IV-2 CONNAISSANCE DES
MALADIES MENTALES
Pour ce qui est de la définition de la maladie mentale,
46% soit 87 enquêtés seulement ont donné une bonne
définition de la maladie mentale. Par contre, le reste soit 54% ont
donné une mauvaise définition de la maladie mentale et ceci de la
manière suivante : malédiction ou un mauvais sort
lancé par les sorciers (32%), maladie héréditaire (13%),
possession diabolique (9,5%). Ceci pourrait s'expliquer par le manque de
connaissances réelles et d'informations sur les maladies mentales par
les membres de cette communauté. En fait la perception que les individus
ont d'une maladie influencerait le recours thérapeutique. Les
résultats du tableau XIII vérifient cette hypothèse. Il
ressort en fait de ce tableau que 78% des répondants ayant donné
une bonne définition de la maladie mentale ont choisi la médecine
moderne comme itinéraire thérapeutique alors que 83% des
répondants qui ont donné une mauvaise définition de la
maladie mentale ont choisi la MTR comme itinéraire thérapeutique.
Aussi, 35% seulement des enquêtés ont attribué à la
maladie mentale une origine naturelle. A coté de ceux-ci, 49,5% soit 94
répondants ont attribué une origine mystique à la maladie
mentale. Notons que la même observation avait été faite
dans une étude similaire menée en Côte d'Ivoire par
Libery en 2009 où 43,2% des enquêtés
attribuaient une origine mystique à la maladie mentale. Dans le contexte
africain, l'origine attribuée à une maladie détermine
l'itinéraire thérapeutique à suivre. Cette origine
attribuée dépend le plus souvent du processus de socialisation.
Ainsi, selon Diakite et al (1993), «
les maladies attribuées à des facteurs surnaturels ne
peuvent être traitées que par la médecine traditionnelle
et le recours aux guérisseurs ou aux devins et en aucun cas par la
médecine moderne ». L'analyse du tableau XIV confirme
cette idée. Il ressort en fait de ce tableau que 72% des
répondants qui ont attribué une origine naturelle à la
maladie mentale ont choisi la médecine moderne comme itinéraire
thérapeutique alors que 79% des répondants ayant attribué
une origine mystique à la maladie mentale ont choisi la MTR.
Il ressort de la figure 13 que 18% soit 35 de nos
enquêtés ont du malade mental l'image d'une personne très
dangereuse qu'il faut éviter à tout prix ; 15% soit 28
enquêtés pensent que c'est une personne que l'on doit enfermer ou
enchainer. La même observation avait déjà
été faite par Malboeuf en 2011 qui affirmait que « Ce
sont les familles qui payent pour faire attacher leurs malades. Et s'ils sont
battus et privés de nourriture, c'est parce qu'on croit ainsi les calmer
et chasser le démon ». Ceci contribue d'avantage à la
stigmatisation des personnes qui souffrent d'une telle maladie. Le
malade mental est donc empreint d'une connotation péjorative
et reste marqué par sa dangerosité, son
imprévisibilité, sa violence et son immoralité (Wisal,
2012). Ce qui est déplorable est que cet image
persiste chez la plupart des gens même quant ces malades parviennent
à retrouver la guérison. Cette stigmatisation influencerait
beaucoup le recours aux soins de santé mentale car cela peut amener les
membres de cette communauté à aller se soigner dans leur village
où ils sont sans nul doute mieux acceptés et ne revenir
qu'après le traitement, pour espérer au moins leur insertion et
leur acceptation dans leur lieu de résidence une fois au retour.
A la question de savoir si un malade mental pouvait encore
avoir sa place dans la société 78% soit 148 enquêtés
ont répondu par l'affirmative. Ce soutien, cette disponibilité ou
cette tolérance sociale envers les malades mentales les offrent des
supports sociaux infaillibles pouvant jouer sans doute un rôle majeur
dans l'induction d'un meilleur pronostic. Par contre 22% soit 42
enquêtés affirment qu'un malade mental ne peut plus avoir sa place
dans la société. A ce propos, Malboeuf en 2011 affirme que
«Quand les symptômes deviennent trop visibles, la communauté
est dépassée, explique ». Ceux-ci stigmatisent,
rejettent et excluent de la société les malades mentaux ; ce
qui pourrait être à l'origine des rechutes, de l'aggravation de
leur état de santé, du suicide qu'on observe le plus souvent chez
ce genre de malade et même du trop plein de « fou »
dans nos rues. Ceci pourrait également être à l'origine de
l'augmentation du taux de suicide qu'on observe chez les malades mentaux. Par
ailleurs il ressort du tableau XV que 54% des répondants qui pensent que
le malade mental peut encore avoir sa place dans la société ont
choisi la médecine moderne comme itinéraire thérapeutique
alors que 68% des répondants qui pensent que le malade mental ne peut
plus avoir sa place dans la société ont choisi la MTR ; on
dirait que quand il n'ya pus rien à perdre, on se confit au
traditionnel.
Il ressort de la figure 16 que 27% des répondants
prennent la fuite quant ils croisent sur leur chemin un malade mental. Ceci
pourrait encore une fois de plus s'expliquer par le manque des connaissances et
d'informations du public sur ces maladies car s'il pouvait avoir en idée
que la maladie mentale est une maladie comme toutes les autres, de telles
réactions n'existeraient pas. Cela constitue une de forme de
discrimination à l'égard de ces malades. A coté de
ceux-ci, 47% des répondants affirment dirent bonjour à un malade
mental quant ils le croisent sur leur chemin mais tout en se tenant sur leurs
gardes. Ceci pourrait s'expliquer par le fait qu'ils ont du malade mental
l'image d'une personne dangereuse et imprévisible et violente.
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