B. Réaction des banques aux décisions de
la RBI
Les mécanismes de transmission de la politique
monétaire ont fait l'objet d'une abondante littérature. Les
débats sur la transmission de la monnaie à l'activité
économique se sont longtemps portés sur le clivage entre
keynésiens et monétaristes. Les termes de ce débat ne font
pas l'objet de cette partie. Il s'agira plutôt de faire ressortir les
résultats de travaux empiriques sur ce sujet en Inde.
La transmission de la politique monétaire dans un pays
dépend de plusieurs facteurs dont l'environnement
macroéconomique, le degré de concurrence, la
réglementation, l'état de l'économie, la structure et la
profondeur du système financier dans lequel opère la banque
centrale (Aleem, 2010 ; Mohanty, 2012 ; Taouil, 2016). Les
travaux pionniers de Bernanke et Blinder (1988, 1992) aux Etats-Unis ont permis
de mettre en évidence une transmission de la politique monétaire
par le canal strict du crédit bancaire (lending chanel) qui
opère selon l'équation suivante :
M1 4
1dépôts bancaires 4 1
prêts bancaires 4 1 I & C 4
1 Y
Avec M = Masse monétaire, I = Investissement, C=
consommation, Y = Revenu global.
En effet, une politique monétaire expansionniste se
traduit par un accroissement des réserves et des dépôts
bancaires. Les banques, qui voient leurs réserves et leurs
dépôts augmenter, augmentent en retour le volume de crédit
accordé à l'économie nationale. Les agents
économiques ont accès au crédit et peuvent investir et
consommer davantage. Cela conduit à une augmentation du revenu
global.
Le canal du taux d'intérêt tel que décrit
dans le modèle traditionnel IS/LM suppose que les banques sont des
intermédiaires passifs. Cependant, l'expérience démontre
que les banques, loin d'être de simples intermédiaires passifs
entre la banque centrale et les utilisateurs de la monnaie comme les firmes
(Bernanke et Blinder, 1992), réagissent diversement aux décisions
des autorités monétaires.
Un desserrement de la politique monétaire ne se traduit
pas nécessairement par une expansion de l'offre de crédit et de
la quantité de monnaie en circulation (Taouil, 2016). En l'absence d'une
concurrence pure et parfaite, une politique monétaire expansionniste ne
se traduit pas par une expansion correspondante du crédit. Les banques
peuvent amortir ou amplifier l'expansion monétaire par des comportements
à la marge (Bensaid et Palma, 1993).
Les études sur le mécanisme de transmission de
la politique monétaire dans les économies émergentes comme
l'Inde ont montré que le canal du crédit et celui du taux
d'intérêt8 constituent les plus importants (Kashyap et
al. 1993 ; Pandit et Vashisht, 2011 ; Pandit et al. 2006 ;
Reddy, 2007 ; Mohanty, 2012). Le canal du crédit opère plus
efficacement dans le cas d'une politique monétaire restrictive que dans
le cas d'une expansion monétaire. Par ailleurs, Mohanty (2012) et Reddy
(2007), soutiennent qu'avec l'intégration de l'Inde dans
l'économie mondiale, le canal du taux de change (Obstfeld et Roggof,
1995) devient de plus en plus important.
Analysant l'impact des avoirs des banques sur leurs
réactions à une modification du taux directeur de la RBI, Bhaumik
et al. (2011) concluent que celles-ci réagissent de
façon
26
8 Voir tableau 3 en annexe pour la transmission par
les taux d'intérêt
27
hétérogène selon le niveau de leurs
avoirs. Pour ces auteurs, les avoirs des banques sont déterminants dans
la transmission de la politique monétaire d'autant plus que les banques
publiques occupent une part importante des actifs bancaires et des
portefeuilles de prêts. Leur étude révèle que les
banques publiques indiennes ont une capacité d'ajustement de leurs
portefeuilles, plus forte que les banques privées. Ces réponses
des banques aux mesures de politique monétaire de la banque centrale ne
sont pas sans conséquences sur le marché du crédit en
Inde.
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