4.2.2.3 Phytomasse
Les résultats des mesures de phytomasse de Typha
dans les conditions expérimentales et les conditions naturelles
sont indiqués dans le tableau 23.
Les accroissements de phyomasse obtenue dans les bacs
où les Typha proviennent uniquement des graines a
été de 7 g de matières sèches par
m2/jour pendant les 5 premiers mois. La phytomasse aérienne
était alors près de 3 fois plus faible que la phytomasse
souterraine. Au 8 ème mois, les phyomasses souterraine et
aérienne sont devenues pratiquement égales et
représentaient respectivement 48% et 52%. La masse
végétale totale produite est d'environ de 12
g/m2/jour.
Le développement des Typha à partir des
rhizomes a montré une production végétale 2,5 fois plus
importante soit près de 17 g de matières
sèches/m2/jour au bout de 248 jours (8 mois). En conditions
naturelles dans le lac de Guiers, la production annuelle de Typha
domingensis a été de 82 tonnes de matières
sèches par hectare en moyenne dont 57 % est constituée par la
phytomasse aérienne et 43 % par la phytomasse souterraine.
La comparaison des phytomasses de Typha obtenues dans
les bacs B et C permet d'estimer la productivité de Typha
domingensis dans nos conditions expérimentales sur les rives du lac
de Guiers à 6590 g de matières sèches par
m2 et par an (soit 65,9 tonnes par hectare et par an).
L'estimation de la productivité des typhaies est beaucoup plus
aisée dans les pays tempérés que dans les pays tropicaux,
car dans les premiers la saison de végétation est bien
délimitée dans le temps.
Les Typha se développant à partir des
rhizomes produisent une masse végétale beaucoup plus importante
et plus rapidement.
151
Tableau 23 - Phytomasse de T. domingensis en conditions
expérimentales et naturelles
|
Poids frais (g/m2)
|
Poids sec (g/m2)
|
Hydratation (% d'eau)
|
Phytomasse sèche (%)
|
BAC C (Typha à partir de graine)
récolte après 150 jours
|
|
Phytomasse aérienne (g/m2)
|
1 164
|
245
|
79
|
%
|
23,30
|
Phytomasse souterraine (g/m2)
|
3 580
|
809
|
77
|
%
|
76,70
|
Phytomasse totale (g/m2)
|
4744
|
1 054
|
78
|
%
|
100,00
|
Accroissement moyen journalier
|
|
|
|
|
|
Phytomasse (g/m2)
|
32
|
7
|
|
|
|
Moyenne phytomasse (g/m2)
|
11 680
|
2 555
|
|
|
|
Moyenne phytomasse (tonnes/ha)
|
116,8
|
25,5
|
78
|
%
|
|
BAC B (Typha à partir de graines,
récolte après 248 jours)
|
|
Phytomasse aérienne (g/m2)
|
3 909
|
1 410
|
79
|
%
|
48,28
|
Phytomasse souterraine (g/m2)
|
12 881
|
1 510
|
88
|
%
|
51,72
|
Phytomasse totale (g/m2)
|
16 790
|
2 920
|
83
|
%
|
100,00
|
Accroissement moyen journalier de la phytomasse
(g/m2/jour)
|
67,7
|
11,7
|
|
|
|
Moyenne phytomasse (g/m2/an)
|
24 820
|
4 380
|
|
|
|
Moyenne phytomasse (tonnes/ha)
|
248,2
|
43,8
|
83
|
%
|
|
BAC A (Typha à partir de rhizome,
récolte après 248 jours)
|
|
Phytomasse aérienne (g/m2)
|
4 393
|
1 281
|
71
|
%
|
30,80
|
Phytomasse souterraine (g/m2)
|
12 099
|
2 881
|
77
|
%
|
69,20
|
Phytomasse totale (g/m2)
|
16 492
|
4 162
|
75
|
%
|
100,00
|
Accroissement moyen journalier
|
|
|
|
|
|
Phytomasse (g/m2/jour)
|
67
|
17
|
|
|
|
Moyenne phytomasse (g/m2/an)
|
24 455
|
6 205
|
|
|
|
Moyenne phytomasse (tonnes/ha)
|
244,5
|
62,05
|
75
|
%
|
|
Typha en conditions naturelles dans le lac de
Guiers
|
|
Phytomasse aérienne (g/m2)
|
13 446
|
4 641
|
65,5 %
|
56,60
|
Phytomasse souterraine (g/m2)
|
15 490
|
3 563
|
77
|
%
|
43,40
|
Phytomasse totale (g/m2)
|
28 936
|
8 204
|
72
|
%
|
100,00
|
Moyenne phytomasse (tonnes/ha)
|
290
|
82
|
72
|
%
|
|
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152
Figure 33 - La phytomasse hypogée in situ de
T. domingensis est également très importante
Les phytomasses mesurées en milieu naturel sont
beaucoup plus élevées que celles obtenues dans les bacs
d'expérimentation en raison certainement de la plus grande
disponibilité des nutriments dans la nature et de la densité plus
faible des individus.
L'utilisation du Système d'Information
Géographique (SIG) de la SAED a permis d'estimer sur 40 km, entre le
village de Diama et Débi-Tiguet, 7000 ha infestés entre le fleuve
Sénégal et la digue de protection. Ce qui représenterait
une phytomasse totale comprise entre 840 000 tonnes et 1 050 000 t de
matières fraiches (estimation entre 120 et 150 tonnes de matières
sèches par hectare) (GTZ 2001).
Diop (2002) a mesuré à Cambérene aux
environs de Dakar (Sénégal), une productivité de 180 t/ha/
an avec des Typha domingensis alimentés exclusivement avec des
eaux usées domestiques. Cette valeur représente près de
2,5 fois la productivité que nous avons obtenue en milieu naturel plus
au nord du pays. Typha domingensis paraît avoir une grande
capacité de fixation dans sa biomasse, des nutriments contenus dans les
eaux usées, et par ce fait, de pouvoir épurer celles-ci (Diop,
2002).
153
La biomasse de Typha domingensis a été
estimée entre 1122 et 2537 g de matières
sèches/m2 et la productivité à 1580 g de
matière sèche/m2/an en Afrique de l'Est et du Sud
(Howard Williams & Lenton, 1975).
En Inde, la biomasse aérienne de Typha angustata
L. (syn. de T. domingensis Pers.) varie entre 1468 à 4147
g/m2 dans différentes populations de Typha sous des
conditions d'humidité diverses (Gopal, 1982).
En Caroline du Sud aux Etats Unis, la productivité de
Typha australis Schumach (syn. de T. domingensis Pers.) a
été estimée à 1483 g/m2/an (Bradbury
& Grace, 1983).
Les valeurs de biomasse de Typha domingensis
trouvées dans le lac de Guiers et les productivités
estimées dans le delta, comparées à celles
signalées dans la littérature, montrent que les typhaies du delta
du fleuve Sénégal et du lac de Guiers sont parmi les plus
productives au Monde.
La prolifération de Typha domengensis dans le
delta a été accompagnée dans le parc du Djoudj et le lac
de Guiers, par celle de Pistia stratiotes, un macrophyte
libre flottant. L'étude qui suit porte sur cette espèce qui a
envahi la région sud du lac de Guiers au début des années
90.
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