II.3.b - « Attaque » du lien créé
avec la famille d'accueil
Souvent, ne pouvant s'en prendre à ses parents,
l'enfant accueilli teste le lien avec la famille d'accueil pour vérifier
jusqu'à quel point elle tient à lui. Il cherche à
recréer le schéma de séparation vécu avec ses
parents, en adoptant des comportements violents, tyranniques, agressifs, qui
peuvent amener le professionnel dans ses retranchements. Lorsque la relation
devient trop conflictuelle, une fin de placement peut alors être
décidée, soit par l'assistant familial, soit par le service
gardien, afin de préserver l'enfant et la famille d'accueil. Dans le cas
où ce genre de décision se prend, cela peut conforter l'enfant
dans l'idée de sa responsabilité quant à la
séparation de son milieu naturel.
Puisque, comme le stipule Maurice BERGER dans
L'échec de la protection de l'enfance, « certains
enfants ont la conviction que c'est de leur faute si leurs parents ne sont pas
adéquats avec eux. »1
Suite à mes observations, j'ai remarqué que cela
se produisait plus souvent à l'adolescence. À cette
période, l'enfant se pose la question de son identité et de son
appartenance familiale et cherche à devenir indépendant
psychiquement de ses parents. Cette période est souvent source de
dépressions, de crises, de passages à l'acte. Elle est d'autant
plus difficile à gérer lorsque l'enfant vit dans une famille qui
n'est pas la sienne. C'est pourquoi, c'est souvent une période qui
fragilise le placement.
« Pour l'adolescent placé, la pathologie du
lien va se révéler. On assiste à une résurgence de
la problématique de la séparation. Il y a le risque que le
placement soit détruit par ses attaques; l'adolescent recolle alors
à ses parents - défaillants - à un âge où il
devrait s'autonomiser »2 explique Christian ALLARD.
1 Maurice BERGER, L'échec de la protection de
l'enfance, op.cit., p.14
2 Christian ALLARD, Pour réussir le placement
familial. Issy-les-Moulineaux: ESF éditeur, 2007
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