2.4 Le public de la culture
Le comportement du public de la culture est
particulièrement difficile à définir donc à
manipuler.57 Les sociologues donnent trois types de significations
d'oeuvres qui suscitent un comportement chez le public 58:
premièrement la relation du visiteur avec l'oeuvre, qui reflète
l'esprit de l'auteur. On constate le lien préexistant entre un public de
connaisseur et l'oeuvre, le public reconnaissant dans l'oeuvre la marque de
l'auteur. Ensuite, la relation avec le texte, c'est-à-dire l'oeuvre
déchiffrée par le public, la relation est plus impersonnelle, le
public devine, apprend à deviner l'auteur à travers l'oeuvre.
Enfin, la transmission générique : la réception de l'objet
par le public est déterminée par la connaissance que
possède ce dernier du genre (science-fiction, policier documentaire,
etc..), le public fait partie d'un espace social où circulent des
produits parfaitement situés, il s'attend à retrouver des
stéréotypes qui définissent l'oeuvre. Ainsi des marques
comme Disney se sont forgée leur propre identité
générique59, ils représentent une «
application contrôlée du dessin animé de long
métrage ». En France, le Ministère de la Culture organise
régulièrement des enquêtes par le biais de questionnaires
appelés « Pratiques culturelles des français ». Ainsi,
un quart des Français n'ont fréquenté dans l'année
aucun équipement culturel : ils ne sont allés ni au cinéma
ni dans une bibliothèque, n'ont assisté à aucun spectacle
vivant et n'ont visité aucun lieu d'exposition ou de patrimoine. La
plupart d'entre eux cumulent tous les handicaps en matière
d'accès à la culture et manifestent très peu
d'intérêt pour la culture en général : ils lisent
peu de livres, écoutent rarement de la musique, les trois quarts d'entre
eux n'ont jamais utilisé l'internet et leur mode de loisirs reste
largement centré sur la télévision. Un autre quart des
Français (27 %) atteignent un score de trois à cinq points, en
général parce qu'ils manifestent un intérêt plus
diversifié pour la vie culturelle en visitant notamment des lieux
d'expositions. Leur fréquentation reste majoritairement occasionnelle ou
spécialisée : leur rythme de sorties ou de visite est faible dans
la majorité des cas et ceux d'entre eux qui vont plus
régulièrement au
56 Ibidem
57 « Pour la sociologie, le concept de « public »
est particulièrement difficile à manipuler. Il est relativement
facile d'appréhender « les professions médicales » ou
« les paysans dans la mesure où l'on peut localiser
commodément les uns et les autres ; des comportements liés
à des évènements ou à des milieux particuliers,
comme « les mouvements sociaux » ou « les seins nu s à la
plage », peuvent également être observés dans des
espaces bien définies. Mais comment et où trouver « le
public » du film Le Grand bleu, de la série Lost, du musée
des Beaux -Arts de Lyon ou du dernier Houellebecq ? » ( Jean-Pierre
Esquenazi, Sociologie des publics)
58 Cf. « La sociologie des publics » Jean
-Pierre Esquenazi
59 Ibidem
21
cinéma ou dans les musées sont rarement
familiers des bibliothèques et des lieux de spectacle. 22 % des
français manifestent à la fois l'intérêt pour la
culture et vers un mode de loisirs à l'extérieur du
domicile60. Ils constituent la majorité des visiteurs
d'établissements culturels.61
|