CHAPITRE IV :
SYNTHESE ET DISCUSSION
Notre enquête a porté sur un échantillon
de 190 personnes. Il s'agit d'un échantillon représentatif de
l'ensemble des membres de la COBANGY. Cette enquête nous a permis de
dégager trois grands axes de réflexion à savoir :
· Les caractéristiques sociodémographiques
et économiques des enquêtés ;
· La connaissance des maladies mentales ;
· Les itinéraires thérapeutiques des
maladies mentales.
IV-1 LES CARACTERISTIQUES
SOCIODEMOGRAPHIQUES ET ECONOMIQUES DES ENQUETES
Parmi les personnes enquêtées, le genre
féminin constitue 53% de notre échantillon alors que les hommes
représentent seulement 47% de cet échantillon. Cette
différence pourrait s'expliquer au regard de la proportion qu'occupe la
gente féminine dans la population mondiale soit 51,5% de femmes contre
48,5% d'hommes (Rapport du recensement général et de l'habitat,
2005). Il faut juste noter que la COBANGY n'échappe pas à cette
réalité. Ce grand nombre de femmes pourrait influencer sur les
recours thérapeutiques. Les résultats du tableau VII montrent
à cet effet que sur les 97 femmes que contient notre échantillon,
65soit 67% ont choisi la MTR comme itinéraire thérapeutique des
maladies mentales. Il ressort alors de ce tableau que les femmes plus que les
hommes ont tendance à recourir beaucoup plus à la MTR en cas de
maladie. Cette observation avait déjà été faite par
(Mbouyap, 2002) dans une étude réalisée en 2002 sur le
pluralisme thérapeutique et stratégies de sante au Cameroun.
La tranche d'âge de 40 à 59 ans est la plus
représentée dans la COBANGY (66% soit 125 répondants).
Nous pouvons dire que la population cible de notre étude est
constituée en majorité des adultes. L'âge est un
élément déterminant du choix de l'itinéraire
thérapeutique. Ainsi, plus l'individu augmente en âge, plus il a
tendance à recourir aux soins de santé traditionnels (Mbouyap,
2002). Ceci pourrait être dû au fait que les
générations les plus anciennes aujourd'hui sont plus
imprégnées des valeurs, connaissances et pratiques
traditionnelles que les générations récentes.
Par ailleurs, 65% soit 124 de nos enquêtés sont
nés et ont grandi en milieu rural. Ceci est d'autant plus vrai puisque
nous ne sommes pas dans leur village d'origine. Le grand nombre des Bangang
à Yaoundé s'explique par l'une de leurs principales
caractérisques qui est la mobilité spatiale (Dzogning). Leur
présence à Yaoundé s'expliquerait par des migrations
définitives qu'ils effectuent soit à la recherche des
établissements scolaires pour les uns, du travail pour les autres, pour
exercer les activités comme le commerce, ou pour le travail en ce qui
concernent les salariés cadres de l'administration, des entreprises
privées et parapubliques.
Il ressort de la figure 3 que 36% soit 69 de nos
répondants ont le niveau secondaire, suivi de 20% soit 38
répondants qui ont le niveau supérieur. Par contre, 37% soit 70
de nos répondants ont le niveau primaire suivi de 7% soit 13 de nos
répondants qui n'ont jamais été à
l'école ; ce qui a rendu la collecte très difficile. Nous
avons ainsi été obligés de traduire les questions en
langue locale (le Ngiemba) pour faciliter la compréhension et pour
espérer avoir de bons résultats. L'instruction favorise la
rupture avec certaines pratiques sanitaires traditionnelles et
l'adhésion à la culture occidentale. L'adhésion aux
croyances étiologiques et à la thérapie traditionnelle est
plus accentuée chez les personnes non instruites (Mboko, 2010). Les
résultats de Khi-deux du tableau VIII montrent d'ailleurs que 100% des
répondants qui n'ont aucun niveau d'instruction ont choisi la MTR comme
itinéraire thérapeutique alors que alors que 67% des
répondants ayant atteint le supérieur ont choisi la
médecine moderne comme itinéraire thérapeutique des
maladies mentales. Le niveau d'instruction détermine donc le choix de
l'itinéraire thérapeutique à un seuil de
significativité de 1%.
Pour ce qui est de la religion, 61%soit 116 répondants
appartiennent à la religion catholique, suivi de 29% soit 55 personnes
appartiennent à la religion protestante. 4% soit 7 enquêtés
appartiennent aux églises de réveil. Ce qui veut dire que la
majorité de nos répondants pratique une religion. La religion
à travers les normes, les valeurs et les pratiques qu'elle
véhicule est un facteur susceptible d'influencer la perception, les
attitudes et les comportements des individus concernant les recours
thérapeutiques (Mboko). L'influence de la religion sur le choix de
l'itinéraire thérapeutique va donc dépendre du groupe
auquel on appartient. Ainsi, les chrétiens ont tendance à
recourir beaucoup plus à la médecine Occidentale alors que
l'Islam est favorable à la MTR.
Parmi les personnes enquêtées, 82% soit 156
répondants sont mariés, 6% soit 11 répondants sont veufs
(ves). L'analyse bivariée du tableau IX nous a permis de voire que 53%
des mariés font recours à la médecine moderne alors que
alors que 91% des veufs (ves) font recours à la MTR. Ainsi, nous pouvons
conclure que le statut matrimonial détermine le choix de
l'itinéraire thérapeutique à un seuil de
significativité de 5%. Par contre 73% soit 138 des enquêtés
ont plus de quatre personnes en charge. Cela signifierait tout simplement que
Dieu a exaucé la prière à lui adressée par le tout
premier chef du groupement Bangang (Fouo-Ngang) lors de la consécration
de ce village en ces termes : « Dieu très haut
créateur de tout....fais que l'homme et la femme accouchent
jusqu'à leur intestin grêle, que la fécondité soit
sans mesure » (MJEEBAR, 2012)
Pour ce qui est de la profession, 29% des répondants
sont des fonctionnaires ou des employés du secteur privé ;
c'est d'ailleurs ce qui expliquerait le nombre plus élevé des
Bangang à Yaoundé. Ils s'y rendraient notamment pour le travail
en ce qui concerne les cadres de l'administration publique, des entreprises
privées et parapubliques et aussi pour exercer les activités
comme le commerce. (Dzogning). 39,5% des enquêtés sont des
commerçants. Ce grand nombre des commerçants dans la COBANGY
pourrait s'expliquer en termes de don voulu par Dieu à ce peuple. En
fait ceci voudrait tout simplement dire que la parole de
bénédiction prononcée par Fouo-Ngang le tout premier chef
Bangang à la fin de l'exhortation de Dieu pour la
bénédiction de ce village en ce terme « notre
richesse sera... ..le commerce » s'est accomplie (MJEEBAR, 2012). Il
ressort en fait du tableau XI que 74% des fonctionnaires font recours
à la médecine moderne en cas de maladies mentales alors que 57%
des commerçants font recours à la MTR. Ceci pourrait une de plus
se justifier par la stabilité du revenu (les fonctionnaires ont un
revenu stable alors que les commerçants ont un revenu mensuel pas
très fixe). Ce tableau nous permet alors de voir que la profession
influence le choix de l'itinéraire thérapeutique à un
seuil de significativité de 1%.
En ce qui concerne le revenu mensuel, 46%soit 88
enquêtés disent avoir un revenu mensuel inferieur à 50000F
Cfa. Ce qui pourrait expliquer que les membres de cette communauté
sollicitent beaucoup plus la médecine traditionnelle pour le traitement
des maladies mentales, parce que qu'elle est moins chère et que le
payement peut se faire par naturel. Il ressort du tableau XII que 58% des
répondants ayant un revenu mensuel de moins de 50000F Cfa choisissent la
MTR comme itinéraire thérapeutique alors que 66% des
répondants ayant qui ont un revenu mensuel sup à 10000F Cfa
choisissent la médecine moderne comme itinéraire
thérapeutique. Nous pouvons conclure que le revenu mensuel
détermine le choix de l'itinéraire thérapeutique à
un seuil de significativité de 5%. La même observation avait
été faite par Libéry en 2009
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