III.3 - Investir les parents dans le projet de leur
enfant
Cette partie est indispensable dans pour que l'enfant accepte le
placement.
Le père de Damien peut se montrer menaçant et
agressif. Les visites au service ont été suspendues suite
à une plainte d'une éducatrice. C'est pourquoi, j'ai peu eu
l'occasion de le rencontrer, contrairement aux parents d'Amélie, Adrien
et Jules que je cite ensuite.
La difficulté pour certains parents d'honorer les
rendez-vous fixés est réelle. Venir jusqu'au PFS est
déjà une épreuve pour eux. Par conséquent, je me
suis servie des visites parents-enfant et des entretiens avec les parents avant
un projet personnalisé ou une synthèse. Ces temps ont
été pour moi un support privilégié qui ont permis
d'aborder l'adolescence de leurs enfants, et leur prise en charge en famille
d'accueil.
Les parents sont régulièrement sollicités
concernant la prise en charge de leur enfant. Des rencontres sont
prévues tout au long de l'année pour faire le point sur la
santé et la scolarité de leur enfant, et sur les visites ou
hébergements. Quelques-uns honorent les rendezvous posés,
d'autres moins. Le but est d'impliquer les parents, et les aider à
développer leurs compétences parentales.
Une maman déterminée
Par exemple, la maman de Jules a pu se mobiliser pour son fils
:
Jules a été renvoyé de son collège
à cause de son comportement insolent en classe et à l'internat.
Sa maman a immédiatement réagi en faisant les démarches
d'inscription dans un autre collège et elle a fait le trajet en bus avec
lui. Elle nous a demandé conseil et nous l'avons accompagnée dans
ses recherches. Quelques temps après, la directrice ayant
préconisé un suivi psychologique pour Jules, Madame a
réussi à le convaincre d'aller voir un spécialiste et elle
l'accompagne tous les 15 jours à ses rendez-vous (depuis son placement
au PFS, il n'avait jamais voulu s'y rendre).
Jules a pu constater les compétences de sa maman
à se mobiliser pour lui. De plus, cela a donné confiance à
Madame qui a pu refaire les mêmes démarches pour son
deuxième fils.
51
Un papa investi
Avant une réunion de synthèse annuelle
concernant Adrien, l'éducatrice et moi-même avons reçu son
papa pour faire le point sur l'année passée. Celui-ci le
reçoit maintenant tous les week-ends et la moitié des vacances
scolaires. Il mesure au quotidien le décalage d'Adrien entre son
âge et ses intérêts (du haut de ses 15 ans, il joue aux
tracteurs, construit de cabanes).
Malgré sa charge de travail, ce père se rend
toujours disponible dès qu'il s'agit de son fils, que ce soit pour des
rencontres avec l'IME ou au service. Il s'aperçoit que son intervention
auprès d'Adrien est bénéfique, notamment lorsqu'il est en
crise chez Mr C qui l'appelle, et passe le téléphone à
Adrien. Il « craint » son père, et le respecte. Ainsi, la
crise cesse après qu'il ait discuté avec son père. Ce
dernier a fait part de son envie de demander le retour de son fils au domicile
familiale à temps plein, mais il reste prudent.
A l'écoute de nos suggestions, le père d'Adrien
est conscient qu'il faut agir progressivement dans l'intérêt de
son fils qui a des troubles importants.
Une maman accessible
Souvent, les parents ayant eux-mêmes été
placés, disent comprendre l'attitude de leur enfant. De l'ordre du
désir ou de la réalité, ils disent se reconnaître en
eux.
Lors de mes interventions pendant les rencontres entre
Amélie et sa maman, cette dernière n'a pas eu de
difficultés à parler de la puberté avec sa fille.
Ensemble, nous avons pu évoquer des sujets tels que la pilosité,
les menstruations, les relations amoureuses, l'hygiène, le changement du
corps... Elle admire le travail qu'effectue Mme S pour Amélie, elle
demande à sa fille d'être sage à la maison. Mais elle
évoque son désir qu'Amélie revienne vivre avec elle, en
lui parlant de sa future chambre.
Malgré les promesses incertaines de cette maman, elle
semble réaliser les problématiques de sa fille. Elle se saisit
des explications des éducateurs sur le comportement d'Amélie pour
exercer sa fonction maternelle avec sa fille.
L'importance de la cohérence entre
adultes
Il est évident que les adultes qui entourent les jeunes
doivent être en accord dans leur règles pour créer des
repères chez l'enfant. C'est un souci récurrent dans les services
de placement car les parents et les familles d'accueil n'ont pas les même
principes.
Pour contre-exemple, extrait du DVD de Nadine CHIFFOT : Une
jeune, Célia, est suivie en placement familiale. Son éducatrice
référente donne son avis sur les parents de Célia: «
les parents sont en capacité de se détacher de leurs propres
difficultés pour s'intéresser à leur fille. C'est assez
rare en placement familial ». Les parents, qui vivent à
l'hôtel, disent à leur fille « un jour tu reviendras
vivre avec nous ». Le père, lucide, pense que « c'est
à nous de donner les limites, en complément de l'éducation
qu'elle a dans sa famille d'accueil ». Célia vérifie
que les règles sont les mêmes pour tous les adultes, ce qui lui
demande une concentration qui aboutit à un épuisement
après les visites. Il existe une vraie relation de confiance entre les
parents et la famille d'accueil. Entre l'assistante familiale, les services
sociaux et les professionnels de la santé, c'est un travail
d'équipe.1
L'accès à
l'information
En parallèle, dans le but d'informer tous les
professionnels et usagers, j'ai mis à disposition une bannette dans le
hall d'accueil du PFS. J'y ai inséré des prospectus en lien avec
l'adolescence à propos de divers sujets tels que l'alcool, la drogue, la
sexualité...
L'emplacement de la bannette a été
réfléchi avec l'aide de la secrétaire qui m'a
conseillée de la positionner dans un endroit où parents, enfants,
familles d'accueil sont susceptibles de patienter, mais pas trop en
évidence pour qu'ils osent se servir.
Ci-après, je vous présente l'évaluation de
mon projet.
52
1 Nadine CHIFFOT, op.cit.
53
|