CHAPITRE II : POLITIQUE MONETAIRE ET PERFORMANCES
MACROECONOMIQUES
« L'inde, si elle intrigue et fascine, interpelle
surtout par les ambiguïtés qui la traversent »,
Aurélie Leroy
Après avoir analysé en détails les
fondements de la politique monétaire indienne, il apparaît logique
d'essayer d'évaluer son impact sur les performances économiques
du pays en vue de confirmer ou d'infirmer les hypothèses de recherche
formulées dès le début. Ce deuxième et dernier
chapitre de l'étude se veut quantitatif en présentant, sous
certaines hypothèses, les données sur la croissance, l'emploi, la
pauvreté et les inégalités. Il identifie aussi quelques
contraintes qui affectent l'efficacité de la politique
monétaire.
I. EVALUATION DE L'IMPACT DE LA POLITIQUE MONETAIRE
Ce point présente les données sur la croissance
économique indienne, l'importance du crédit dans la production
nationale, les efforts de création d'emplois, de réduction de la
pauvreté et des inégalités.
1. Analyse de la corrélation entre la masse
monétaire et la croissance économique
Certains auteurs dont Banu (2013), soutiennent qu'il y a un
lien entre la masse monétaire, le crédit et la croissance
économique. Un accroissement de la liquidité par la banque
centrale entraine une hausse des dépenses d'investissement et de
consommation des agents économiques. L'accroissement de l'investissement
et de la consommation conduit à la création d'emplois et à
l'augmentation des profits pour les entreprises.
Notre étude suggère qu'il y a une
corrélation entre la masse monétaire et le produit
intérieur brut indien. Le graphique ci-dessous, laisse apparaître
une relation décalée d'une année au moins entre la
croissance de la masse monétaire au sens large (M3) et celle du PIB. Il
convient de remarquer qu'en général la réponse du PIB
à l'accroissement de la masse monétaire accuse un retard d'une
année au moins : un accroissement de la masse monétaire dans
l'année courante se traduit par un accroissement du PIB de
l'année suivante. Le graphique montre une relative stabilité de
la croissance de la masse monétaire entre 1980 jusqu'au début des
années 1990. Pour faire face au ralentissement de l'activité
économique et à la grave crise des paiements des années
1990, la RBI a initié une politique de relance monétaire, mais le
redressement économique n'interviendra que plus tard entre 1991et
1992.
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De même lorsque l'activité économique est
dans sa phase d'expansion avec des pressions inflationnistes, un resserrement
de la politique monétaire ne se traduit pas immédiatement par un
ralentissement de l'activité économique et une baisse de
l'inflation. Celui-ci n'intervient que plus tard après la mise en oeuvre
de la politique monétaire de rigueur. C'est ce que l'on peut observer
par exemple entre 1994 et 1995 où la baisse de la masse monétaire
ne s'est pas traduite automatiquement par un ralentissement de
l'activité économique. Ce ralentissement n'est intervenu que plus
tard à partir de 1995. De l'année 2010 jusqu'au début de
2011, on remarque que le PIB et la masse monétaire décroissent en
même temps. Cela est dû à la mise en oeuvre d'une longue
période de rigueur monétaire initiée par la RBI entre mars
2010 et octobre 2011. En effet, au cours de cette période la banque
centrale indienne a procédé à treize hausses successives
de son taux directeur pour lutter contre l'inflation ; ce qui a limité
l'accès au crédit et déprimé l'investissement des
entreprises entraînant ainsi un ralentissement prolongé de
l'activité économique. Entre 1980 et 2014, la croissance du PIB
est restée relativement forte (supérieure à 5%) avec une
forte baisse enregistrée pendant la grave crise des paiements que le
pays a connue en 1991 (à peine 1% de croissance).
Figure 3: Evolution des taux de croissance du PIB et de M3
(en %)
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0
Taux de croissance de la masse monétaire M3 Taux
de croissance du PIB
Source : Faits par nos propres soins avec les données de
la Banque mondiale
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