Chapitre II : Revue critique de la
littérature
Si la dynamique associative a su susciter
l'intérêt de chercheurs anthropologues en Italie et en France, le
phénomène semble en revanche être passé
inaperçu parmi les économistes ou chercheurs d'autres
disciplines. La littérature consultée est restée muette
sur les véritables facteurs d'impulsion de la migration et le rapport
qu'elle a avec les organisations au niveau des territoires d'origines. En
effet, il n'existe pas à notre connaissance d'études portant sur
l'apport de la migration internationale sur la dynamique organisationnelle dans
la commune de Louga. Néanmoins, les ouvrages ci-dessous indiqués
offrent un apport précieux dans la connaissance de notre zone
d'investigation et dans l'éclairage des questions soulevées par
notre sujet d'étude.
Selon Me B G. (2014), la région de Louga totalise
à elle seule les 3/4 des immigrés Sénégalais vivant
à l'extérieur. Cette dernière est devenue aujourd'hui
après Dakar (26,1%) la deuxième région où l'indice
de pauvreté (26,8%) a connu une baisse4. Naguère
classée en 1984 comme la moins urbanisée, avec le plus faible
taux d'investissements et l'une des plus pauvres, figure en 2004 dans le
peloton des régions mieux loties5. Mais quel est le facteur
déterminant de cette renaissance ? N'est-il pas alors plus opportun de
tirer les leçons alternatives offertes par la migration internationale
?
Ndiaye P I. (2007) souligne les particularités de la
région de Louga qui est d'avoir une association regroupant tous ses
émigrés repartis en Europe ou aux USA. Cette forme de
regroupement s'inscrit dans une dynamique d'impulsion et de participation au
développement du terroir d'origine. Ces associations interviennent pour
la plupart dans le domaine social (l'entraide) à travers des actions de
financement de projets à caractères sociaux. Cet ouvrage est
plutôt un instrument de recherche sur les réalisations et actions
faites par les associations de migrants dans le territoire d'origine et leur
impact sur le développement local. Par ailleurs, l'analyse faite par
l'auteur nous paraisse insuffisante.
D'ailleurs nous tentons d'approfondir l'analyse et nous nous
posons la question à savoir si cette nouvelle force sociale qui se
constitue en réalité sur la base de la proximité et de
4 Plan Sénégal émergent
5 Bara MBOUP, politiques de développement, migration
internationale et équilibre villes-campagne dans le vieux bassin
arachidier (région de Louga), thèse de doctorat 3e
cycle, 2005 - 2006
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dans les territoires d'origines : Cas de la Commune de Louga
l'appartenance à un même terroir ne
constitue-t-elle pas une logique d'intervention dans le cadre du mouvement
associatif local ?
Les études réalisées par Me. Gueye S B.,
dans différentes régions du monde sur l'impact du
développement local des migrations non définitives concluent que
si l'émigration par les transferts migratoires (envois de fonds et
transfert de compétence etc.) améliore les conditions de vie des
familles des migrants, elle favorise rarement la mise en place d'une dynamique
de développement des communautés et régions
émettrices.
Dans son étude, l'auteur prend en exergue la
région de Louga où il conclu qu'en dépit des transferts de
fonds aussi important dans la région, ces immigrés
sénégalais n'ont jamais réussi à mettre en place
aucun projet permettant d'amorcer un quelconque développement local ou
implanter des petites unités au service du développement de leur
propre terroir. Tout ce que nous avons pu constater à travers
l'enquête que nous avons mené sur le terrain, est plutôt le
développement des ménages qui est au top, ainsi que des belles
villas construisent par ses mêmes immigrés, sinon des petits
investissements dans le secteur informel (Bana-Bana).
Pour ce qui est du développement des ménages
nous ne pouvons nier leur importance. Cependant, l'auteur n'a pas pris en
compte tous les aspects du développement local. Car si la façade
urbaine à travers les constructions de belles villas ainsi que
l'économie par le commerce connaissent une dynamique, on ne peut pas
dès lors écarter le processus de développement local.
En outre cette étude au regard de la période
étudiée, devrait tenir compte de l'évolution
récente de la région de Louga qui aurait amorcé le
développement local. Ce qui lui a permis de devenir la deuxième
région où l'indice de pauvreté à fortement
baissé (26,8%) après Dakar selon le rapport de diagnostic du Plan
Sénégal Emergent (PSE).
Ce constat contraste d'ailleurs avec ceux dressés par,
MBOUP B. (2006) et BA. A (2012). Selon ce dernier, l'architecture de certains
quartiers a complètement changé grâce aux
réalisations des migrants au niveau de la région qui a
véritablement subit un boom immobilier. En effet, les belles villas des
émigrés dans certains quartiers ne peuvent passer
inaperçues de même que la construction de certains projets sociaux
surtout au niveau des villages environnants de la ville.
Selon MBOUP B. (2006), la migration internationale a
favorisé une recomposition sociale avec l'émergence de nouveaux
acteurs dont le rôle n'avait jamais été exercé par
une composante sociale autochtone. Les migrants sont la seule catégorie
sociale intervenant à titre
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dans les territoires d'origines : Cas de la Commune de Louga
volontaire dans le financement et l'équipement, dans
des conditions compétitives du marché, des différents
acteurs du développement local à savoir les agriculteurs, les
commerçants et les artisans. Cette fonction d'assistance au
développement qui a manqué depuis que l'Etat s'est mué de
l'Etat Providence à l'Etat libéral vient d'être
comblée par les émigrés. Ce qui augure d'une relance de la
production et de la renaissance des territoires naguère en crise.
Les initiatives de ces nouveaux acteurs ont impulsé une
dynamique de reconstruction des territoires et une relance de la production qui
ont connu un dysfonctionnement à la suite de la crise arachidière
dont il servait de cadre de développement. Pour l'auteur la
reconstruction de ces territoires à différentes échelles
locales, départementales et régionales passe par la reprise des
fonctions respectives des villes et de la campagne. Cette opération
s'appuie nécessairement sur une classe d'investisseurs locaux
prêts à stimuler l'économie et susciter la
résurgence des réseaux traditionnels d'échanges et des
vieilles solidarités sociales. La limite de cette étude
réside dans l'insuffisance et le dénombrement de la dynamique
d'intégration des différents réseaux d'échanges.
MBOUP B. stimule qu'avec la migration internationale,
l'artisanat se modernise aussi bien dans son équipement que dans sa
structure. La modernisation, avec les équipements apportés et
cédés à crédit par les émigrés, et la
restructuration, avec l'évolution de simples ateliers en GTE, sont
révélateurs des grands changements dont l'artisanat local est
l'objet vis versa pour les autres secteurs. Selon l'auteur, la migration
internationale a induit une nouvelle restructuration des secteurs traditionnels
locaux. Ce qui va dans le même sens que notre objectif de recherche sauf
que les réalisations et la contribution de ces dites associations dans
l'émergence locale ne sont pas prises en compte par l'étude.
Pour GUENGAN J P. (2002) dans « Migrations
internationales et développement : les nouveaux paradigmes »,
explique que « si l'on considère l'impact des migrations au niveau
local et micro local, il est clair que les envois de fonds des
émigrés permettent d'améliorer les revenus des parents
restés sur place. Mais, ces envois peuvent aussi encourager l'abandon
d'activités locales jugées insuffisamment
rémunératrices, stimuler la consommation de produits
importés, et constituer ainsi davantage un obstacle au
développement des régions concernées. De même, les
investissements des émigrés ou ceux de retour peuvent avoir des
effets très différents selon qu'ils se font « au village
» ou en ville, qu'ils concernent des investissements immobiliers de
prestige ou spéculatifs, ou des investissements productifs dans
l'agriculture, l'artisanat ou le commerce. Dans tous les cas de figures,
l'impact de la migration
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et des flux financiers qui leur sont associés, marque
pour le meilleur comme pour le pire les paysages, modifie les identités
et les réseaux de solidarité traditionnelle, toutes choses qui ne
sont pas neutres pour le développement.
Il faut avouer que l'auteur a passé en revu les aspects
positifs et négatifs de la migration internationale. Cependant, la prise
en compte de la dynamique organisationnelle reste à approfondir.
Assogba Y. (2002), dans son ouvrage intitulé « et
si les africains de la diaspora étaient des acteurs du
Développement de l'Afrique ? », estime que si l'Afrique exploitait
les moyens financiers et humains de sa diaspora, elle pourrait trouver ses
propres solutions à ses problèmes de développement et
compenser ainsi l'amenuisement des ressources de l'aide publique qu'elle
reçoit des pays du Nord et du commerce avec eux.
Il poursuit que pour sortir de la crise quasi-endémique
qui semble la frapper, les dirigeants africains en premier doivent prendre
conscience de ce fait et considérer l'apport de leur diaspora comme un
aspect des alternatives, de l'aide extérieure au développement
qui a endetté l'ensemble des pays du Tiers Monde. Dans cette
perspective, des initiatives doivent être prises pour signer des accords
de coopération dans ses domaines entre les pays africains et ceux du
Nord. Pour leur part, les mouvements associatifs, les syndicats et les
entreprises du tiers-secteur des pays hôtes du Nord peuvent former, des
collectifs avec les organisations des diasporas africaines pour initier en
partenariat des projets de développement local en Afrique et/ou dans les
pays d'accueil. Certes le développement ne peut se faire sans
l'implication des acteurs de proximité ce que nous avons bien
apprécié dans sa conclusion.
Mais, en dehors de ces propositions qui sont toutes
pertinentes, l'étude reste muette sur les rapports entre diasporas
Africaines et Associations au niveau des pays d'origine.
Est-ce pour dire que le partenariat entre les diasporas
Africains et Associations locales ne fait pas parti des leviers de
développement ?
A en croire, Yatera S. et Olivier Le M., dans «
Diaspora, développement et citoyenneté. Les migrants
originaires du bassin du fleuve Sénégal (Mali, Mauritanie,
Sénégal) », les migrants résidant en France
se regroupent principalement sur une base identitaire : famille, village, zone
historique. Ils se sont d'abord organisés dans les caisses villageoises
qui étaient sous le contrôle des hiérarchies
traditionnelles. Ce type de structure avait pour fonction d'entretenir la
solidarité entre les immigrés et d'aider financièrement et
économiquement les
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villages dont ils étaient issus. Cette période
est marquée par le contrôle du projet migratoire par la
société d'origine.
A partir de 1981, avec l'abrogation du décret de 1939
réglementant l'organisation des étrangers en France, nous
assistâmes à un essor des associations de migrants maintenant
régies par la loi 1901 (en Belgique, ASBL).
Cette évolution dans les méthodes d'organisation
a permis aux associations de devenir réalité pour les partenaires
(ONG, collectivités locales). Elle enclenche aussi un processus de
transformation au sein de l'immigration, favorisant un transfert du pouvoir des
notables plus âgés vers des migrants plus jeunes, sachant lire et
écrire. Cette période marque aussi une étape importante
dans la mesure où, désormais, les associations se construisent
autour de l'idée de développement pour le village.
Cet article examine les évolutions des dynamiques
organisationnelles des migrants originaires du Bassin du Fleuve
Sénégal et leurs implications dans le co-développement et
la citoyenneté. Passant de l'état traditionnelle, à une
modernisation à travers la formalisation des dites associations.
Toutefois, ils ont su démontré l'évolution des
associations dans le temps, dans leur fonctionnement et dans les objectifs.
Ainsi, ces auteurs ont tenté de mettre en
lumière les rôles, les statuts et les fonctions des associations
de migrants. Ce bilan a révélé les initiatives
socioéconomiques, culturelles et politiques auxquelles font face les
personnes issues de l'émigration à travers les associations. Ce
qui se traduit par une nouvelle forme du mouvement associatif.
L'approche des auteurs est d'une importance capitale pour
notre étude. Ce changement tactique de la part des associations de
migrants montre l'esprit d'ouverture et d'initiative des migrants. Comme nous
le constatons les actions des personnes issues de l'immigration en faveur de
leur pays d'origine sont multidimensionnelles. Elles montrent une grande
diversité d'approches nourries de la richesse multiculturelle et
révèlent que les migrations internationales apparaissent de plus
en plus comme des facteurs d'enrichissement mutuel entre territoires. De ce
fait, il apparaît de plus en plus que l'efficacité des dynamiques
associatives des migrants qui ont comme territoire d'intervention la commune,
la région voire un ensemble sous-régional dépend de la
capacité des immigrés et de leurs partenaires à se
positionner non plus sur des objectifs de solidarité mais sur des
thématiques transversales et de développement. Ils expliquent
que, au-delà des liens affectifs très forts avec le village, ce
positionnement des immigrés est le produit d'un capital social et
économique que leur
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procuraient leurs moyens financiers et leur capacité
à mobiliser des acteurs du Nord pour la terroir d'origine.
Leur analyse nous a beaucoup inspirée dans notre
recherche, car ils ont mis en exergue l'évolution des associations de
migrants dans presque toutes les dimensions. Cependant, l'étude n'a pas
mis en relief la dynamique des associations locales à coté de
celle des migrants. Ce qui pourrait leur permettre d'apporter plus un
éclairage sur la contribution de la migration internationale dans le
mouvement associatif.
Cattacin S. et La Barba M. (2007) qui se sont
intéressées sur le monde associatif des migrants
considèrent que le développement de la vie associative des
migrants depuis l'après-guerre en Europe occidentale reflète les
changements sociaux et leurs conséquences sur le politique et
l'économique. Si dans l'après-guerre, la logique
organisationnelle était largement inspirée du modèle
syndical, la quête identitaire s'imposait depuis les années 1970.
La fin de la guerre froide et la globalisation économique ont
ajouté à cette différenciation naissant entre associations
communautaires syndicales et identitaires une complexité croissante tant
du point de vue des origines des migrants que du point de vue des types de
communautarisation. A travers cette étude, les auteurs
différencient les moments historiques et les types d'associations qui se
donnent comme territoire de réflexion l'Europe de l'Ouest depuis 1945.
L'accent est mis sur les circonstances des pays d'accueil comme facteur
d'impulsion de la dynamique associative des émigrés.
Ainsi, l'analyse aboutit à l'idée que cette
dynamique produit des ressources sociétales.
Toutefois, les auteurs se limitent aux facteurs politiques et
aux histoires comme pouvant constituer la source de la dynamique
organisationnelle des immigrés alors que d'autres facteurs comme les
exigences du co-développement, la motivation et ou capacité
à attirer les financements des bailleurs ou subventions politiques, le
maintien de liens avec leurs « communautés » d'origine et la
réalisation de projets collectifs peuvent constituer des incitations au
processus de création d'un tissu associatif relativement dense. En sus,
la dimension territoriale demeure une limite et l'espace d'analyse ne permet
cependant pas de comprendre les ressorts de la dynamique associative surtout
dans le pays d'origine.
C'est dans cette même lancée que Bernard C. et al
dans « Migration et Structuration associative » précisent que
ces processus de structuration associative, cette floraison d'initiatives
attestent, au-delà de leurs ambigüités et de leur
diversité, une volonté d'adaptation plus active, une dynamique
d'innovation technique et organisationnelle. Créer
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des infrastructures, apprend à analyser des situations,
à organiser, à programmer, à gérer. Cela apprend
aussi aux leaders à négocier avec les administrations, les
sociétés d'intervention et les nombreuses ONG qui «
déferlent sur la vallée » et leur permet de constituer des
réseaux de connaissances, de compétences techniques ou de
capacités de financement.
En effet, cette étude nous sert de point d'appui dans
notre recherche, car elle montre les différents contextes de
constitution des associations de migrants ; même si tous les facteurs et
également les liens n'y sont pas assez élucidés
Pour ainsi dire que le phénomène de la
structuration associative est spécifique selon les localités.
Maro M. (2007) «Les associations
sénégalaises en France à l'épreuve du Co
développement », précisément dans la troisième
partie de son mémoire : L'engagement associatif et
développement local : l'exemple de l'Association solidarité
Entraide en France, affirme que l'émigration a aussi été
à l'origine de toute une dynamique associative aussi bien au niveau des
villages, qu'au niveau des pays d'accueil oeuvrant pour le développement
de leur localité d'origine.
A ce titre, elles se présentent comme de
véritables acteurs ou même vecteurs du développement local
dans leurs zones géographiquement définies (communauté
rurale de Bambaly). Cependant, selon son analyse, Maro considère le
concept de dynamique en termes de prolifération des organisations
seulement d'émigrés.
Ainsi, son étude est limitée par le fait que son
champ d'action est différent de celui de notre recherche. Même si
la dynamique associative des migrants y est manifeste, celle des
résidants notamment les associations en rapport avec la migration
internationale y reste le parent pauvre. Elle est ainsi limitée par son
caractère trop centré sur les migrants et n'analysant pas
l'apport ou l'effet que cette dynamique pourrait avoir sur le territoire
d'origine mais également les différentes interactions qui peuvent
exister entre les deux dynamiques.
Dans son mémoire, « Analyse des transformations
engendrées par l'émigration dans le département de Louga
», l'auteur affirme qu'à l'heure actuelle, il demeure difficile de
parler de développement local à Louga sans tenir compte des
actions de ses émigrés. Ainsi, à travers des associations
fondées sur les liens d'origine, ils investissent dans des domaines
productifs pour une meilleure participation au développement
socio-économique même si la crise financière mondiale les a
fortement touchés.
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De plus, ils créent des associations leur permettant de
participer à la réalisation de projets locaux comme la
construction de centres de santé, de salles de classes,
d'édifices religieux contribuant au développement
socio-économique de Louga.
Eu égard à son analyse l'auteur a passé
en revue, les impacts socioéconomiques (l'accroissement et
l'urbanisation rapide de la zone et l'acquisition de biens matériels
(véhicules, matériels électroménagers...) de la
migration internationale dans la ville de Louga. L'intérêt que
revêt cette étude réside dans la prise en compte par
l'auteur de l'impact social; économique, spatial de la migration dans la
région de Louga. Toutefois, il limite le développement local
seulement aux considérables dynamiques urbaine, sociale et
économique engendrées par les émigrés.
Néanmoins, l'idée de partenariat considéré comme
une caractéristique fondamentale et une condition inhérente du
développement local et l'implication des autres associations locales
pour parler réellement de développement a été
négligé tout au long de l'étude.
Selon Fibbi et Meyer (2002) lorsqu'on rapproche les
vicissitudes de ces expériences diasporiques récentes de celles
visibles sur la longue durée, notamment concernant la diaspora juive
(Denjean, 2002; Mello, 2002), on constate une similitude évidente dans
le caractère évolutif, changeant, dynamique, et dans la
plasticité sociale et spatiale. Les implantations, les formes et les
contenus sociaux, l'identité, les rapports à
l'altérité, se modifient, disparaissent, resurgissent ailleurs.
Les diasporas activistes apparaissent évanescentes et fragiles, mais
également vivaces dans leur versatilité grâce à leur
configuration ubiquitaire, à l'instar de celles qui les ont
précédées. S'il leur reste à passer
l'épreuve du temps, l'époque actuelle semble néanmoins
plutôt renforcer leur consistance que l'affaiblir.
Ainsi, les auteurs analysent la dynamique diasporique en terme
de dichotomie (moderne par opposition au traditionnel). Ce qui est très
bénéfique à notre recherche. Toutefois, il a
été trop spécifique et restreint car se confine à
la dynamique diasporique.
L'enjeu de cette dynamique dans le pays de départ est
un phénomène important, qu'ils ont sous-estimé et pas pris
en compte dans leur étude. Par conséquent, pour apprécier
le potentiel et définir la dynamique, c'est le niveau d'évolution
et ou de développement des organisations, leur niveau de structuration,
leur statut, la coopération et le rôle des associations qui
doivent être pris en considération tous ensemble dans le pays de
départ comme dans le pays d'origine. L'appréciation de cet effet
sur le développement des communautés d'origines est une
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dans les territoires d'origines : Cas de la Commune de Louga
thématique à débattre par l'opinion
publique. Ce que nous essayerons de voir à travers cette
étude.
COLARDELLE C D. (2009) analyse la dynamique organisationnelle
en temps de crise, souligne que, les organisations locales émergent en
fonction des contraintes. Pour elle, si les contraintes dépassent un
seuil donné, qui correspond à l'acceptabilité individuelle
ou collective du risque, alors une couche d'organisation locale émerge.
Ce niveau d'émergence est constaté au niveau local
particulièrement lorsque les échanges entre acteurs locaux et
départementaux s'affaiblissent
Cependant, cette étude élucide les
possibilités d'émergence des organisations surtout en l'absence
d'Etat. Mais, est ce seulement la crise et ou les contraintes qui peuvent
être à l'origine de l'émergence des organisations surtout
en période de « Moins d'Etat, mieux d'Etat » ?
Eu égard à cette question, nous concluons que
l'auteur à été trop stricte quant aux possibilités
d'émergence des organisations locales. Ce que nous essayons de voir
à travers notre étude dans une zone à forte pression
migratoire.
Il apparaît donc impossible en l'état actuel des
connaissances d'arriver à un corps de conclusions cohérent sur
les avantages et les inconvénients des migrations internationales par
rapport au processus de développement.
De toute manière, ces études ne font que
révéler la partie visible de l'iceberg ; et l'apport de la
migration en l'occurrence la dynamique organisationnelle impulsée par la
migration internationale reste méconnu. Ceci fait leur limite.
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