3.1.3
Relations Faune - Flore
Dans le PNBB, il existe une spécialisation relative du
milieu pour l'habitat des espèces animales, ainsi que des liaisons
spécifiques entre espèces végétales et
espèces animales. Dans cet ordre :
Les clairières marécageuses ou baïs
constituent des pôles d'attraction et des refuges pour plusieurs
espèces de mammifères (éléphant de forêt,
gorille de plaine, buffle, bongo, sitatunga, hylochère,
potamochère, léopard, etc.) et d'oiseaux (perroquets, pigeons
verts, fauvette du Dja, etc.). Ces clairières, en plus des salines
naturelles, regorgent plusieurs espèces végétales dont les
organes sont très appréciés par les animaux. Il s'agit des
bulbes de Rhyncospra corymbosa et Kyllinga polyphylla pour les
gorilles, des feuilles d'herbacées telles Brillantesia sp.,
Indigofera hendendeca-phylla, Heteranthera callifolia,
Heteranthoecia guineensis, Ludwigia erecta, etc... pour les
Artiodactyles et des fruits de Cyperaceae pour les perroquets et pigeons verts
(Nzooh Dongmo, 2005).
Les forêts secondaires très anciennes en
périphérie du PNBB, notamment au Nord de l'UFA 10 015,
constituent en plus des clairières sur sols marécageux, des
pôles d'attraction des éléphants et buffles dont des
couloirs de migration avaient été mis en évidence entre
les baïs de cette UFA et la région Ouest du PNBB (Bobo, 2002) est
formellement établi par le suivi des éléphants du groupe
« Djako » par émetteur radio VHS/UHF (Nzooh Dongmo, 2005).
Dans ces formations végétales, les tiges de Marantaceae telles
Hypselodelphis scandens, Haumania danckelmaniana, Magaphrynium spp.
Sarcophrynium spp. et de Zingiberaceae telles Aframomum spp. et
Renealmia spp. sont, non seulement consommées par les gorilles,
mais aussi utilisées pour la fabrication de leurs nids, tandis que les
feuilles de la plupart des arbustes et lianes sont consommées par les
éléphants.
Les fruits de plusieurs espèces végétales
sont abondamment consommés par les grands mammifères. Il s'agit
de Autranella congolensis, Omphalocarpum spp.,
Gambeya spp., Landolphia spp., Strychnos spp., Irvingia spp., Klianedoxa
gabonensis, etc. La distribution et le rythme de fructification de ces
espèces influencent directement les mouvements de ces animaux.
3.1.4
Caractéristiques socioculturelles et démographiques
Bien que la densité des populations humaines vivant
dans la région de Boumba-Bek soit parmi les plus faibles du Cameroun, le
peuplement y est ancien et relativement hétérogène. On
distingue globalement deux groupes de populations : les populations natives (ou
autochtones) qui vivent dans la région depuis plusieurs
générations et les populations immigrantes (ou allogènes)
arrivées plus récemment au cours des deux dernières
décennies à la suite de l'ouverture du massif forestier par
l'exploitation forestière.
3.1.4.1 Populations natives
Suivant un modèle courant dans l'Est Cameroun, les
populations natives de la région de Boumba-Bek forment
traditionnellement un complexe pluriethnique composé d'un
côté de la population semi-nomade Pygmées dites Baka qu'on
retrouve un peu partout, et de l'autre des populations traditionnels dites
villageoises ou d'agriculteurs Bantou, composées de Boman, Bangando,
Bakwélé et Sangha-Sangha au Sud et de Bidjuki, Mbimo, Mvongmvong
et Konabembe au Nord (Ekobo, 1998).
Les Baka, et leurs voisins/associés Bantou,
résident en règle générale au sein de villages
communs situés au bord des routes, où ils sont cependant
établis dans des hameaux distincts. Certains hameaux Baka sont
implantés en retrait dans la forêt. Des relations de
pseudo-parenté ou d'amitié rituelle, perpétuées de
génération en génération, déterminent une
communauté de vie entre les Baka et leurs voisins. Il en résulte
une co-exploitation des mêmes espaces forestiers par des membres des
lignages Baka et Bantou associés.
Les communautés natives de la région de
Boumba-Bek sont héritières du régime politique
acéphale des peuples forestiers. Cette forme d'organisation de la vie
politique est caractérisée, aujourd'hui, d'une part par une
résistance à toute forme de hiérarchie rigide. D'autre
part, elle met en scène une multiplicité de forme
d'autorité politique qui s'exerce surtout sur le mode de l'influence, de
la persuasion et non de la décision. Il existe souvent une
disparité entre les représentants officiels (chefs traditionnels)
et d'autres formes d'autorité découlant tantôt de
l'application de règles coutumières et tantôt de la
disposition d'un capital de richesses et d'influences pouvant être
investies dans le milieu local.
L'organisation politique est aussi partiellement fondée
sur une différenciation socioculturelle qui tient en minorité les
femmes, les jeunes et les Pygmées Baka. Les femmes et les jeunes Bantou
peuvent, à l'occasion des initiatives locales de développement
montées par leurs propres soins, jouir d'un certain pouvoir
économique et partant d'une certaine influence politique. Le projet
AAPPEC (Association pour l'Auto-Promotion des Populations de l'Est Cameroun),
oeuvre depuis une trentaine d'années en faveur des Baka. Cependant, les
clivages socio-politiques demeurent importants et se révèlent
difficiles à concilier avec les exigences du développement
communautaire, inhérentes aux politiques actuelles en faveur du monde
rural.
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