4.2 Multiplication et phytomasse de Typha domingensis
Pers. dans le lac de Guiers
Typha domingensis Pers. a été
signalé dans la région du delta en 1828 par Heudelot et
Lelièvre et en 1833 par Perrottet (Trochain, 1940). La plante est
très fréquente dans les différents milieux humides de la
zone. Les observations au début des années 90 indiquent une
extension importante du macrophyte dans le delta, le lac de Guiers et la Basse
vallée du Ferlo (Sarr, 1996 ; Kuiseu, 1997 ; Thiam, 1998 ; Sarr, 2003).
Les typhaies ont été estimées à 125 km2
soit 12 500 ha dans le delta dans les années 90 (Hellsten et
al., 1999). A la même période, la propagation des peuplements
de Typha a été de 8-10 % par an dans le Bas delta du
fleuve Sénégal (GTZ, 2001). Ce développement
exubérant des typhaies est consécutif à la mise en service
des barrages de Diama et de Manantali sur le fleuve Sénégal qui
ont occasionné, un adoucissement important des eaux et des hauteurs
limnimétriques élevées toute l'année (Cogels et
al., 1993 ; Kuiseu, 1997 ; Thiam, 1998 ; Kuiseu et al., 2001)
(Figure 23 et Figure 24) mais également aux potentialités
biologiques intrinsèques de reproduction et de multiplication par les
voies sexuée et asexuée du macrophyte. Ces facteurs ont
favorisé la prolifération de la plante (Cogels et al.,
1993 ; Thiam, 1998 ; GTZ, 2001).
Les typhaies produisent une phytomasse très importante
(Thiam, 1998 ; GTZ, 2001). Elles obstruent les canaux, les plans d'eau, rendent
difficile la navigation sur le fleuve et le lac et détruisent les
habitats des poissons. Les peuplements de Typha qui colonisent les
divers milieux humides de la région constituent également
d'excellents gites pour les oiseaux granivores comme le Quelea quelea
qui causent des dégâts sur les cultures ; et des vecteurs de
maladies telles que la bilharziose et le paludisme (Grosmaire, 1957 ; Busnel et
Grosmaire, 1958 ; Mullié et al., 1999 ; GTZ, 2001).
137
Ainsi, le développement massif de Typha domingensis
constitue une contrainte importante à l'exploitation et la
valorisation des ressources en eau et en sols de vastes territoires
aménagés ou aménageables du delta du fleuve et du lac de
Guiers (Trochain, 1956 ; Grosmaire, 1957 ; Thiam, 1982 ; Thiam, 1998 ; GTZ,
2001). Il est dès lors important de rechercher des moyens efficaces de
contrôle et écologiquement acceptables pour limiter les incidences
négatives liées à la prolifération de la plante.
Pour concevoir des méthodes de lutte appropriées, il est
nécessaire de disposer de connaissances approfondies sur la biologie et
l'écologie de la plante dans l'environnement particulier du delta et du
lac de Guiers. C'est pourquoi, nous avons entrepris d'étudier :
- l'importance des différents modes de
reproduction notamment à partir des graines contenues dans les
sédiments du lac (reproduction sexuée) et des rhizomes
(multiplication végétative) dans la prolifération de
Typha domingensis ;
- la dynamique de la croissance et la
phytomasse de la plante dans les conditions naturelles et expérimentales
au niveau d'un dispositif installé sur les rives du lac de Guiers.
![](tude-de-la-flore-vasculaire-de-la-vegetation-et-des-macrophytes-aquatiques-proliferants-dans-l77.png)
Figure 23 - Rideau dense de Typha domingensis dans le
lac de Guiers (Ngnith, mai 1996)
![](tude-de-la-flore-vasculaire-de-la-vegetation-et-des-macrophytes-aquatiques-proliferants-dans-l78.png)
138
Figure 24- Peuplement de Typha domingensis dans le
fleuve Sénégal (mars 2002)
4.2.1 Matériels et méthodes
4.2.1.1 Dispositif expérimental
Le dispositif utilisé est constitué de bacs
métalliques identiques, étanches, de dimension 1m x 1m (volume
1m3) et confectionnés à cette fin (Figure 25). Il est
installé dans un champ protégé sur les rives du lac de
Guiers aux environs du village de Ngnith dans la région centrale du lac.
Le site est dégagé et aucun obstacle ne freine l'incidence des
rayons solaires sur les bacs.
1 m
![](tude-de-la-flore-vasculaire-de-la-vegetation-et-des-macrophytes-aquatiques-proliferants-dans-l79.png)
Pas de rhizome. Les individus de Typha
proviennent uniquement des graines contenues dans les
sédiments
Boutures de rhizomes de Typha
domingensis
1 m
Pas de rhizome. Les individus de Typha
proviennent uniquement des graines contenues
dans les sédiments
139
Bac A Bac B Bac C
Figure 25 - Schéma du dispositif pour l'étude de
T. domingensis.
Une couche de sédiments d'environ 15 cm
d'épaisseur préparée en mélangeant plusieurs
échantillons prélevés en divers endroits dans le lac aux
alentours du village de Ngnith est déposée au fond de chaque bac.
Un échantillon du mélange de sédiments mis dans les bacs a
été analysé au laboratoire pour déterminer la
granulométrie, la conductivité, le pH, la capacité
d'échange cationique.
Après la mise en place du substrat, il a
été apporté dans chaque bac de l'eau
prélevée dans le lac et nécessaire pour maintenir le sol
saturé d'eau. Pendant tout le déroulement des observations, les 3
bacs sont maintenus constamment saturés par apport d'eau du lac en
fonction des besoins. La lame d'eau au-dessus du sol dans les bacs était
toujours d'environ 10 cm. Aucun nutriment n'a été ajouté
dans les bacs. Les plantes ont germé et se sont
développées uniquement à partir des diaspores et des
éléments nutritifs contenus dans les sédiments ou
apportés lors des arrosages périodiques. L'eau apportée
dans les bacs au début des observations avait les
caractéristiques suivantes: Température= 26 °C;
Conductivité: 379 tS; pH = 5,91.
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