Chapitre 4 Macrophytes aquatiques
proliférants
4.1. Introduction
Le développement excessif de certaines espèces
végétales peut être source de problème plus ou moins
sérieux dans les habitats aquatiques et les milieux humides dans
plusieurs régions d'Afrique et du Monde (Holm and al., 1977 ;
Kornas, 1990; Anonyme, 1995b ; Diop et Triplet, 2000 ; Dutartre, 2004 ; Myers
and Bazely, 2005 ; Beauvais et al., 2006 ; Muller, 2006). Une
multitude de problèmes environnementaux leurs sont assiociés. Le
changement rapide des conditions environnementales entraînent
généralement une augmentation de la diversité, de
l'étendue et des impacts des espèces dites « envahissantes
», invasives, proliférantes,etc. On se heurte ici aussi comme dans
d'autres disciplines scientifiques à des problèmes de
sémantiques et de définitions. Une terminologie précise et
homogène serait nécessaire en matière d'introduction des
espèces (Beisel et Levêque, 2010). La croissance excessive des
macrophytes aquatiques entraîne également une augmentation des
risques pour la santé à travers la formation d'habitats propices
au développement de vecteurs de maladies humaines telles que le
paludisme et la schistosomiase. Par ailleurs, la prolifération des
végétaux augmente l'évapotranspiration accélerant
ainsi les pertes d'eau dans une régionsemi arideoù les
végétaux, le bétail, la faune sauvage et les hommes en ont
d'importants besoins en eau.
Nous qualifions dans ce travail de proliférant
toute espèce végétale aquatique (autochtone,
allochtone, exotique, importée,...) dont la pullulation dans les milieux
naturels ou semi-naturels, provoque ou est susceptible de provoquer des
nuisances. Nous appliquons le terme invasion à
Salvinia molesta, la fougère exotique aquatique introduite
volontairement dans la région. La prolifération des macrophytes
est un élément de changement et est susceptible d'avoir des
incidences sur la diversité biologique (espèces, populations
et/ou écosystèmes).
Les nouvelles conditions écologiques dans le Delta
depuis la mise en service des barrages ont été favorables
à la prolifératioin excessive à des dates
différentes de :
- Typha domingensis (hélophyte) sur les berges
et les rives du fleuve et du lac de Guiers, en eau peu profonde et
également dans les zones basses inondables faiblement salées
depuis le début des années 50;
- Pistia stratiotes (plante flottante libre) au
début des années 90 dans le lac de Guiers et le Parc du Djoudj
;
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- Potamogeton schweinfurtii (plante submergée)
dans le lac de Guiers à des profondeurs d'eau de plus de 3 m ; elle est
en extension dans les différents plans d'eau également depuis le
début des années 90;
- et, Salivinia molesta, introduite dans la
région à la fin des années 90 ; elle est devenue
invasive.
En dehors de Salvinia molesta, les trois autres
espèces sont autochtones.
Des données sur la biologie, notammentla reproduction,
la multiplication, la phytomasse et l'écologie de ces macrophytes sont
nécessaires dans la mise au point de méthodes de contrôle
efficaces des plantes aquatiques proliférantes.
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