2.2. Cadre temporel
Notre étude s'étend sur une période de 24
ans. Elle couvre la période 1987 - 2011. Le choix de cette
période n'est pas un fait du hasard. Dans une perspective diachronique,
le choix de la période 1987 - 2011 est basé sur le profil
historique du terroir. En effet, cette période est
caractérisée par des évènements susceptibles
d'influencer l'évolution des types d'occupation du sol. Le terroir de
Ndokayo a connu deux principaux flux migratoires entre 1987 et 2011 : d'abord
l'installation de la communauté Haoussa en 1988, ensuite, celle des
réfugiés centrafricains à partir de 2001 (HCR, PAM, UNICEF
; 2007). Ainsi, l'analyse diachronique sera fondée sur trois dates
à savoir 1987, 2000 et 2011. L'analyse des types d'occupation du sol en
1987 a pour vocation d'évaluer leur évolution avant
l'installation de la communauté Haoussa. Dans la même logique,
l'analyse des types d'occupation du sol en 2000 va remplir deux fonctions. Elle
va permettre d'apprécier les changements de l'occupation du sol durant
plus d'une décennie de présence de la communauté Haoussa
dans le terroir. En plus, elle met en exergue l'état des lieux de ces
types d'occupation du sol avant l'installation des réfugiés
centrafricains. La dernière année 2011 a été
choisie dans l'optique d'apprécier les changements survenus après
une décennie de présence des réfugiés
centrafricains dans le terroir.
3. Questions de recherche
3.1. Question principale
? Comment évoluent les types d'occupation du sol dans
le terroir de Ndokayo entre 1987 et 2011 ?
3.2. Questions spécifiques
? Quelles sont les modifications qu'ont connues les types
d'occupation du sol dans le terroir de Ndokayo entre 1987 et 2011 ?
7
? Quels sont les facteurs explicatifs de ces modifications ?
? Quelles sont les caractéristiques des principaux
acteurs de la dynamique des types d'occupation du sol dans le terroir ?
? Quelles sont les conséquences
socio-économiques de la dynamique des types d'occupation du sol dans le
terroir ?
4. Contexte scientifique
La question de la dynamique des types d'occupation du sol a
fait l'objet d'importantes préoccupations au sein de la
communauté scientifique à l'échelle planétaire en
général et dans le monde tropical en particulier. Loin de se
focaliser sur les facteurs et les acteurs de la dynamique de l'occupation du
sol qui sont à priori connus ; en l'occurrence les
éléments du milieu naturel et les sociétés
humaines, cette étude est surtout axée sur les approches et les
méthodes d'analyse. Ainsi, l'approche est généralement
diachronique, les méthodes et outils d'analyse restent bien nombreux.
Les études portant sur ce sujet sont fondées sur des cartes
d'occupations du sol et des données statistiques y afférentes.
Les cartes d'occupation du sol sont des précieux documents qui
permettent de matérialiser et d'analyser les changements
spatio-temporels d'un ou de plusieurs phénomènes spatiaux.
Celles-ci sont réalisées sous la base d'outils et de
méthodes spécifiques de plus en plus performants.
Ces trois dernières décennies,
l'évolution technologique rend de plus en plus pratique la cartographie
de l'occupation du sol, ce qui permet par ricochet d'apprécier la
dynamique spatio-temporelle d'un phénomène observable à la
surface de la planète. Ces dernières années, la
télédétection fait la une de l'actualité
scientifique s'agissant de l'étude des phénomènes spatiaux
et de leur dynamique. Cette nouvelle approche dans l'étude
spatio-temporelle de l'occupation du sol est basée sur l'analyse des
données cartographiques numériques issues du traitement
informatique des images des satellites. Depuis sa mise au point, la
télédétection a connu diverses phases au cours de
8
son évolution. Le problème de l'échelle
d'analyse a souvent fait l'objet de vifs débats depuis les
premières heures de cette possibilité.
Lambin et Ehrlich (1997) ont évalué et
analysé les changements de l'occupation du sol dans le continent
africain sous la base des données de dix ans des satellites de
NOAA-AVHRR entre 1982 et 1991. Leurs travaux ont montré que ce processus
a affecté le plus moins de 4 % des régions subsahariennes au
cours de la période d'étude. Cette approche a aussi
été privilégiée par Palmer et Van Rooyen (1998) qui
ont fait usage des données de Landsat TM pour explorer les impacts de la
politique de gestion des terres sur la structure de la végétation
dans le désert du Kalahari méridional. Le constat qui se
dégage de ces deux travaux ci-dessus évoqués est la
grandeur de l'échelle spatiale. L'utilisation des images satellitales
à moyenne et haute résolutions spatiales présente une
limite. Ce type d'image reste approprié pour une cartographie de
l'occupation du sol à petite échelle. A grande échelle, il
devient difficile et même impossible de les exploiter.
L'évolution de la technologie a tôt fait de
remédier à cette faiblesse, avec le lancement des satellites
dotés de capteurs puissants à très haute résolution
spatiale (Geoeye, Ikonos, Quickbird). Les scènes issues de ce type de
capteurs permettent de cartographier plus nettement, et de façon plus
détaillée l'occupation du sol.
Faisant usage de ce type de données, des études
plus récentes ont été menées par Luc
Cambrézy sur les camps des réfugiés au Kenya. Il a pu
démontrer à l'aide de ces images que les camps des
réfugiés entrainent de nouvelles dynamiques spatiales affectant
le couvert végétal. L'utilisation de ces images à
très haute résolution a permis de cartographier avec une haute
précision les camps des réfugiés. Les camps de
réfugiés sont de larges concentrations humaines, parfois
éphémères, qui atteignent entre 11 000 et 20 000 habitants
(Cambrézy, 1999). Cambrézy a abouti aux résultats selon
lesquels l'installation des camps de réfugiés entraine la
déforestation. En effet, la situation socioéconomique des
réfugiés les prédispose à une dépendance
vis-à-vis des ressources naturelles locales. Il signale d'ailleurs la
présence d'auréoles de déforestation autour des camps des
réfugiés qui, selon lui, en sont les responsables.
9
Dans cette optique, il s'agit bien d'un contexte où les
espaces occupés par les réfugiés ne l'étaient pas
avant leur installation. Il apparait alors clair que l'impact des
réfugiés dans zone d'accueil souligné par Cambrézy
est purement écologique.
Cependant dans certains cas, comme dans le terroir
étudié, l'installation du groupe des réfugiés a
lieu dans des espaces déjà occupés et mis en valeur par
une autre communauté. Il apparait donc évident que l'aspect
socioéconomique n'a pas suffisamment été analysé
dans l'évaluation de l'impact de cette dynamique. Dans un tel contexte,
l'usage de cette méthode cartographique par
télédétection doit être complété par
la mise sur pied d'un SIG1, étant donné que l'un des
aspects de cette étude est d'évaluer l'impact des
réfugiés en termes de dynamique spatiale et temporelle.
Cependant, l'accès aux images satellitales à
très haute résolution spatiale est limité. Cette limite
est tout d'abord liée au coût élevé de celles-ci.
Aussi, les dates de prise de vue ne correspondent toujours pas à celles
choisies pour l'étude.
Face à cette difficulté, les géographes
ont généralement fait usage d'une approche multi-source.
L'approche multi-source associe et rapproche les différentes sources de
données disponibles. Suivant cette logique, Rembold et al.
(2000) ont étudié les changements de l'occupation du sol des
régions du lac d'Ethiopie centrale et du sud en utilisant les
photographies aériennes datées de 1972 jusqu'en 1994 et de
Landsat TM. Mendoza et Etter (2002) ont utilisé les photographies
panchromatiques, seulement, combinées avec des travaux sur le terrain et
du SIG pour évaluer les changements dans les parties de Bogota en
Colombie. Ram et Kolarkar (1993) ont étudié les changements
d'utilisation de la terre d'aride dans des secteurs en Inde par une simple
comparaison visuelle entre les images satellitales, de cartes et de
photographies aériennes.
A l'usage des photographies aériennes dans
l'étude d'une dynamique spatiale se pose le problème de leur
disponibilité, surtout dans les pays sous-développés. En
effet,
1 Système d'Information
géographique.
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certaines zones n'ont jamais été couvertes par
une mission aérienne, celles-ci nécessitant de gros moyens
financiers et technologiques. Aussi, les photographies aériennes de
certaines régions sont de nos jours inexistantes du fait de leur
mauvaise conservation et la plupart de celles-ci datent de plus d'un
demi-siècle.
Au total, les plus grands problèmes, dans toutes ces
approches de la cartographie de l'occupation du sol, dans une optique
d'appréciation de l'évolution spatio-temporelle, se posent au
niveau de l'échelle d'étude et de l'adaptation des dates choisies
avec les données disponibles surtout dans les pays
sous-développés qui souffrent d'un manque criard de
données scientifiques.
Pourtant, les études portant sur la dynamique spatiale
sont d'une grande nécessité dans ces pays, notamment dans les
espaces ruraux en pleine mutation. Elles permettent de comprendre le
phénomène sous ses divers aspects en mettant en évidence
les processus, les facteurs et même les acteurs. Ainsi, elles contribuent
à leur maîtrise.
Face à cette limite, les relevés de terrain sont
une possibilité pour cartographier l'évolution des types
d'occupation du sol. Les cartes d'occupation du sol peuvent être obtenue
par relevés de terrain (levés GPS et les profils historiques)
(Leenhardt D et al.,2005). L'ensemble des informations recueillies
sera utilisé pour constituer une base de données SIG. La base de
données SIG est constituée de données
géométriques (localisation des objets dans l'espace en
coordonnées x, y et z) et des données attributaires
(données relatives à la description de ces objets). Devant ces
limites que présente l'étude de la dynamique de l'occupation du
sol basée sous l'utilisation des images satellitales et des
photographies aériennes sus-évoquées, la méthode
cartographique par relevé de terrain et des relevés floristiques
ont été privilégiés dans notre étude.
5. 11
Objectifs
5.1. Objectif principal
Montrer comment évoluent les types d'occupation du sol
dans le terroir de Ndokayo entre 1987 et 2011.
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