effet la concentration des villes à l'Ouest et un peu au centre et une armature urbaine caractérisée par une métropole démesurée par rapport aux autres agglomérations.18Cette volonté de privilégier la partie ouest du pays se renforce du fait de la concentration de plus de 85% des industries et de la quasi-totalité des services administratifs et financiers19 dans la région de Dakar. La stratégie de gestion territoriale depuis 1960 n'a pas pu valoriser les zones situées à l'intérieur et à l'extrême Est du pays. Entre Saint-Louis, Thiès, Dakar d'une part et Tambacounda, Matam, Kédougou...d'autre part, il existe un grand fossé économique, infrastructurel et communicationnel découlant d'un management spatial imprécis limitant le développement économique de ces zones déstructurées. Les politiques territoriales ainsi menées jusqu'ici confirment que le Sénégal est constitué d'un espace mal organisé, d'un territoire déséquilibré, des ressources et des ressources naturelles surexploitées ou mal mises en valeur. 1. La perception du tourisme par les religieux et les communautés localesAussi, au Sénégal, les facteurs affectant le bon fonctionnement de l'industrie de l'accueil sont le refus du pouvoir religieux et la mauvaise appréciation des populations sur l'effet positif du tourisme. Les religieux sont peu enclins à l'implantation du tourisme dans les espaces à connotation religieuse. Cette position idéologique est due à la mauvaise 14 Idem 15 Thieeko.seneweb.com/la-proïlématique... article de Dr Mame Cheikh NGOM, géographe, consulté le 23/02/2014 16 Afrique Occidentale Française crée le 16 juin 1895, est une fédération groupant, entre 1895 et 1958, huit colonies françaises d'Afrique de l'Ouest 17Www.codesria.org/IMG/pdf/mbowlatrajectetat.pdf consulté le 22/02/2014 18 Idem 19Www.recherches-africaines.net/document.php?id=1219- consulté le 23/02/2014 BTS TOURISME 2014 ENFHT/CAS PHILIGENCE ANTOINE ADIOUMA FAYE Page 12 ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU SENEGAL compréhension, à la faible promotion et publicité de l'industrie touristique et à l'image écornée de cette branche du secteur tertiaire. Pour les populations locales, le touriste est une personne de vices ou une personne qui ne vient qu'appauvrir le legs culturel. Certaines communautés pensent que la présence de l'hôtellerie en partie dans leur milieu est la source de l'acculturation et de la déperdition de la population locale. Ce sentiment de réserve et d'appartenance ethnique et religieuse marque son empreint dans l'agencement des activités touristiques. Donald-Cruise O'Brien déclare que : «L'Etat manque de légitimité, les populations étant loin d'être convaincues de son droit à réguler la vie sociale. On a souvent eu recours à des autorités coutumières, ou aux éléments de l'élite ayant collaboré avec le gouvernement colonial, notamment les marabouts de confréries soufies musulmans. Cette élite surtout maraboutique, a réussi à conserver la légitimité qui manquait à l'Etat».20 O'BRIEN souligne que l'Etat se laisse aller parce que c'est l'élite maraboutique qui dicte sa loi et se refuse de se conformer aux dispositions édictées par l'administration étatique. Le guide religieux est une personne qui ordonne et qui restreint le champ d'intervention de l'Etat. La religion joue un rôle prépondérant dans la géopolitique et dans l'organisation de l'espace sénégalais. GERVASONI et al. précisent que «L'attachement des populations à leurs marabouts, qui détiennent un pouvoir de décision fort sur les fidèles a favorisé cette situation. L'Etat sénégalais s'est consolidé en les utilisant pour renforcer sa légitimité et, en retour, leur octroi des avantages».21Ce privilège accordé à la puissance religieuse fait que l'Etat est hésitant sur certaines de ses décisions de structuration territoriale. Pour ce qui est du tourisme, il est noté que les zones à forte connotation religieuse sont celles qui sont les plus contraignantes à l'expansion du tourisme. C'est l'exemple de Popenguine, Tivaouane, Touba, Diassane, Médina Gounass, Kaolack et tant d'autres aires géographiques à forte implication religieuse. Cette position catégorique de l'élite dévotionnelle de vouloir restreindre la fulgurance touristique est parmi les causes de la concentration territoriale de l'industrie touristique. |
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