Section 2 : les déterminants du chômage
des jeunes
Il existe plusieurs théories qui traitent des
déterminants du chômage des jeunes. Parmi celles-ci, nous retenons
la théorie de segmentation (Peek et Antolinez, 1977 ; Stabler, 1989 ;
Ginding, 1991 ; Tannen, 1991 cités par Kouamé, 1997) comme
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critères de discrimination sur le marché du
travail, par nature subjectifs, tels que le sexe, le statut migratoire, la
province d'origine (tribu ou ethnie), la religion, etc.
Nous nous proposons ici de voir comment ces
caractéristiques individuelles ont été traitées
dans la littérature.
1. Effet des migrations dans le chômage
La porte privilégiée d'entrée à
l'emploi des migrants arrivant en ville est le réseau relationnel,
omniprésent dans le contexte de la migration africaine
(Ouédraogo, 1987). A Kinshasa en 1981, 51% des migrants se
déclaraient commerçant et la plupart exerçaient des
professions non salariées (Lututala, 1987 cité par Antoine,
1995).
Toutefois, des études ont montré que le statut
migratoire n'est pas un facteur discriminant pour l'accès à
l'emploi (Revue actualité, 1995). Autrement dit, les chances de trouver
un emploi formel des migrants et des non migrants ne seraient pas
significativement différentes. Il se pourrait même que les
migrants aient un accès plus facile à l'emploi urbain que les non
migrants.
2. Effet du genre dans le chômage
Parmi les populations urbaines, les femmes en
général seraient les plus défavorisées sur le
marché d'emploi. Une explication de cette discrimination contre les
femmes est donnée par la théorie du capital humain (Mincer et
Polachek, 1974 cités par Anker et Hein, 1986). L'engagement en union des
jeunes femmes constitue un frein dans l'accès à l'emploi car
poussées par des contraintes familiales dont les nombreuses
maternités et autres blocages structurels, elles doivent très
souvent arrêter toutes les activités pour se confiner aux
tâches ménagères, qui ne sont pas comptabilisées
dans le système productif.
Avec le temps, les choses ont évoluées et les
femmes sont des plus en plus présentes sur le marché de travail
avec une augmentation rapide de leur taux d'activité entre 2005 et 2012
(59% en 2005 et 64,11% en 2012). Malgré cette augmentation, l'analyse a
révélé que le taux de chômage serait plus
sévère chez les jeunes et en particulier les jeunes filles
(Rapports finaux des enquêtes 1-2-3 de 2005 et 2012).
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Une étude de la Banque mondiale sur « les facteurs
démographiques et structurels » a conclu que la croissance de la
population active sera inférieure à celle de la population
totale. Ce qui indique que la population sera de plus en plus jeune et que si
rien n'est fait pour créer des nombreux emplois décents, des
situations explosives pourraient en résulter. Une autre
révélation de la segmentation de cette population cible, est que
les jeunes filles sont les plus exposées au chômage,
conséquence de la faible scolarisation et des barrières
socioculturelles.
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