1.1.4. LA PATATE DOUCE
a) Origine et description
La patate douce (Ipomoea batatas) (2n=90, x=15) est
une convolvulacée vivace, mais annuelle en culture. Elle est
cultivée surtout pour ses tubercules provenant de certaines racines
(JANSSENS, 2001b). Inconnue à l'état spontané, la culture
semble être originaire de l'Amérique centrale et
méridionale. On a émis l'hypothèse que la patate
cultivée descend de I. fastigiata SWEET qui existe à
l'état sauvage aux Antilles, à la Jamaïque, à la
Guadeloupe,... où elle est connue sous le nom de plante sauvage (VAN DEN
ABEELE et VANDENPUT, 1951).
La patate douce est une plante vivace, cultivée pour
ses tubercules, de forme et de couleur variables. On en trouve ainsi à
chair blanche, jaune, rouge ou pourpre. Elle contient, en plus de l'amidon, des
dextrines, des sucres et du béta-carotène (responsable d'une
coloration jaune orangé), en quantité variable selon les
variétés (ANONYME, 2006).
Les feuilles de la patate douce sont arrangées en
spirale selon une phyllotaxie de 2/5 et disposent de longs pétioles de 5
à 30 cm. Elles sont cordiformes, entières ou lobées. Les
fleurs campanulées, violettes ou blanches sont groupées en
inflorescences de nature cymeuse ; elles sont hermaphrodites mais rarement
autofertiles. Les tubercules se forment à l'endroit où les
racines, après s'être dirigées horizontalement, s'incurvent
vers le bas. Leur nombre et leur dimension, de même que la couleur de la
peau et de la chair, sont variables. Leur poids varie
généralement entre 0,2 et 3 Kg et leur nombre par plante entre
deux et cinq (JANSSENS, 2001b).
b) Importance
La patate douce est consommée bouillie, frite ou
braisée. On prépare également de la fécule (KROLL,
1994). La composition chimique de la patate et ses modifications à la
cuisson, en font un aliment énergétique, indépendamment
des transformations artisanales ou industrielles. On doit en outre souligner
son intérêt diététique et médical. En Chine
sa consommation est réputée bénéfique au rein,
à la rate et à l'estomac. La consommation des feuilles,
pétioles ou pousses est influencée par des caractères
gustatifs, indépendamment de l'aspect à l'état frais
(couleur, forme des feuilles). Le caractère variétal
s'accroît avec l'âge de la culture et de la fraction
prélevée. Dans divers pays, une fraction des récoltes
contribue directement à la fabrication des boissons (elles peuvent
être non alcoolisées ou alcoolisées), et dans des
confiseries traditionnelles fabriquées de façon artisanale
(DEGRAS, 1998).
c) Amélioration variétale
La culture modernisée de la patate douce est souvent en
quête de la variété qui répondrait au maximum
d'exigences. Cette recherche conduit à collecter, préserver
évaluer et échanger les ressources génétiques, pour
en promouvoir certaines, directement par le jeu de leurs croisements (DEGRAS,
1998).
Les objectifs de sélection sont très variables.
Selon le cas, on cherche des variétés à teneur variable en
matière sèche, sucre, carotène, amidon et protéines
dans les tubercules, mais aussi dans les feuilles pour les
variétés destinées à l'alimentation animale ;
adaptées à des sols peu fertiles ; résistantes aux
nématodes ; résistantes ou tolérantes au complexe de
virus local ; ayant un rapport donné feuillage/tubercule (ANONYME,
2006). JANSSENS (2001b), ajoute que le rendement, la faculté de
conservation des racines tubérisées et la teneur en fécule
sont également recherchés.
Les qualités organoleptiques et les objectifs de
production constituent les critères essentiels à prendre en
compte pour l'introduction de nouvelles variétés (ANONYME,
2006).
A côté des variétés locales, on a
introduit et cultivé des clones américains en RDC tant du type
jersey à chair blanche que du type yam à chair
orange. Des clones tels que Caroline Lee, D. Virovsky, M46 et
CV.6104 y sont encore cultivés en raison de leur bon comportement
vis-à-vis des viroses (ANONYME, 2006). Selon l'INERA/Mulungu, les
variétés adaptées et diffusées au Sud-Kivu
(à 1000-1900 m d'altitude) sont : Canceolado, Mugande, Vanderwall,
Japon et Elengi (ANONYME, 2009c).
d) Récolte et rendement
Les tubercules se récoltent par temps sec, 100
à 180 jours après la plantation (ANONYME, 2006). La
maturité est indiquée par le jaunissement des feuilles. On
commencera par couper le feuillage qui peut être utilisé comme
fourrage ou compost. Les tubercules sont extraits à la main, à la
fourche ou à la machine ; la récolte sera aussi
complète que possible afin d'éviter le développement des
maladies sur les racines restées en terre. Les tubercules blessés
sont consommés immédiatement ou donnés au bétail
(KROLL, 1994).
Les rendements sont de 10-20 T/ha en cultures rationnelles.
Ils ne sont que de 5-10 T/ha en cultures villageoises. En situation de marais,
des rendements de 15-30 T/ha sont monnaie courante. En station
expérimentale, la culture, favorisée par l'apport d'une fumure
propice, fournit 30-50 T/ha. En culture intensive, avec irrigation et fumure,
des rendements de 40-80 T/ha sont enregistrés (JANSSENS, 2001b).
Les rendements obtenus en RDC dans la province du Sud-Kivu
sont d'environ 4,9-5 T/ha. Pour l'année 2011, cette province a atteint
une production totale de 297013 tonnes (IPAPEL, 2011).
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