I.4.2 Facteurs liés
à l'offre de soins
I.4.2.1. Accessibilité financière
L'hypothèse selon laquelle l'utilisation des services
de santé est sensible aux variations tarifaires appliquées dans
les formations sanitaires publiques est au centre de la problématique
coût-utilisation. De nombreuses études montrent que les
coûts directs sont les principaux critères que les patients
considèrent dans leurs décisions de recours aux services de
santé biomédicale et, dans de nombreux cas, ils accentuent
plutôt les inégalités entre les ménages riches et
ceux qui ne le sont pas. Globalement, le manque de soins obstétricaux
financièrement accessibles peut également jouer un rôle
dans la réduction de la demande de soins en post-partum. Les femmes et
les familles peuvent percevoir ces soins comme une charge financière
supplémentaire et non essentielle. En effet, dans de nombreux pays
à faibles ressources, la demande de soins postnatals est très
inférieure à celle pour les soins prénatals et les soins
lors de l'accouchement. Il y a plusieurs raisons à cette faible
couverture, notamment le manque de priorité que donnent les
autorités de santé publique aux services de soins postnatals
(Warren et al. 2006).
Au Burkina Faso, les femmes ont semblé plus souvent
avoir eu de difficultés à accéder aux soins post-partum
qu'elles jugeaient nécessaires si elles avaient eu une complication
grave, et avaient été ainsi exposées à des
dépenses élevées (Storeng et al.2008). La
couverture des services postnatals est faible alors que les femmes rapportent
elles-mêmes un nombre important de complications dans la période
post-partum (Filippi et al.2007; Uzma et al.1999).
Le coût élevé des soins lors de
l'accouchement pourrait également affecter la capacité à
payer pour les services de prévention, tels que les soins du
nouveau-né et la planification familiale pendant le post-partum.
Néanmoins, d'autres investigations sont nécessaires pour
confirmer ces interactions (Islam & Gerdtham, 2006). Dans les pays en
développement, les structures de santé souffrent de l'absence de
financement due à la fois au mauvais choix programmatiques et aux causes
externes, c'est dans ce contexte que l'initiative de Bamako 1985 a vu le jour ;
cette initiative fût adoptée par les pays Ouest africains comme
politique de relance de la stratégie des soins de santé
primaires, les services de santé sont désormais payants, ainsi
que les médicaments. Les utilisateurs des services de santé sont
désormais amener à supporter des couts de diverses nature,
monétaires et non monétaires, directs ou indirects. Parmi ces
couts il y a entre autres les couts des transports et les pertes de temps
liées au transport, les temps d'attentes très longues qui sont
susceptibles de décourager les utilisateurs des soins
obstétricaux. (Beninguisse & Nikièma, 2004) rapportent qu'au
Burkina Faso, un des principaux reproches faits aux services biomédicaux
est la chèreté de leurs prestations. Elle a empêché
29% des non utilisatrices des services de santé maternelle de recourir
aux soins.
I.4.2.2. Qualité des services
Comment les services obstétricaux peuvent-ils
répondre aux attentes des femmes en période postnatale ?
(Beninguisse, 2003) montre que dans le cas des soins postnatals, la
satisfaction avec les soins s'est avérée au Pérou plus
élevée chez les femmes ayant reçue les services
améliorées que chez celles ayant reçu les services
habituels (Léon ,1998).
Des interventions portant sur la sensibilisation et
l'éducation des femmes ont amélioré dans le même
pays leur connaissance des problèmes de santé reproductive et des
complications qu'elles rencontrent pendant la grossesse , et augmentent le
pourcentage des femmes acceptant la planification des familiale pendant le
post-partum et celui des femmes revenant pour les consultations postnatales
(Vernon et al.1993). Des résultats positifs ont été aussi
observés au Mexique (Langer et al.1998). L'amélioration de la
qualité des soins réduit considérablement le taux de
mortalité périnatal si l'on en croît notamment les
résultats d'une recherche opérationnelle qui a été
conduite dans le même pays (salinas et al. 1997). Judith
Bruce,1990), a isolé un certain nombre d'aspects de la qualité
des soins que les femmes jugent importants, notamment la possibilité de
faire un choix informé, la prestation d'informations fiables, la
compétence technique, les bonnes relations interpersonnelles ( ce qui
comprend les attributs comme la confidentialité , le respect et le tact,
le traitement d'égal à égal et la longueur de temps
passé avec les fournisseurs de soins ), les systèmes de suivi et
de continuité et le regroupement approprié des services .
Toutefois, les résultats des nombreuses recherches indiquent que les
femmes des pays en développement reçoivent souvent des soins de
qualité très médiocre (OMS, 1995). Les femmes se plaignent
souvent qu'on ne leur donne pas suffisamment d'informations. CHIAELLA
cité par CRDI, 2005) révèle que les femmes d'une
région de la Bolivie ont déclaré qu'elles n'étaient
pas satisfaites parce que le médecin les avaient « tripotées
» et qu'ils les avaient examinées de la tête au pied »
sans leur donner aucune explication. Bon nombre de femmes ont eu maintenant de
mauvaises expériences avec les services de soins et elles
hésitent à y retourner, même si cela doit compromettre leur
santé. Selon Bonini cité par (CRDI, 2005) une femme a
déclaré : « elles m'ont tellement maltraitée que je
n'ai rien dit, je suis revenue à la maison et je n'y suis plus jamais
retournée ».
Au Cameroun, les compétences des utilisatrices
constituent la première raison du choix de la structure sanitaire chez
22% des femmes utilisatrices de la consultation prénatale (CPN) et de
32% des femmes accouchées '(Beninguisse&Nikiema 2005). Il faut noter
que certaines caractéristiques relatives aux personnels de la
santé peuvent contribuer à une sous-utilisassions des services
obstétricaux. En effet, la présence des hommes dans ces services
peuvent conduire à une sous limitation de l'utilisation de ceux-ci. Dans
une étude quantitative menée au Kenya, plus de la moitié
des femmes intriguées ont également déclaré
qu'elles préféraient une femme parce qu' « elle leur est
égale » et parce qu'il serait plus facile de partager les
problèmes avec une femme (CRDI, 2003).
Enfin les soins de santé offerts aux femmes doivent
être acceptables culturellement si l'on veut que les femmes y aient
recours. Deux études, l'une effectuée en Bolivie et l'autre en
Chine, ont examiné la réticence des femmes en zones rurale
à utiliser les services officiels de type occidental parce que certains
aspects de ces services étaient contraires à leurs croyances et
leurs pratiques culturelles (Chiearelle, 1994 ; Zhang, 1994). En
réalité, pour les usagers des services publics de santé,
les indicateurs de la qualité et de l'équité dans
l'accès aux soins se mesurent à l'accueil et aux soins
dispensés. L'accueil s'entend au sens strict, c'est-à-dire en
référence aux manières de recevoir les gens, de les
écouter, et de leurs parler en tant qu'individu. Ce qui nous renvoie aux
us et coutumes en matière de bienséance mais aussi de
sociabilité. L'accueil, c'est toute manière de considérer
(regarder, écouter, parler avec) l'autre tout au long d'un face à
face. Ce sont les gestes (faire un pansement postnatal, faire accoucher, poser
une perfusion, faire un toucher vaginal, etc.) et l'expression (affectueuse,
méprisante, agacée, indifférente ou hostile) qui les
accompagnent. Les critères d'appréciation participent des normes
sociales relatives à la morale de manière générale,
ainsi qu'à la gestion du public en particulier. Ainsi certaines femmes
ne pourront pas retourner dans les services de soins obstétricaux pour
assurer la continuité de ceux-ci après certaines
expériences vécues dans ces services
''' ''' (Hours,2006).
CHAPITRE II : MATERIEL
ET METHODES
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