3.1.4.2 Populations migrantes
Aux populations natives, s'ajoutent progressivement de
nombreux immigrants aux origines et aux modes d'établissement
très divers. On peut en distinguer plusieurs grandes catégories
:
La population allogène, travaillant pour les
sociétés d'exploitation forestière. Elle vit dans les
agglomérations de type urbain (villes-usines) situés à
proximité des usines de transformation du bois (Lokomo, Masséa,
Ngolla 35 et Sengbot). Les régions d'émigration sont très
diverses. Le cercle des cadres des différentes sociétés
forestières est en majorité constitué par des
expatriés (européens et asiatiques) et des Camerounais
recrutés parmi la population des grandes villes. En raison de la
sous-scolarisation de la région, les responsables des
sociétés forestières constituent également leurs
équipes d'ouvriers spécialisés en déplaçant
des individus d'autres régions du Cameroun.
Les marchands musulmans appelés couramment «
Haoussas » ou « Bamouns ». Ils sont originaires du Grand-Nord,
de la province de l'Ouest, des pays voisins et même de la
sous-région d'Afrique de l'Ouest. Installés comme distributeurs
des produits manufacturés et de la viande de boeuf en milieu urbain,
certains n'hésitent pas à s'investir dans le négoce plus
lucratif du trafic des matières précieuses (ivoire, or, diamant,
etc.). Ils sont présents dans une diversité de lieux incluant les
centres urbains (chef-lieux d'unités administratives et
villes-usines).
Les pêcheurs artisanaux, installés sur les bords
des grandes rivières (Boumba, Bek, Ngoko) et le long du fleuve Sangha,
souvent originaires de la sous-région d'Afrique de l'Ouest
(Sénégal, Mali).
Les exploitants illégaux des produits fauniques
(gibier, trophées, perroquets vivants, etc.). Les populations
autochtones les désignent comme étant les « vrais
braconniers », certainement en raison de leur établissement en
forêt profonde qui tranche avec leur origine urbaine. Leurs
activités profitent des pistes et des chantiers forestiers ouverts par
les sociétés forestières.
Les exploitants miniers artisanaux (or, diamant, etc.). Ils
viennent essentiellement des pays voisins (RCA, Congo). Quelques-uns sont
associés à des Camerounais qui disposent de permis d'exploitation
en règle, établis par les services locaux du Ministère des
Mines, de l'Eau et de l'Énergie (MINMEE). Cependant la plupart des
artisans miniers mènent leurs activités illégalement.
3.1.4.3 Répartition spatiale
Les villages riverains du PNBB s'égrènent le
long des routes Yokadouma-Moloundou-Ndongo sur un tronçon d'environ 180
km compris entre les lieux dits Carrefour-Sengbot au Nord et entre l'axe
Moloundou-Ndongo plus au Sud d'une part et entre les lieux dits
Carrefour-Sengbot au Nord et le village Maléa ancien au Sud-Ouest sur
environ 50 km. Ces localités comptent l'essentiel des populations
natives de Boumba-Bek. La ville de Moloundou et les sites forestiers
industriels de Sengbot, Masséa, Ngolla 35 et Lokomo rassemblent le gros
des populations allogènes.
En raison du relatif éloignement (40 km en moyenne) des
principaux centres urbains de la région (Yokadouma, Moloundou, Libongo,
Kika) du site de Boumba-Bek, on peut considérer que les populations
riveraines sont presque entièrement rurales. Le niveau
d'hétérogénéité y est très faible.
Les seuls habitants non autochtones des villages sont quelques fonctionnaires,
des commerçants et des « vrais braconniers ». Sans qu'il ne
soit possible d'indiquer avec précision les effectifs de ces
populations, on peut, sur la base des données du recensement
préliminaire effectué par le PROFORNAT/GTZ (Zouya-Mimbang, 1998)
et les estimations des autorités locales, estimer que les populations
Baka représentent environ 50 à 55% de la population autochtone.
Cependant, une étude faite par Madzou (2003) sur l'état des
tendances démographiques de tous les 14 villages et deux campements
forestiers périphériques au Nord du PNBB indique une population
estimée à 7239 habitants dont 50,15% d'hommes contre 49,84% de
femmes. Cette population du Nord du PNBB est globalement jeune, moins
scolarisée et quasi-analphabète.
Les densités de population calculées pour les
arrondissements de Yokadouma et de Moloundou dans le département de la
Boumba-et-Ngoko, à partir des données fournies par les services
de la Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale
(DSCN), s'élevaient en 1997 à 6,4 hab./km2 pour l'arrondissement
de Yokadouma contre 2,1 hab./km2 pour l'arrondissement de Moloundou. Ces
densités sont à prendre avec beaucoup de précautions pour
deux raisons : Premièrement, si on fait foi aux analyses de
AIDEnvironment (1998), les effectifs totaux de la population seraient
sous-estimés à cause de la méthode utilisée par la
DSCN pour évaluer annuellement la croissance naturelle de la population
et des migrations ; Deuxièmement, si on considère que la
population urbaine du département de la Boumba-et-Ngoko était
estimée à environ 40% de l'effectif total en 1998
(AIDEnvironment, 1998), ces densités seraient surévaluées
pour la périphérie immédiate de Boumba-Bek où les
populations sont essentiellement rurales.
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