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Les déterminants du choix de l'itinéraire thérapeutique des maladies mentales

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par Melaine FEUDJIOMENE NGOUANE
institue superieur Larosiere - Diplome d'etat d'infirmier 2014
  

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IV-2 CONNAISSANCE DES MALADIES MENTALES

Pour ce qui est de la définition de la maladie mentale, 46% soit 87 enquêtés seulement ont donné une bonne définition de la maladie mentale. Par contre, le reste soit 54% ont donné une mauvaise définition de la maladie mentale et ceci de la manière suivante : malédiction ou un mauvais sort lancé par les sorciers (32%), maladie héréditaire (13%), possession diabolique (9,5%). Ceci pourrait s'expliquer par le manque de connaissances réelles et d'informations sur les maladies mentales par les membres de cette communauté. En fait la perception que les individus ont d'une maladie influencerait le recours thérapeutique. Les résultats du tableau XIII vérifient cette hypothèse. Il ressort en fait de ce tableau que 78% des répondants ayant donné une bonne définition de la maladie mentale ont choisi la médecine moderne comme itinéraire thérapeutique alors que 83% des répondants qui ont donné une mauvaise définition de la maladie mentale ont choisi la MTR comme itinéraire thérapeutique. Aussi, 35% seulement des enquêtés ont attribué à la maladie mentale une origine naturelle. A coté de ceux-ci, 49,5% soit 94 répondants ont attribué une origine mystique à la maladie mentale. Notons que la même observation avait été faite dans une étude similaire menée en Côte d'Ivoire par Libery en 2009 où 43,2% des enquêtés attribuaient une origine mystique à la maladie mentale. Dans le contexte africain, l'origine attribuée à une maladie détermine l'itinéraire thérapeutique à suivre. Cette origine attribuée dépend le plus souvent du processus de socialisation. Ainsi, selon Diakite et al (1993), «  les maladies attribuées à des facteurs surnaturels ne peuvent être traitées que par la médecine traditionnelle et le recours aux guérisseurs ou aux devins et en aucun cas par la médecine moderne ». L'analyse du tableau XIV confirme cette idée. Il ressort en fait de ce tableau que 72% des répondants qui ont attribué une origine naturelle à la maladie mentale ont choisi la médecine moderne comme itinéraire thérapeutique alors que 79% des répondants ayant attribué une origine mystique à la maladie mentale ont choisi la MTR.

Il ressort de la figure 13 que 18% soit 35 de nos enquêtés ont du malade mental l'image d'une personne très dangereuse qu'il faut éviter à tout prix ; 15% soit 28 enquêtés pensent que c'est une personne que l'on doit enfermer ou enchainer. La même observation avait déjà été faite par Malboeuf en 2011 qui affirmait que « Ce sont les familles qui payent pour faire attacher leurs malades. Et s'ils sont battus et privés de nourriture, c'est parce qu'on croit ainsi les calmer et chasser le démon ». Ceci contribue d'avantage à la stigmatisation des personnes qui souffrent d'une telle maladie. Le malade mental est donc empreint d'une connotation péjorative et reste marqué par sa dangerosité, son imprévisibilité, sa violence et son immoralité (Wisal, 2012). Ce qui est déplorable est que cet image persiste chez la plupart des gens même quant ces malades parviennent à retrouver la guérison. Cette stigmatisation influencerait beaucoup le recours aux soins de santé mentale car cela peut amener les membres de cette communauté à aller se soigner dans leur village où ils sont sans nul doute mieux acceptés et ne revenir qu'après le traitement, pour espérer au moins leur insertion et leur acceptation dans leur lieu de résidence une fois au retour.

A la question de savoir si un malade mental pouvait encore avoir sa place dans la société 78% soit 148 enquêtés ont répondu par l'affirmative. Ce soutien, cette disponibilité ou cette tolérance sociale envers les malades mentales les offrent des supports sociaux infaillibles pouvant jouer sans doute un rôle majeur dans l'induction d'un meilleur pronostic. Par contre 22% soit 42 enquêtés affirment qu'un malade mental ne peut plus avoir sa place dans la société. A ce propos, Malboeuf en 2011 affirme que «Quand les symptômes deviennent trop visibles, la communauté est dépassée, explique ». Ceux-ci stigmatisent, rejettent et excluent de la société les malades mentaux ; ce qui pourrait être à l'origine des rechutes, de l'aggravation de leur état de santé, du suicide qu'on observe le plus souvent chez ce genre de malade et même du trop plein de « fou » dans nos rues. Ceci pourrait également être à l'origine de l'augmentation du taux de suicide qu'on observe chez les malades mentaux. Par ailleurs il ressort du tableau XV que 54% des répondants qui pensent que le malade mental peut encore avoir sa place dans la société ont choisi la médecine moderne comme itinéraire thérapeutique alors que 68% des répondants qui pensent que le malade mental ne peut plus avoir sa place dans la société ont choisi la MTR ; on dirait que quand il n'ya pus rien à perdre, on se confit au traditionnel.

Il ressort de la figure 16 que 27% des répondants prennent la fuite quant ils croisent sur leur chemin un malade mental. Ceci pourrait encore une fois de plus s'expliquer par le manque des connaissances et d'informations du public sur ces maladies car s'il pouvait avoir en idée que la maladie mentale est une maladie comme toutes les autres, de telles réactions n'existeraient pas. Cela constitue une de forme de discrimination à l'égard de ces malades. A coté de ceux-ci, 47% des répondants affirment dirent bonjour à un malade mental quant ils le croisent sur leur chemin mais tout en se tenant sur leurs gardes. Ceci pourrait s'expliquer par le fait qu'ils ont du malade mental l'image d'une personne dangereuse et imprévisible et violente.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon