2. Répartition de la croissance dans les secteurs
prioritaires
L'économie indienne est dominée par trois grands
secteurs que sont : (i) l'agriculture, (ii) l'industrie et, (iii) les services.
La croissance du PIB est principalement dictée par l'industrie et les
services comme on peut le constater sur la figure 4. Ce graphique montre une
forte corrélation entre la croissance de la valeur ajoutée dans
l'industrie et les services avec la
croissance du PIB, tandis que la croissance dans l'agriculture
est beaucoup plus erratique. Cela s'explique par le fait qu'à partir des
années 1980 le secteur agricole a été marginalisé
au profit des autres secteurs. Au début des années 1980, la
croissance dans le secteur agricole était de l'ordre de 12% contre 5%
dans les secteurs de l'industrie et des services. Après les
années 1980, l'agriculture a régulièrement
enregistré des taux de croissance négatives même si elle a
atteint son pic en 1988 avec une croissance supérieure à 15%. En
2014, la croissance de la valeur ajoutée dans l'agriculture ne
représente que 1,12%. A l'inverse, les secteurs de l'industrie et des
services ont enregistré un taux de croissance positifs avec une plus
forte accélération de la croissance dans le secteur des services.
Ainsi, la croissance des services s'élevait à plus de 10% en 2014
contre seulement 3,58% dans les années 1980. La croissance dans
l'industrie est restée relativement stable au cours de la période
(autour de 5% en moyenne) avec des pics enregistrés au début des
années 2000 et pendant la crise de 2008 (plus de 11%).
Figure 4: Croissance sectorielle du PIB (en %)
20
Agriculture Industrie Services croissance du PIB (en %)
-10
Croissance de la valeur ajoutée par secteur
15
10
-5
5
0
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
2009 2010 2011 2012 2013 2014
Source : Fait par nos propres soins avec les données de
la Banque mondiale
A. Le secteur agricole
L'inde est un géant agricole. Elle occupe la
quatrième place mondiale et plus de la moitié de la population
active indienne est employée dans le secteur agricole9.
Depuis le virage néolibéral des années 1980, il y a eu un
recul des investissements publics agricoles (Boillot, 2006) et le gouvernement
a adopté une nouvelle politique commerciale qui encourage les
activités
32
9 Plus de 75% de la population indienne est aussi rurale
33
exportatrices (Rothermund, 1993). De plus, comme le soulignent
Landy et Varrel (2015), la « forte variabilité annuelle
» des précipitations ont durablement affecté la
production agricole. Tout cela a eu pour conséquence la baisse
progressive de la part de l'agriculture dans le PIB. En effet, bien qu'occupant
la majorité de la population indienne (plus de 58% de la population),
l'agriculture contribue de moins en moins au PIB depuis 1980. Sa part dans le
PIB se chiffrait entre 30% et 35% au début des années 1980 ; elle
ne représentait que 17, 83% en 2014 (voir figure 6). Paradoxalement, les
crédits alloués au secteur agricole ont connu une
évolution exponentielle passant de 5,69 milliards de roupie en 1980
à plus de 4844,99 milliards de roupie en 2013. La baisse des
investissements publics agricoles et l'explosion du crédit dans ce
secteur ont entraîné une marginalisation et un surendettement des
petits agriculteurs. Les prêts usuriers ont conduit certains d'entre eux
qui ne pouvaient pas rembourser leurs emprunts à mettre fin à
leur vie. Ainsi, selon le secrétaire à l'agriculture (Patnaik),
il y a eu entre 1970 et 2008 plus de 200 000 agriculteurs qui se sont
suicidés.
Figure 5: Part de l'agriculture dans le PIB (en %)
40 35 30 25 20 15 10 5 0
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198019821984198619881990 1992 1994 1996 19982000 2002
2004 20062008 2010 2012 2014
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Source : Fait par nos propres soins avec les données
tirées du Handbook of Statisctics on India economy, RBI
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