La proxémie dans la prise en soin de personnes à¢gées au domicile( Télécharger le fichier original )par MARIETTE AMAYENE MEKOUE- BETETENE Université de Bordeaux 2 Segalen - INFIRMIER 2016 |
2.1.3 La relation soignant-soigné :« L'homme est un être social, il se construit et évolue dans et par les relations aux autres »21. Pour communiquer avec ses semblables, il doit entrer en relation avec ceux-ci. Selon le ROBERT, la relation est définie comme une interaction entre deux ou plusieurs personnes et qui agissent « mutuellement les unes sur les autres »22. Il existe plusieurs types de relations ; celles-ci diffèrent selon les liens et le type de rapports que l'on a avec autrui. Je ne citerai ici que quelques-unes d'entre elles : - la relation sociale ==> rencontre fortuite dans la rue. - la relation de maternage ==> celle qui s'établit entre une mère et son enfant. - la relation éducative ==>celle entre un enseignant et un élève - la relation professionnelle==> celle que l'on développe dans le cadre de son travail avec les collègues, les usagers des services que l'on propose ; c'est celle qui concerne notre objet d'étude et plus précisément la relation soignant-soigné. Chaque type de relation impose une « proxémie »23 ou « distance interpersonnelle 24» entre les interlocuteurs, elle peut être physique ou affective. On distingue quatre sortes de distances physiques : => La distance publique, plus de 360 centimètres séparent les individus ; c'est par exemple un 19 HENDERSON Virginia, la nature des soins infirmiers, intereditions, 1994. 20 MEERBEEK V. P. &JACQUES J. -P. , l' inentendu, de boeck,2009, p162 21 Www.syn-lab.fr/Les-fondements-anthropologiques. Consulté le 21/09/2015 22 ROBERT, 2009 23 HALL E.-T, in la dimension cachée, 1971, pp187-211 24 idem pp187-211 12 orateur vis à vis d'un public. => La distance sociale, 120 à 360 centimètres entre les interlocuteurs ; c'est la rencontre au détour d'une consultation. => La distance personnelle, 40 à 120 centimètres, deux interlocuteurs peuvent se toucher, elle nécessite un minimum de confiance, on gagne en précision sur les parties du corps de l'autre. => La distance intime, moins de 40 centimètres, le contact est le plus proche, on peut percevoir la respiration de l'autre, c'est celle de la sexualité, la sphère intime. Cette distance est celle du soin, à travers le toucher du corps nécessaire pour les. Cette relation est particulière car elle s'inscrit dans le temps et en fonction d'un projet de soins, elle s'inscrit en réponse aux besoins de la personne soignée. C'est une relation soignant-soigné de type relation d'aide et de soutien. Selon le référentiel d'activités du métier infirmier, en son Article R. 4311-2 du Code de la Santé Publique (CSP), il est stipulé que « les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs, intègrent qualité technique et qualité des relations avec le malade... 25». La relation est donc nécessaire dans le soin et fait partie de celui-ci. Sans elle, toute prise en soin est impossible étant donné que le soignant ne pourrait prodiguer les soins à la personne malade sans son consentement. Il est important pour le soignant d'établir une relation de confiance avec la personne soignée pour atteindre les objectifs qui sous-tendent cette relation. Ensuite nous avons la dimension psychique ou affective de la proxémie car les émotions y occupent une grande place. ROGERS Carl propose une approche de communication dans la relation soignant-soigné qui demande de la part du soignant des qualités telles que le respect, l'authenticité, la congruence, l'accueil positif inconditionnel et l'empathie ; qualités utiles pour instaurer une relation propice à une prise en soin de qualité et réduire « la grande barrière qui s'oppose à la communication 26». Au domicile, l'accompagnement dure parfois des mois, voire des années, et demande parfois une prise en soin totale et quotidienne de la personne soignée, « le soignant peut se sentir basculer vers un univers qui n'est pas le sien [...] ce glissement de fonction vers une 25 Recueil des principaux textes...Référentiel d'activités, Berger- Levrault, 08/2013, p21 26 ROGERS Carl, le développement de la personne, Dunod, 1966 p29 13 place de pseudo-famille expose le soignant dans une relation plus personnalisée »27. La proxémie dans la relation soignant-soigné n'est pas facile à définir dans la mesure où il est question d'êtres humains dotés d'émotions et qui interagissent mutuellement. Dans cette relation à l'autre, le soignant doit se connaître et connaître ses limites afin de maîtriser ses émotions, car elles « servent de moteur à nos comportements et [...] elles sont essentielles à la vie »28. Cette relation d'aide et de soutien à l'autre, est limitée dans le temps de la prise en soin. La durée de la prise en soin peut la transformer en une relation de maternage ou affective, toutes deux relevant de la sympathie plutôt que de l'empathie. PRAYEZ P.29 dans son ouvrage "distance professionnelle et qualité du soin", évoque deux notions importantes qui sont : la « juste distance » qui consiste pour le soignant à savoir gérer ses affects afin de bien recevoir le patient dans sa globalité et permettre l'instauration d'une relation authentique pour déboucher sur une relation de confiance. Plus récemment, MICHON Florence30 abondait dans le même sens en soutenant que « le respect, les valeurs, l'empathie, l'authenticité, la congruence, la compréhension, la bienveillance, etc..., constituent la clé de voûte de la juste distance ». La seconde est la notion de « distance injuste » dans le soin qui selon PRAYEZ P. consisterait à aseptiser le soin en se bornant à l'acte technique sans y mettre de l'émotion, pour « diminuer le sentiment d'intimité affective »31. Il juge cette dernière injuste pour le patient qui risquerait de ne pas être écouté, ni pris en considération. Le risque dans cette distance est que la personne soignée devienne un « objet de soin »32 et cesse d'être au centre de la prise en soin. La relation soignant-soigné devrait être le leitmotiv du soin qui permet d'orienter le projet de soin en tenant compte des souhaits du patient. 27 PRAYEZ Pascal, distance professionnelle et qualité du soin, éditions Lamarre, 2003, p105 28 BORDES R. Dire les maux,.anthropologie de la parole dans les médecins du monde. Paris, l' harmattan , 2011, p37 29 PRAYEZ Pascal, distance professionnelle et qualité du soin, éditions Lamarre, 2003, pp 21-64 30 MICHON Florence, les relations interprofessionnelle avec la personne soignée et la notion de juste distance, Revue Soins; Mars 2013, n°773, pp 32-34 31 PRAYEZ Pascal, distance professionnelle et qualité du soin, éditions Lamarre, 2003, pp 21-64 32 GERARDIN Pascale, le soin relationnel en gériatrie, Revue Soins gérontologie, NOV-Déc 2010, n° 86, pp24-26 14 |
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