4.6 Conclusion
Les sédiments du lac de Guiers contiennent
d'importantes quantités d'akènes de Typha domingensis
avec un pouvoir germinatif élevé. La croissance de la plante
est très rapide dans les conditions du delta et le lac de Guiers ce qui
la rend envahissant. Elle peut croître de près d'1cm par jour. La
multiplication végétative à partir des rhizomes est
importante et domine dans les
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peuplements déjà installés alors que la
colonisation des espaces vierges se fait par l'intermédiaire des grandes
quantités de fruits produits et disséminés pendant la
majeure partie de l'année particulièrement durant la longue
saison sèche.
La phytomasse produite est très élevée et
atteint plus de 80 t de matières sèches par hectare. Les
investigations devraient être poursuivies en vue d'une
modélisation des processus de croissance et de multiplication de la
plante en fonction notamment des hauteurs d'eau et de la salinité du sol
et de l'eau. Les possibilités de valorisation de l'importante phytomasse
du macrophyte devront recevoir également plus d'attention.
Une bonne connaissance de la dynamique des peuplements de
T. domingensis permettra certainement d'établir des programmes
de gestion de la plante dans les réservoirs et les milieux humides et
augmenter l'utilisation de la phytomasse tout en réduisant les effets
négatifs liés à l'accumulation de la matière
organique produite par la plante dans les plans d'eau.
La multiplication végétative est la principale
forme de reproduction de Pistia stratiotes dans le lac de Guiers. La
vitesse d'accroissement est en relation avec la densité. Les
densités de 4 à 8 individus au mètre carré sont
favorables à la pullulation de la plante. La phytomasse sèche
produite en milieu naturel est en moyenne de 1900 g de matières
sèches par m2.
Pistia ne présente pas actuellement de risques
de prolifération depuis que les niveaux sont devenus plus stables et les
eaux moins turbides. Cependant, d'autres grands ouvrages sont en chantier en
amont sur le fleuve Sénégal (barrages hydroélectriques de
Félou et de Gouina notamment). La mise en service de ces ouvrages
pourrait créer de nouvelles conditions favorables à l'extension
de la plante. Il s'agira de préciser dans l'avenir les facteurs propices
au développement de l'espèce dans le delta notamment en ce qui
concerne la qualité et la hauteur des eaux. La reproduction
sexuée de Pistia mériterait également
d'être étudiée car celle-ci joue un rôle fondamental
dans l'adaptation de la plante aux conditions écologiques changeantes de
la zone.
Les mesures biométriques de différents organes
de P. schweinfurthii ont permis d'obtenir des données
originales sur la morphologie de la plante dans le lac. Les principaux sites
d'extension du macrophyte dans le lac ont été localisés
sur une carte. Celle-ci qui pourrait aider dans le suivi du
développement des herbiers de la plante dans le lac. La phytomasse
produite est très faible, environ 290 g de matière sèche
par m2. La plante est constituée à plus de 85 % d'eau
que l'on trouve beaucoup plus dans les feuilles.
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Il serait intéressant de suivre le développement
des tapis de P. schweinfurthii dans le lac et étudier
les effets des peuplements de P. schweinfurthii sur le processus et la
vitesse de sédimentation dans le lac de Guiers.
Le développement rapide de Salvinia molesta a
montré quelques problèmes que peuvent engendrer l'introduction
d'espèces exotiques invasive surtout lorsqu'elles sont douées
d'un important potentiel de multiplication. Certes, la lutte biologique avec
Cyrtobagous salviniae a permis de contrôler la plante.
Cependant, les conséquences de l'introduction de l'insecte n'ont pas
été évaluées. L'agent biologique a
été utilisé dans l'urgence. Il n'y a pas eu au
préalable d'études d'impacts de l'insecte sur
l'écosystème du delta. En tout état de cause, il est
impératif de suivre les populations de S. molesta dans la
zone.
La diminution de la salinité de l'eau et celle des
terres dans certains cas ainsi que les hauteurs d'eau élevées
toute l'année ont été les principaux facteurs qui ont
provoqué l'extension des macrophytes étudiés. La mise en
valeur des terres irrigables, la bonne gestion de l'eau, et l'entretien
régulier des canaux aideraient sans doute à maintenir les
macrophytes de la zone à des niveaux qui ne gênent pas trop les
activités humaines et ne posent pas de graves problèmes
environnementaux. Cela doit se faire dans un cadre politique bien
déterminé et suivi.
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