4. Effet des réseaux relationnels dans la
réduction du chômage
De nombreuses études ont montré l'importance des
différents réseaux relationnels dans la réduction du
chômage. Selon celles-ci, les opportunités d'emploi, et donc
l'appartenance sectorielle des travailleurs dépendraient des
réseaux sociaux auxquels ils appartiennent. Et l'appartenance à
des réseaux sociaux serait elle-même déterminée par
l'origine familiale des individus. C'est cette dernière, combinée
aux réseaux sociaux qui déterminerait les opportunités
d'emploi dont disposeraient les individus, et donc leur place dans le
marché du travail.
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Dans le cas précis, nous nous attendons à ce que
les réseaux relationnels (familiaux ou sociaux) et surtout l'origine
familiale joue un rôle positif en faveur des jeunes diplômés
issus des familles aisées. Ces derniers bénéficiant d'un
plus grand accès à emploi.
5. Effet de l'ethnie ou la tribu dans le chômage
Très peu d'études font cas de l'effet de
l'ethnie ou de la tribu dans l'accès à l'emploi. Dans la
littérature, certains auteurs pensent que dans certaines capitales
africaines, par exemple, il y aurait une sorte de spécialisation par
région (province pour le cas de la RDC) d'origine, par ethnie ou par
tribu (Lootvoet, 1988). Si cette spécialisation par ethnie existe en
effet, cela veut dire que l'insertion des individus sur le marché de
travail sera d'autant plus facilitée, mieux assurée et mieux
garantie. A l'opposé, si elle n'existe pas, cela signifie que les
individus auront davantage la possibilité d'être employés
partout où ils veulent. Plusieurs études ayant tenté de
faire la part des choses entre ces deux hypothèses ont montré que
l'on peut trouver des ressortissants d'une même province, tribu ou
ethnie, d'un même groupe culturel à l'intérieur d'une
même entreprise.
Dans le cas spécifique de la RDC, comptant plus de 40
ethnies et quelques 400 tribus, nous pensons que l'appartenance ethnique joue
un grand rôle dans l'employabilité des jeunes
diplômés. Toutefois, nous nous garderons de fixer à priori
le sens de la relation entre l'ethnie et l'accès à l'emploi.
6. Effet de la crise économique
A l'instar de la plupart des pays africains, la RDC connait
une situation socioéconomique préoccupante malgré
l'existence depuis 2009 du plan d'action national pour la promotion de l'emploi
des jeunes en RDC et la mise à disposition d'un programme d'appuis
à la création d'emploi des jeunes et autres projets comme le
CERPUDEC repris dans le DSCRP 1, soit l'accompagnement de projets comme l'IPEC
1 et 2, AREDI, ACTIMINES, AREDII. La problématique et les défis
de l'emploi en RDC restent entiers et ce, malgré des appuis multiformes,
tant au niveau du gouvernement que du système des nations unies,
déployés afin d'éradiquer le triple
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phénomène de la pauvreté, du
chômage et du sous-emploi dans un pays où, chaque année, le
système éducatif déverse plus de 600.000 primo-demandeurs
d'emplois sur le marché de travail (ONEM, 2013).
L'oeuvre d'un réel affranchissement de la
pauvreté par des emplois décents est immense et demande un
déploiement d'efforts et des moyens importants pour ne résoudre
qu'en partie le phénomène du chômage et du sous-emploi.
Présentement, la ville de Kinshasa souffre d'un taux
accéléré de croissance de sa population causé par
un fort taux de natalité, un taux de mortalité plus faible et des
arrivées massives de population déplacée par la guerre ont
déclaré Herderschee, Mukoko et Tshimanga, (2012). La
pauvreté semble être dans ce coin reliée au manque
d'emplois et de revenus ajoutent-ils. Avec un taux de chômage et de
sous-emploi élevés, les priorités de Kinshasa comme dans
d'autres milieux urbains doivent être la création d'emplois pour
les pauvres et aussi pour sa main d'oeuvre formée et qualifiée
ont-ils souligné. La croissance de l'emploi dans les entreprises bien
établies semble n'avoir été que de 2-3 % par an ; compte
tenu de la croissance de la main- d'oeuvre, ceci ne suffit pas à
réduire le chômage. Dans le même temps, ils indiquent que
quelques grandes entreprises minières et de
télécommunications ont étendu leurs opérations et
comme elles sont peu nombreuses, il n'y a donc pas d'impact significatif sur
les possibilités d'emploi.
Chausse et al. (2012) évoquent le même
problème et préconisent l'absence d'un secteur dynamique de PME
qui prive la RDC d'un moteur de croissance important et les jeunes travailleurs
qualifiés de possibilités d'emploi.
L'analyse des données recueillies dans l'enquête
1-2-3 de 2012 a montré des fortes disparités selon le sexe, les
tranches d'âge et le milieu considéré. Quelque soit le
sexe, le rapport note que la tranche d'âge 20-24 ans est la plus
touchée et que les hommes connaissent plus le chômage que les
femmes. Il met enfin en exergue une forte urbanisation du chômage plus
élevée dans les villes de Kinshasa et les deux Kivu.
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Koloma (2014), dans son étude sur «
l'employabilité des jeunes diplômés sur le marché du
travail » enregistre un taux de chômage élevé
avoisinant 85% si l'on sépare le secteur informel du secteur formel. En
prenant les deux ensemble, ce taux se rabaisse à 40%. Il confirme
à nouveau que le chômage est un phénomène urbain
touchant particulièrement les jeunes et les femmes. Cette adaptation aux
réalités de l'environnement économique et social de la RDC
pousse de nombreux citoyens à tout faire et à tout apprendre sans
une vision à long terme et sans tenir compte des besoins du pays,
conclut-il.
L'analyse de toutes les tentatives de stabilisation du niveau
global du chômage (grands travaux, création du PROCER, du PNDDR,
IPEC1 et 2, des projets ARED 1 et 2, de la mise en oeuvre des STEP, des
ACTMINES et du projet PRO-YEN), démontre qu'il n'en demeure pas moins,
pour le gouvernement, l'existence d'un défi majeur pour stabiliser la
pauvreté monétaire voire la diminuer fortement. Le financement de
nouvelles PME/PMI (agricoles et de services en priorité) destinés
principalement aux jeunes et le sauvetage des entreprises en difficulté
et/ou en faillite (nécessite de mettre en place une cellule des
entreprises en difficulté afin de sauver des emplois) participeront
à la création et à la stabilisation d'emploi.
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