5.3 Sur la végétation et les groupements
végétaux
En partant de la terre ferme vers le milieu des cours d'eau,
la végétation présente une répartition
dépendant de plusieurs facteurs : nature du substrat, hauteur d'eau,
action des vagues, teneur de l'eau en substances minérales, etc.
Les séquences végétales suivantes peuvent
souvent être distinguées dans les conditions actuelles :
- la typhaie, caractérisée par
Typha domingensis est parfois associée à Phragmites
australis ; cette zone peut s'avancer dans l'eau jusqu'à 1,50 m de
profondeur. La typhaie
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constitue souvent une barrière
impénétrable et joue de ce fait un rôle important dans la
protection des rives et des digues contre l'érosion. Elle est
également un lieu de frai et de nidification pour de nombreux oiseaux et
de dortoir aux oiseaux granivores qui font beaucoup de dégâts dans
les cultures;
- la nymphaie, s'étend jusqu'à 3m de
profondeur; Nymphaea lotus est la principale
caractéristique; la nymphaie apparaît en avant
de la typhaie vers le large. Les tiges immergées des
nénuphars servent souvent de support à diverses espèces de
mollusques dont certaines transmettent la bilharziose ;
- la zone à plantes submergées
(fixées ou non) est dominée par les Potamots et est
observée entre 0,5 m jusqu'à plus de 3 m de profondeur de l'eau;
sur les deux espèces de potamots recensées dans la région,
P. schweinfurthii peut s'avancer aux plus grandes profondeurs alors
que P. octandrus se cantonne sur les berges à de faibles
niveaux d'eau; les herbiers à Ceratophyllum demersum,
Utricularia sp, Najas sp peuvent également
apparaître à de faibles profondeurs dans des eaux calmes,
faiblement chargées en éléments minéraux ;
- la zone à plantes flottantes libres
(Pistia, Salvinia,...), est fonction de la direction des
vents dominants et des vagues; les macrophytes flottants peuvent se retrouver
dans les espaces vides apparaissant dans les zones précédentes.
Si la densité des espèces flottantes devient importante et les
peuplements stables, les herbiers submergés disparaissent en dessous car
ils ne reçoivent plus assez de lumière. Cette zone constitue
également une zone de frai pour différentes espèces de
poisson et d'autres espèces animales qui y trouvent nourriture et
support.
La ceinture de végétation
présentée ci-dessus change fréquemment d'un point à
un autre en raison de particularités mésologiques locales.
D'autres macrophytes comme Phragmites australis,
Cyperus articulatus, Cyperus alopecuroides, peuvent devenir
dominant localement à la faveur de conditions particulières
surtout en ce qui concerne le substrat, la pente, le degré
d'humidité et la salinité.
Plusieurs groupement végétaux ont
été reconnus et décrits en milieux humides (Trochain, 1940
; Adam, 1964 ; Thiam, 1984). Les groupements végétaux des milieux
d'eau douce sont plus nombreux que ceux observés dans les milieux
salés du delta. Cela n'est pas surprenant compte tenu des
difficultés physiologiques que les plantes doivent surmonter pour vivre
dans des conditions imposées par le sel dans le sol et dans les eaux.
Malgré le dessalement en cours dans de nombreux sites, les groupements
halophiles occupent encore d'importantes superficies; la nappe souterraine
d'eau salée sous-jacente qui parcourt la région contribue
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certainement à leur maintien. De plus, le dessalement
des terres, un des objectifs visés par la construction des barrages, se
poursuit en un rythme lent. Les aménagements à réaliser
pour cela demeurent encore faibles. Certaines infrastructures comme l'«
émissaire du delta », qui devraient contribuer à
éliminer vers l'aval, les sels provenant du lessivage des terres ne sont
pas encore entièrement opérationnelles. De façon
générale, la végétation des zones humides soumises
aux sels, montre que la salinité des terres demeure encore relativement
élevée. Par endroits, les Tamarix senegalensis
disparaissent et sont remplacés par Typha domingensis.
Par rapport aux écosystèmes terrestres, les
écosystèmes aquatiques présentent en général
une variation plus faible des différents paramètres de
l'environnement en raison de l'effet modérateur de l'eau en relation
avec ses propriétés particulières (chaleur
spécifique élevée et très faible
conductibilité thermique) ; ceci se traduit par un plus grand nombre
d'espèces cosmopolites.
Aujourd'hui, il est admis que les angiospermes aquatiques ont
évolué à partir des angiospermes terrestres (Cook, 1990).
L'immigration des plantes terrestres dans des milieux d'eaux douces
présentent de nombreuses barrières physiologiques. Finalement,
très peu d'angiospermes (< 1 %) et de ptéridophytes (< 2 %)
ont pu s'adapter à une submersion totale dans l'eau (Wetzel, 1983).
C'est pourquoi, certaines angiospermes émergentes croissant en continu
dans les milieux saturés en eau sont-elles bien adaptées et sont
parmi les plantes les plus productives de la biosphère.
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