Chapitre 1. Revue de la littérature
Section 1 : le processus d'accès à
l'emploi
Il ressort dans la plupart des travaux sur le processus
d'accès à l'emploi que le secteur informel joue un rôle
prépondérant dans l'absorption de la main d'oeuvre (Nelson, 1976
cité par Lututala, 1995 ; Lontchi et Fotzeu, 2005).
§1. Rôle du secteur informel dans la
réduction du chômage
L'emploi informel constitue la solution qui s'est
spontanément et logiquement mise en place afin de parvenir à un
équilibre du marché du travail perturbé par une croissance
démographique rapide (Dubresson, 1996). La place du secteur informel
dans l'insertion d'emploi a été étudiée bien avant
dans le modèle de Todaro 1969 cité par Lututala (1995), où
l'absorption de la main d'oeuvre est décrite comme un processus en deux
temps, dans lequel les migrants sont supposés passer par une
étape intermédiaire (le secteur informel) avant leur
intégration au marché du travail moderne.
Les données récentes montrent qu'il y a eu une
croissance rapide dans l'agriculture à petite échelle et le
secteur informel, mais ces activités ne créent pas de
possibilités pour les travailleurs qualifiés (Herderschee ;
Mukoko et Tshimanga, 2012). Sur 100% des jeunes qui travaillent, 70 à
80% sont employés dans le secteur informel. Souvent ces emplois sont peu
rémunérés et peu productifs, seulement 10% des jeunes ont
un travail dans le secteur formel (Banque mondiale, 2013). Le petit commerce,
les ateliers de couture, de mécanique et de menuiserie, le salon de
coiffure, les cabines téléphoniques et l'agriculture familiale
sont là les grandes activités lucratives exercées par les
jeunes sans emploi ou en quête d'emploi (Koloma, 2014).
En RDC, l'économie informelle est dominante et emploie
88,6% des actifs occupés. L'administration est le second pourvoyeur
d'emploi avec seulement 7,4% des actifs occupés, les autres secteurs
(les entreprises privées formelles, les entreprises du portefeuille de
l'Etat et les établissements publics ainsi que les entreprises
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associatives) utilisent chacun moins de 4% de la main d'oeuvre
(http//www.bcc.cd, consulté le 10 août 2015).
Les emplois informels sont occupés par les jeunes et se
concentrent beaucoup plus dans la branche agriculture (78% des actifs).
Toutefois, en milieu urbain 51% des emplois sont concentrés dans le
secteur « commerce ». Les actifs du secteur informel sont moins
instruits que ceux des autres secteurs et sont dominés par les femmes
pour 54,2% et les migrants pour 71%. Une analyse statistique de la distribution
sectorielle des emplois conclut que 72% des emplois sont détenus dans le
secteur agricole, minier, secteur à productivité basse et
à potentiel encore très importants. Seulement 6% de ces emplois
sont recensés à Kinshasa et les 80% dans le Bandundu, l'Equateur,
la Province-orientale et le Maniema. Les industries extractives emploient 10%
d'ouvriers principalement dans les deux Kasaï et 3% dans le Katanga.
Le monde rural est encore le premier pourvoyeur d'emplois,
même si sa part dans l'emploi global a diminué
légèrement, en raison de l'exode rural et de la crise
financière internationale qui a touché les artisanaux des mines.
En effet, entre 2005 et 2012, la population active occupée est
passée de 66% à 64,6% (Enquête 1-2-3, INS, RDC, 2012).
En définitive, le secteur formel est loin d'absorber
les milliers de nouveaux demandeurs d'emploi qui, chaque année, viennent
augmenter le nombre de chômeurs. Le secteur informel se présente,
face à cette situation, comme un refuge pour de nombreux demandeurs
d'emplois, mais avec des types d'emplois peu décents au regard des
conditions de travail et de la protection sociale. Les résultats des
travaux sur le secteur informel ont montré que, non seulement celui-ci
représente une forte proportion de l'emploi total en milieu urbain, mais
qu'en plus il est en constante progression. En résumé, le secteur
informel joue un rôle important en milieu urbain.
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