Chapitre 5 Discussion générale
Au terme de ce travail, il a paru utile de revenir sur le
contexte et la justification et de discuter les principaux résultats
obtenus de l'étude de la flore, de la végétation et des
groupements végétaux, ainsi que des aspects liés à
la prolifération des espèces majeures pour comprendre le
problème, son évolution et son impact sur l'environnement, et
dégager quelques perspectives dans le cadre de la gestion durable des
macrophytes aquatiques proliférants dans le delta et le lac de
Guiers.
5.1. Sur les problèmes du milieu
Le delta du fleuve Sénégal et le lac de Guiers
ont subi de profonds changements avec la mise en place des barrages de
Manantali et de Diama et les différents aménagements qui en ont
résulté (endiguements, aménagements de
périmètres irrigués, Parcs nationaux,...). Ces ouvrages
ont perturbé de manière très sensible les régimes
hydrauliques et le fonctionnement général des
écosystèmes aquatiques (Cogels et al., 1993; Kane,
1997). Il est bien connu, que la transformation d'un système d'eau
courante en un système d'eau dormante qui survient avec les barrages,
influe sur le peuplement végétal et peut entrainer l'extension
rapide de certaines espèces (Boughey, 1963 ; Cook, 1968 ; Gaudet, 1974 ;
Dejoux, 1988).
Les grands ouvrages sur le fleuve Sénégal ont eu
des impacts indéniables sur l'environnement, parfois positifs, mais
souvent négatifs (BDPA/Coyne et Bellier, 1999). Certains effets
prévisibles ont été cités dans différentes
études d'impacts (Gannett Fleming, 1980) ainsi que
l'étude des problèmes environnementaux et de protection des
milieux naturels (République du Sénégal, 1994; BDPA et
al., 1995b). Les principaux problèmes environnementaux posés
par les ouvrages sont une salinisation accrue des sols en aval de Diama ; en
amont avec une recharge plus importante des nappes il y a par endroits des
remontées de sels par capillarité, la baisse importante de la
production piscicole, la perturbation des pratiques traditionnelles de cultures
de décrue, la dégradation de la qualité des eaux dans les
secteurs de production intensive, la pression croissante et les conflits
liés à l'usage des eaux, les problèmes de
santé,...(BDPA et al., 1995a ; BDPA et al., 1995b).
Les incidences négatives des barrages sur les systèmes de
production traditionnels et sur les cultures irriguées ont
également été analysées (Adams, 2000 ; Dumas et
Mietton, 2006).
Malgré les nombreuses études
réalisées, certains impacts restent encore moins bien connus et
de façon générale, les effets en termes quantitatifs sont
mal évalués (Diakhaté, 1986). Il est ainsi difficile d'en
mesurer exactement les risques.
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Il faut reconnaitre que les données de base sur la
gestion et l'impact environnemental des barrages sont très
limitées et insuffisantes pour:
- gérer les ouvrages conformément à leurs
objectifs;
- moduler ces objectifs et cette gestion dans le cadre plus
général du développement durable et économiquement
acceptable de la vallée, respecter l'environnement au sens large et
réaliser des programmes de développement compatibles avec
notamment la santé des populations (BDPA/Coyne et Bellier, 1999).
L'adoucissement important des eaux ainsi que la
stabilité des hauteurs d'eau suite aux ouvrages ont entrainé la
multiplication excessive de certaines espèces végétales
(Anonyme, 1995b). Les principaux effets négatifs suivants sont
observés :
- difficultés pour les populations humaines et les
animaux d'accéder à l'eau douce pour s'abreuver;
- entrave à l'écoulement des eaux pour les besoins
d'irrigation agricole;
- difficultés de déplacements sur les plans d'eau
envahis par la végétation aquatique; - limitation des
activités de pêche sur le fleuve, les affluents et le lac de
Guiers ;
- recrudescence de maladies liées à l'eau douce
comme le paludisme et la bilharziose ;
- augmentation des peuplements de macrophytes qui constituent
des dortoirs et des zones de nidification pratiquement inviolables pour les
oiseaux granivores néfastes aux cultures;
Il s'agit là des principaux effets négatifs. Ils
se sont manifestés ou se sont amplifiés après la
construction des barrages. Ces effets ne paraissent pas avoir été
suffisamment pris en compte dans les études d'impacts
réalisées avant la construction des ouvrages (Gannett Fleming,
1980).
Pour pallier l'insuffisance d'informations sur l'environnement
de la vallée du fleuve et de ses dépendances, l'OMVS a
préconisé la mise en place d'un Observatoire sur l'environnement
qui assurerait le suivi environnemental des zones affectées par les
barrages et permettrait aux décideurs de disposer d'informations utiles
à la mise en oeuvre d'actions d'atténuation des effets
négatifs sur l'environnement (BDPA/Coyne et Bellier, 1999 ; O.M.V.S,
2003).
Des modèles de gestion des eaux du lac de Guiers ont
été proposés (Cogels, 1997).La mise en place en 2010
par les autorités sénégalaises de l'Office du lac de
Guiers (O.LA.G), chargée de
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la gestion du plan d'eau constitue une décision
politique et administrative importante dans le sens d'un meilleur suivi, du
contrôle et de la protection du lac. Il faut espérer que la
structure disposera des moyens nécessaires à l'accomplissement de
sa mission.
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