Léon Harmel et l'usine chrétienne,ancêtre des comités d'entreprises( Télécharger le fichier original )par YVES LAURENT KOUAME Université de Poitiers - MASTER II HISTOIRE DU DROIT 2016 |
CONCLUSIONL'enquête sur les Comités d'entreprise réalisée par la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) est sans appel : 57 % des budgets de ces comités est consacré aux activités festives213(*). Ce chiffre donne la réalité de ce que sont devenus les comités d'entreprise près de 70 ans après leur création. L'attachement des travailleurs aux comités d'entreprise est lié aux oeuvres socioculturelles, ce qui brouille les missions économiques de cette institution. La plupart des élus dénoncent l'attentisme de ces travailleurs qu'ils qualifient de « consommateurs » sur le plan des attributions économique des CE. Cette situation peut-elle nous étonner ? La réponse négative semble s'affirmer. Historiquement, le comité d'entreprise s'est construit par la volonté patronale puis par la volonté patronale alliée aux autorités Étatiques autour de deux piliers : la coopération et les oeuvres sociales. La coopération s'est construite au Val au XIXe siècle contre l'idéologie de la lutte des classes et dans une perspective de lutte contre le socialisme. C'est cet esprit qui est repris dans les comités sociaux d'entreprise puis dans les comités d'entreprise à la Libération. Les oeuvres sociales avaient quant à elles au XIXe siècle, un but purement paternaliste et répondant au désir du patron de maintenir les travailleurs « éternels nomades ». Elles répondaient aussi au souci de certains patrons de remédier au paupérisme né des excès de l'industrialisation. Au XXe siècle, elles répondent à un souci de remédier au chaos économique né de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui la lutte des classes n'est plus à l'ordre du jour au sein des partis politiques et dans le mouvement ouvrier et l'influence syndicale au sein des comités d'entreprise a considérablement diminué214(*). Dans ces conditions comment s'étonner du déclin de l'aspect économique, de la participation des travailleurs à la bonne marche de l'entreprise. Par ailleurs dans une société où les conditions des travailleurs se sont plus qu'améliorées, où les besoins primaires de ceux-ci sont satisfaits et où ils ne subissent plus les affres du paupérisme, les souffrances de la guerre, des pénuries, il est clair que le rôle des oeuvres sociales des CE allaient connaitre une certaine évolution. Les besoins à satisfaire vont se déporter des besoins primaires auparavant satisfaits aux besoins de loisirs actuellement à satisfaire. Par ailleurs dans une économie financiarisée au sein de laquelle, les licenciements ont pour but de favoriser le retour sur investissement des actionnaires, une question se pose : les comités d'entreprise doivent-ils se cantonner dans leur rôle de sentinelle qui donne l'expression d'une collectivité de travailleurs lorsque joue la menace sur l'emploi ? Ne doivent-elles pas retrouver leur aspect de coopération technique pour accroitre la compétitivité, la productivité des entreprises afin de proposer aux consommateurs des produits de qualité dans une économie mondialisée et ultra concurrentielle ? * 213 IRES/DARES, Les comités d'entreprise : enquête sur les élus, les activités et les moyens, Paris, Ministère de l'emploi et de la solidarité : Les Éditions Ouvrières, 1998, p. 176. * 214 AFFILÉ (B.), GENTIL (C.) et RIMBERT (F.), Les grandes questions sociales et contemporaines, Paris, L'etudiant, 2010, p. 97. |
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