CONCLUSION
Le Burkina Faso partage une frontière commune longue
d'environ 3 615 kilomètres avec six pays que sont le Bénin, la
Côte d'Ivoire, le Ghana, le Mali, le Niger et le Togo. Dix (10)
régions sur les treize (13) que compte le pays, ont une frontière
terrestre avec au moins l'un de ces pays dont cinq (05) avec la
République du Mali. Le cadre juridique de leur gestion est
consacré par des textes sous régionaux, régionaux et des
accords ou convention entre Etats. Au Burkina, il n'existe pas de politique
écrite en matière de gestion des frontières, la toute
première étant en cours d'élaboration : la
Stratégie Nationale des Frontières.
En s'engageant à mener une réflexion sur la
gestion administrative des localités de la région des
Hauts-Bassins qui ont une frontière commune avec des localités de
la République du Mali, nos objectifs consistaient à :
évaluer le niveau d'accès des populations frontalières aux
documents administratifs et aux services sociaux de base ; dégager les
insuffisances et/ou les difficultés rencontrées tant par
l'Administration que par les populations et proposer des solutions pour une
meilleure gestion administrative des localités frontalières.
A cet effet, nous avions adopté une méthodologie
de travail, élaboré, administré des outils de recherche et
avions émis une (01) hypothèse principale et deux (02)
secondaires qui se sont confirmées au cours de notre travail. Ainsi, les
indicateurs de vérification de nos hypothèses se sont
avérés.
D'abord, les données ont révélé
que, les populations frontalières du Burkina utilisent prioritairement
et même exclusivement les infrastructures du pays. Ensuite, l'analyse de
la proportion de la population parcourant une distance tolérée
respectivement pour bénéficier des services de santé
(68,20 %), de l'offre éducative nationale (94,12 %) et pour
accéder à l'eau potable (52,94 %) est dans l'ensemble
satisfaisante. De plus, le ratio populations/personnel dans le domaine de la
santé (8 400 habitants/CSPS contre 10 000 habitants/CSPS en norme OMS),
de l'éducation nationale (47 élèves/classe contre 52 au
plan national) et de l'approvisionnement à l'eau potable (63,8 % de la
population desservie contre 49,5 % au plan régional) est acceptable.
Enfin, relativement à la qualité des prestations, elle est
estimée par les populations dans l'ensemble bonne dans les services
administratifs (58,82 % de la population sont au moins satisfaites),
49
dans les services de santé (52,94 % satisfaits), en
matière d'approvisionnement en eau potable (57,98 % de satisfaits) et en
matière d'éducation nationale (77,96 % de succès au CEP en
2014).
En outre, l'étude a révélé des
insuffisances liées aux moyens et aux modes de gestion des
localités frontalières tant sur le plan interne que dans la mise
en oeuvre de la coopération transfrontalière. Aussi, des
difficultés sont-elles rencontrées par les structures locales de
gestion et les populations frontalières.
Nous pouvons donc confirmer que même si le niveau
d'accès des populations frontalières aux documents administratifs
et aux services sociaux de base est satisfaisant (hypothèse secondaire
1), la gestion administrative des localités frontalières est
confrontée à des difficultés nécessitant des
solutions à envisager (hypothèse secondaire 2). Ce qui permet de
confirmer l'hypothèse principale selon laquelle la gestion
administrative des localités de la région des Hauts-Bassins
frontalières du Mali est satisfaisante.
Cette étude comporte sans nul doute des limites
imputables notamment à l'indisponibilité de données ou
d'études spécifiques en la matière et à des
contraintes liées à la distance (entre les localités
frontalières concernées et Ouagadougou) et à
l'insuffisance du temps matériel (concomitance entre les cours à
l'Ecole et les recherches sur le terrain). Cependant, elle nous a permis, avec
l'aide des personnes enquêtées, de formuler un certain nombre de
suggestions portant respectivement sur la gestion interne et sur la
coopération transfrontalière.
L'étude a révélé enfin que la
gestion administrative des localités frontalières n'est pas une
question isolée : elle requiert un dosage de diplomatie, de gouvernance
locale, de coopération transfrontalière et d'utilisation
rationnelle des ressources humaines, matérielles et financières.
Aussi, étant liée à l'interaction entre au moins deux (02)
Etats, cette gestion, si elle est améliorée dans un seul Etat,
cela ne saurait être perceptible à sa juste valeur d'où la
nécessité d'encourager et de renforcer la mise en oeuvre de la
coopération transfrontalière.
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