DEUXIEME PARTIE: LES CAUSES ET LES CONSEQUENCES DE LA
CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU SENEGAL
I. LES CAUSES
En abordant la centralité du tourisme de
manière cohérente et structurée, il s'avère vrai
que l'espace de prédilection du tourisme au Sénégal est
restreint par certains phénomènes ou effets directs et indirects
qui empêchent son développement constant au niveau national mais
aussi au niveau local. Un diagnostic sur le niveau de fonctionnement du
tourisme sénégalais indique que la centralisation est
marquée par la politique touristique du Sénégal qui
dérive du Système colonial et de la vision territoriale de l'Etat
par rapport à l'industrie de l'accueil9.
Le dispositif de gouvernance du tourisme a pris ses
marques sur la politique territoriale de l'Etat qui elle-même a pris ses
marques sur le système colonial.
A. L'action de la colonisation
La colonisation qui à travers le système
d'encadrement spatial par la puissance publique s'est
matérialisée par un intérêt croissant sur un certain
nombre d'espaces. L'organisation du territoire national pendant la colonisation
a fait naître «Une répartition profondément
inégale de la fonction urbaine, entre une ville omnipotente,
monopolisant les fonctions de commandement dans tous les domaines et
connaissant un gonflement humain très rapide et d'autre part un semis de
petits centres, à peu près tous au même niveau, sans
qu'aucune véritable capitale régionale n'exerce de pouvoir sur
eux tous à plat face à la grosse tête: c'est l'organisation
(ou la désorganisation) macrocéphale ».10
Cette disposition à aménager cette partie s'est renforcée
grâce à la position géographique et aux nombreuses
potentialités qu'offrait cette frange occidentale du pays. Ainsi,
Saint-Louis capitale de l'Afrique Occidentale Française (AOF) et Dakar
devenu capitale depuis 1902 ont vu leurs zones d'exploitation s'élargir
au profit du reste du pays. C'est dans ce contexte que la France décide
d'ériger en 1916 Saint-Louis, Gorée, Dakar et Rufisque en
communes françaises appelées les quatre communes. Ces lieux qui
avaient le statut de la citoyenneté française ont pu
bénéficier des infrastructures et des moyens de transport. Ainsi,
le port de Dakar était relié chaque semaine à Marseille et
Bordeaux avec les navires de l'époque. Les quatre (4) communes
étaient les premières zones à avoir des plans cadastraux.
C'est l'exemple du plan
9 Stefan Fraenkel et Ray F. Iunius:
Industrie de l'Accueil : Environnement et Management, collection Les
métiers du tourisme, éditions de Boeck
Université, 1re édition, 2008.
10 Bulletin de la société Languedocienne
de Géographie, Tome 16 Fascicule 1-2-Montpellier 1982, I Les villes
dans l'Espace, les Réseaux Urbains en Afrique Noire de la
Pyramide à la Macrocéphalie, Y. MARGUERAT, page 20.
BTS TOURISME 2014 ENFHT/CAS PHILIGENCE ANTOINE ADIOUMA
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
cadastral de juin 1858 fait par le chef de bataillon
du génie Emile Pinet-Laprade, véritable fondateur de Dakar. Dans
les années 1920, le développement du transport aérien fait
de Dakar le centre de l'aviation civile. En 1925, Jean Mermoz effectue un
trajet sur la ligne Casablanca-Dakar et le 10 mai 1927 Mermoz inaugure la ligne
Toulouse-Saint-Louis sans escale. L'accessibilité de ces deux
premières capitales constituait un atout favorable pour la mise en place
du tourisme. Le Touring-Club de France organise des caravanes à Dakar et
Saint-Louis et dans les années193011un syndicat d'initiative
est créé à Dakar. L'illustration du 29 février 1936
qui avait pour référence «Le tourisme en AOF»
corroborait l'idée selon laquelle le tourisme colonial restait
lié aux zones côtières. Jean Baptiste Léonard Durand
confirmait aussi ce même thème dans son ouvrage «Voyage au
Sénégal: 1785-1786». Ainsi, Les territoires littoraux
constituaient des pôles économiques et des centres
décisionnels pour la puissance coloniale. Cette déstructuration
spatiale au temps colonial s'est affirmée à travers la vision du
pouvoir colonial, de créer des zones agro-industrielles, des zones
d'acheminement, des zones commerciales et d'échange servant de lieux
stratégiques pour l'exportation des ressources exploitées
à l'intérieur de la colonie. Cela a fait de la zone ouest du
pays, le centre d'action économique et la plate-forme
infrastructurelle.
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