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Mesures de politique agricole et sécurité alimentaire au Bénin: cas des subventions d'intrants agricoles

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par Senghor LAGA
Université d'Abomey-Calavi - DEA/Master recherche 2015
  

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1.2.1.2- La sécurité alimentaire

Les concepts à clarifier ici tourne autour de : la sécurité alimentaire et ses déterminants ; les indicateurs de la sécurité alimentaire ; les groupes de sécurité alimentaire et l'insécurité alimentaire et ses causes.

1.2.1.2.1- Le concept de sécurité alimentaire et ses déterminants

Le concept de sécurité alimentaire est apparu pour la première fois lors de la conférence mondiale sur l'alimentation de 1974, suite à la crise alimentaire mondiale provoquée par l'augmentation rapide des prix (Banque Mondiale, 2008). La définition retenue à cette occasion, est que la sécurité alimentaire consiste à « disposer à chaque instant d'un niveau adéquat deproduits de base pour satisfaire la progression de la consommation et atténuer les fluctuations dela production et des prix ».

A cette conception de la sécurité alimentaire essentiellement basée sur l'offre alimentaire, a succédé à la suite des travaux d'Amartya Sen (1981) sur les famines, une approche plus globale basée sur la notion de droit d'accès à l'alimentation. Cette nouvelle approche accorde une place primordiale à l'accessibilité alimentaire. L'idée étant que même dans le cas où l'offre alimentaire est suffisante, certains ménages peuvent avoir un accès limité à la nourriture du fait de conditions d'échange défavorables ou d'une insuffisance de moyens.

Depuis lors, la définition de la sécurité alimentaire généralement utilisée est plus large. En effet, dans sa définition reformulée, la sécurité alimentaire est la possibilité pour chaque individu d'accéder en tout temps à une alimentation salubre et nourrissante, lui permettant d'avoir une vie saine et active. Pour Hoskins (1990), la sécurité alimentaire est définie comme la possibilité physique et économique d'accéder pour tous et en tout temps aux produits alimentaires. Cette seconde définition est adoptée lors des travaux du sommet mondial sur l'alimentation en 1996.

Ainsi, dans sa définition vulgarisée, « la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active » (FAO, 1996).

Quatre dimensions sont définies dans la sécurité alimentaire: (i) disponibilité de la nourriture en quantité suffisante; (ii) stabilité de l'approvisionnement ; (iii) accessibilité physique et économique des denrées, (iv) la qualité nutritionnelle.

- La disponibilité physique des aliments : La disponibilité alimentaire porte sur le « côté de l'offre » de la sécurité alimentaire et est déterminé par le niveau de production alimentaire, les niveaux de provisions, et le commerce net.

- l'accès économique et physique des aliments : De bonnes provisions alimentaires au niveau national ou international ne garantissent pas en soi la sécurité alimentaire des ménages. Les inquiétudes par rapport à l'accès insuffisant aux aliments ont mené à une concentration sérieuse des politiques sur le revenu, les dépenses, le marché et le prix des aliments pour atteindre les objectifs de sécurité alimentaire.

- L'utilisation des aliments : L'utilisation porte sur la façon dont le corps optimise les différents nutriments présents dans les aliments. De bonnes pratiques de soins et d'alimentation, de préparation des aliments, de diversité du régime alimentaire, et de distribution des aliments à l'intérieur du ménage ont pour résultat un apport adéquat d'énergie et de nutriments. Ceci s'ajoute à une bonne utilisation biologique des aliments consommés, et détermine l'état nutritionnel des individus.

- La stabilité des trois autres dimensions dans le temps : Même si votre apport alimentaire est adéquat aujourd'hui, vous êtes toujours considéré à risque de souffrir d'insécurité alimentaire si sur une base régulière, vous avez un accès inadéquat aux aliments, et vous risquez une détérioration de votre état nutritionnel. Les conditions climatiques défavorables (sécheresses, inondations), l'instabilité politique (troubles sociaux), ou les facteurs économiques (chômage, augmentation du prix des aliments) pourraient avoir un impact sur votre état de sécurité alimentaire.

Il est intéressant de différencier l'état nutritionnel de la sécurité alimentaire, et de considérer que si le premier (qui est aussi une dimension du second) est surtout déterminé par l'accès aux aliments, la seconde, elle, est influencée par une série d'autres facteurs, à savoir la situation économique et sociale, la santé (physique/spirituelle/mentale), l'éducation et les préjugés culturels, etc.

Les déterminants de la sécurité alimentaire les plus cités dans la littérature sont : la production agricole, l'ouverture commerciale (importations et exportations alimentaires), la croissance démographique, les performances macroéconomiques, la stabilité politique, le pouvoir d'achat et l'instabilité des prix (Timmer, 2000).

1.2.1.2.2- Les indicateurs de la sécurité alimentaire

Il n'existe pas une seule mesure pour juger de l'état de la sécurité alimentaire d'une nation. Une série d'indicateurs et différentes techniques de mesure sont nécessaires. Les différentes typologies d'indicateurs de sécurité alimentaire sont présentées, ainsi que les différents indicateurs proxy utilisés pour mesurer chacun de ces typologies. Le développement de cette partir est inspiré des travaux de AGVSAN 2008 et AGVSA 2013. Entre autres indicateurs de la sécurité alimentaire, on a :

· Le score de la consommation alimentaire des ménages : Les estimations de la prévalence des groupes de consommation alimentaire sont basées sur le score de la consommation alimentaire des ménages (SCA). Ce score est un indicateur de l'accessibilité aux aliments et de la qualité de la consommation alimentaire.Il est calculé à partir de:

- la diversité du régime alimentaire (nombre de groupes d'aliments consommés par un ménage pendant les sept jours précédent l'enquête),

- la fréquence de consommation (nombre de jours au cours desquels un groupe d'aliments a été consommé pendant les sept jours précédent l'enquête),

- l'importance nutritionnelle relative des différents groupes d'aliments.

· La consommation des aliments riches en nutriments : Il existe des différences significatives quant à la fréquence de la consommation d'aliments riches en protéine, en fer et vitamine A entre les groupes de consommation alimentaire. Les ménages des groupes de consommation alimentaire pauvre et limite ont une faible consommation d'aliments riches en fer, en protéine et en vitamine A qui pourrait être à l'origine de la prévalence d'un certain nombre de maladies carentielles.

· Le score de diversité alimentaire des ménages (SDAM) comptabilise le nombre de groupes d'aliments consommés (sans pondération selon la qualité nutritionnelle): chaque groupe compte pour 1 point dans le score qui varie de 1 à 12 points. Cet indicateur se réfère à la consommation alimentaire du ménage durant les 24 heures précédent l'enquête (au lieu de septjours pour le SCA).Le coefficient de variation de cet indicateur est assez élevé (en raison de lavariabilité journalière intra-ménage). Il est plus significatif au niveau de la population qu'auniveau du ménage.Il n'existe pas de seuil internationalement reconnu pour définir une « bonne » ou « mauvaise »diversité alimentaire. On utilise les seuils du Cadre Intégré de Classification de la SécuritéAlimentaire (moins de 4: régime peu diversifié; 4-12: régime plus diversifié).

· La part des dépenses des ménages consacrées à l'alimentation : Il est possible de classer les ménages en fonction de leurs niveaux de dépenses (en pourcentage). Cette analyse utilise les seuils recommandés par le PAM (bien que ceux-ci ne soient pas standardisés). Cette analyse peut mettre en évidence les différences qui pourraient être masquées par un lissage des valeurs lors du calcul de moyennes. Les seuils sont classés comme suit:

- Très élevé (> 75% du total des dépenses consacrées à l'alimentation),

- Haute (65% - 75% du total des dépenses consacrées à l'alimentation),

- Modéré (50% - 65% du total des dépenses consacrées à l'alimentation),

- Normal (<50% du total des dépenses consacrées à l'alimentation).

1.2.1.2.3- Groupes de sécurité alimentaire

Dans la classification des niveaux de sécurité alimentaire, l'Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire (AGVSA, 2013) distingue quatre groupes à savoir :

Ø Sécurité alimentaire : Ménage capable de satisfaire ses besoins alimentaires et non alimentaires essentiels sans recourir à des stratégies d'adaptation atypiques.

Ø Sécurité alimentaire limite : Ménage qui a une consommation alimentaire tout juste adéquate sans recourir à des stratégies d'adaptation irréversibles. Ne peut pas se permettre certaines dépenses non alimentaires essentielles.

Ø Insécurité alimentaire modérée : Ménage qui a une consommation alimentaire déficiente ou qui ne peut satisfaire ses besoins alimentaires minimaux sans recourir à des stratégies d'adaptation irréversibles.

Ø Insécurité alimentaire Sévère : Ménage qui a une consommation alimentaire très déficiente ou qui connait une perte très importante de ses moyens de subsistance qui vont conduire à des déficits importants dans sa consommation alimentaire ou pire.

1.2.1.2.4- Les causes de l'insécurité alimentaire

Les deux groupes insécurité alimentaire modérée et sévère combinés donnent la prévalence de l'insécurité alimentaire.L'insécurité alimentaire, est l'incapacité des populations de satisfaire systématiquement leurs besoins caloriques et nutritionnels afin de mener une vie saine et active, est omniprésente. Le spectre de la famine, qui a quasiment disparu de tous les autres continents, continue à hanter certaines régions de l'Afrique subsaharienne. » (PNUD, 2012).

Une étude réalisée par la FAO (2004) a révélé globalement dans les pays en voie de développement, les causes de l'insécurité alimentaire qui sont entre autres : les pénuries alimentaires liées aux aléas climatiques et autres catastrophes ; une pression démographique très forte, qui est à l'origine d'épineux problèmes fonciers et d'une production alimentaire insuffisante ; l'absence de possibilités de sources de revenus ou d'emplois alternatifs ; les pertes de production liées au stockage et aux procédés de transformation ; la pauvreté rurale et urbaine ; l'isolement et l'enclavement de certaines localités qui vont de pair avec un manque de structure de commercialisation (marché). Dans ces zones, la commercialisation de la production est difficile et s'effectue souvent à des conditions désavantageuses (prix bas). En situation déficitaire s'ajoute les problèmes de ravitaillement : les denrées ne sont pas disponibles et les prix sont souvent prohibitifs, principalement dus aux difficultés de transport.

Selon le rapporteur spécial du droit à l'alimentation (de Schutter, 2009), la persistance de l'insécurité alimentaire et économique des ménages ruraux au Bénin s'explique, entre autres, par : la précarité de la disponibilité d'aliments de qualité au sein des ménages, des importantes pertes post-récoltes des produits vivriers, des systèmes de stockage/conservation peu performants, des technologies de transformation rudimentaires avec des rendements faibles et de qualités variables, l'inadéquation et de la faible synergie entre politiques sectorielles et programmes, le peu d'intérêt accordé à la nutrition (singulièrement la nutrition communautaire) dans les politiques et programmes de lutte contre la pauvreté.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo