3.1.5
Caractéristiques socioéconomiques
3.1.5.1 Agriculture
Chaque ménage entretient plusieurs parcelles de
cultures vivrières et de cultures de rente. L'agriculture
vivrière est surtout destinée à l'autoconsommation. Tout
au long de l'année, la banane plantain constitue la base de
l'alimentation des populations natives de la région de Boumba-Bek. Avec
une demande importante dans les villes et les sites forestiers industriels, un
surplus est vendu régulièrement tout au long de l'année.
La production de maïs, relativement importante, est essentiellement
destinée à la fabrication d'un vin local très
alcoolisé (arki ou ngolos). Ce produit dont la commercialisation
représente, surtout pour les femmes, une importante source de revenus
cause cependant des problèmes d'alcoolisme parmi les populations
locales.
Le cacao est la principale culture de rente. Comme dans
l'ensemble du département de Boumba-et-Ngoko, de nombreuses plantations
sont temporairement à l'abandon ou ne sont pas suffisamment entretenues
à cause des mauvais prix actuels sur le marché mondial et du
coût élevé des traitements phytosanitaires. Sur 29.007 ha
de cacaoyères plantées dans la région du Sud-Est,
seulement 26.030 ha sont entretenus (5 ha / producteur pour une récolte
de 250-350 kg/ha en moyenne) (Hecketsweiler et al., 2001).
Cependant la culture de cacao demeure la principale source de revenus agricoles
des villageois Bantou.
Malgré l'ancienneté de l'établissement
des villages de long des axes routiers Yokadouma-Moloundou-Ndogo et Ngatto
nouveau-Maléa ancien (depuis environ 70 ans), les systèmes
agro-forestiers demeurent peu développés, dépassant
rarement le stade primaire de jardins de case. Le faible peuplement, la
prépondérance d'une agriculture itinérante sur
brûlis, les meilleurs rendements réalisés avec la chasse,
une commercialisation agricole fluctuant selon l'humeur des transporteurs et
l'état des routes, une forte proportion de Pygmées et de jeune
fuyant tout « asservissement » agricole peu lucratif sont autant
d'éléments qui peuvent expliquer cette situation (Hecketsweiler
et al., 2001).
3.1.5.2 Chasse
On peut distinguer globalement deux modes de chasse par les
populations riveraines de Boumba-Bek : la chasse de subsistance et la chasse
commerciale. La chasse de subsistance peut être définie comme
celle dont le produit est essentiellement destiné à
l'autoconsommation bien qu'un faible surplus soit régulièrement
dégagé et vendu dans les villages. Quant à la chasse
commerciale, elle peut être considérée comme celle qui est
pratiquée essentiellement dans un but de commercialisation du gibier et
des trophées. Elle s'apparente au braconnage car s'effectue dans la
plupart des cas dans les zones protégées.
Les chasseurs originaires de la région pratiquent la
chasse de subsistance toute l'année avec cependant une baisse
considérable de l'activité pendant la grande saison sèche
(Jell, 1998). Les ongulés constituent l'essentiel des prises
(Zouya-Mimbang, 1998 ; Ngandjui, 1998). Chaque ménage collecte en
moyenne six gibiers par mois. Le céphalophe bleu Cephalophus
monticola (Ngandjui, 1998) constitue plus de la moitié des
prises. Le piège à collet d'acier, procure jusqu'à 84 %
des prises (WCS, 1995). Cette technique de piégeage dont l'usage est
très répandu est cependant illégale.
La majorité des acteurs de la chasse commerciale se
recrutent parmi les immigrants. La saisonnalité ici est identique
à celle de la chasse traditionnelle. Seulement 10 % du gibier
chassé est destiné à l'autoconsommation. Les produits de
la chasse sont écoulés sur les marchés situés
à Kika, Moloundou, Yokadouma et Bertoua au Cameroun, à Ouesso,
Kabo et Pokola au Congo. Les fusils (16 %) et les câbles d'acier (84 %)
sont utilisés. Le Céphalophe de Peters Cephalophus
callipygus constitue l'essentiel des captures (86 %). Chaque chasseur
commercial collecte en moyenne 29 ongulés par mois, ce qui correspond
à une valeur monétaire moyenne de 87.000 FCFA / mois.
La raréfaction de la faune dans les zones proches des
villages oblige les chasseurs locaux à se rendre de plus en plus loin
dans la forêt. Pendant les pics de cette activité en saison des
pluies les chasseurs peuvent parcourir plusieurs dizaines de kilomètres
et établir des campements temporaires de chasse à
l'intérieur de la forêt. Ils franchissent surtout les limites Est
et Nord du Parc pour se retrouver autour des baïs et le long des
principales rivières (Boumba, Bek, Apom). L'approvisionnement des grands
centres urbains et des sites industriels en gibier est facilité par les
transporteurs locaux.
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