2.5 Le modèle de la culture de masse
Avec la société industrielle, bien que le taux
d'alphabétisation soit très élevé, les individus
manquent de temps et d'argent pour les loisirs culturels. Entre le 19ème
siècle et le 20ème siècle, la classe populaire
développe la presse, le spectacle, la littérature de
divertissement et le cinéma. Ces divertissements sont alors
perçus comme vulgaires par les bourgeois. On voit alors apparaitre deux
classes de loisirs culturels, ceux qui sont bien vus par la classe dominante et
ceux qui sont considérés comme populaires et donc
dénigrés. Cette culture populaire est instantanée mais ne
retiens pas le contenu des oeuvres. Ces loisirs correspondent à de
« l'évasion ». Le public populaire est en effet supposé
chercher dans des produits fantaisistes, répétitifs et
stéréotypés un dérivatif à une vie
difficile, où on manque de temps, et où le travail est dur. On
assiste alors à la naissance d'une culture de masse. Les biens culturels
sont alors destinés à une large diffusion. Internet et les
innovations technologiques permettent d'adapter des contenus à des
produits nouveaux et aux logiques de l'usage de masse. Le Smartphone
représente ce modèle de culture de masse en proposant des
applications ludiques et mobiles. Ce mode de fonctionnement correspond alors
parfaitement aux habitudes de cette nouvelle génération Y qui vit
dans l'instantané et pour qui les images sont extrêmement
importantes au quotidien.
2.6 Fréquentation des équipements
culturels :
Pour parler des visites culturelles il faut dans un premier
temps définir les habitudes des français en termes de sorties
culturelles pour ensuite en deviner les besoins futurs. Dans le livre de
Olivier Donnat « les pratiques culturelles des français à
l'ère du numérique », la comparaison de onze ans de pratique
culturelles de 1997 à 2008, témoigne d'une stabilité
générale en terme de fréquentation des équipements
culturels et ce, malgré une montée en puissance des nouvelles
technologies et la facilité d'accéder aux informations depuis
chez soi. Ainsi le public des salles de cinéma a augmenté, du
fait de la progression du nombre de
60 Voir annexe graphique 16
61 « Le temps supplémentaire passé devant les
écrans n'a pas entamé la propension générale des
Français à sortir le soir ni modifié leurs habitudes en
matière de fréquentation des équipements culturels. Les
sorties et visites culturelles ont beaucoup moins souffert dans les arbitrages
imposés par la montée en puissance des pratiques
numériques que certains loisirs du temps ordinaire comme l'écoute
de télévision ou la lecture d'imprimés. » Olivier
Donnat « les pratiques culturelles des français à
l'ère du numérique » 2008
22
spectateurs occasionnels durant la dernière
décennie62. Les bibliothèques et les
médiathèques ont quant à elles vues leur
fréquentation baisser. La part des français n'ayant pas
visité de lieux d'exposition ou de patrimoine au cours des douze
derniers mois est respectivement de 58% et de 62%, des proportions proches de
celles de 1997. Dans tous les cas, la part des visiteurs de 15 ans et plus est
moindre quand 199763. A part la fréquentation des salles de
cinéma, qui a réellement augmenté, la fréquentation
des équipements culturels, à la différence de nombreuses
pratiques culturelles domestiques, ne semble donc pas avoir souffert de la
montée en puissance de la culture numérique durant la
dernière décennie. Paris est une exception puisque sa
fréquentation traditionnellement importante s'est encore
accentuée au cours de la dernière décennie64.
D'où l'intérêt d'étudier les applications
Smartphones dans les visites culturelles à Paris, puisque les offres
culturelles y sont abondantes et que sa population fait partie des «
initiés » des applications Smartphone. Les visites culturelles
étant comme toutes autres pratiques culturelles dépendantes des
offres, la propension à fréquenter les équipements
culturels augmente avec la taille des communes. Les taux de pratiques des
habitants de la capitale sont supérieurs à ceux des autres
français pour l'ensemble des sorties culturelles. Pour la tranche des
15-24 ans, bien que leur taux de fréquentation au cinéma et dans
les bibliothèques soit élevé, leur fréquentation
des lieux d'expositions et de patrimoine, hors temps scolaire atteint celui
bien plus bas des quinquagénaires. Bien que les 15-24 ans appartiennent
à la génération Y (celle qui a adopté
complètement les nouvelles technologies de l'information et de la
communication dont font partie les Smartphones) ils fréquentent peu en
dehors de leur temps scolaire les établissements culturels. En tant
qu'adepte de la culture numérisée, cette tranche d'âge
préfèrent rester chez soi et se cultiver à travers
internet et les autres outils numériques à leur disposition. En
développant ces outils et en rendant ainsi ludique la visite culturelle,
il est possible d'attirer cette génération dans les lieux
d'exposition et de patrimoine en les adaptant à eux.
|