Introduction générale
La dynamique des types d'occupation du sol est un
phénomène qui se produit dans tous les espaces
géographiques. Il s'agit d'un phénomène normal Black
(1998).Cependant, ce phénomène devient anormal et
problématique quand des masses de populations s'installent dans les
espaces et mettent en valeurs les ressources naturelles qui s'y trouvent.
Plusieurs circonstances président à l'installation des masses
populationnelles dans des espaces. Dans la plupart des cas, il s'agit des
circonstances malencontreuses. L'installation de masses de personnes fait donc
suite à des migrations forcées. A l'origine de migrations
forcées, ce sont généralement, des catastrophes naturelles
et des conflits armés.
Dans les savanes surtout, l'installation d'une masse de
personnes entraine une pression importante sur l'environnement local : les
ressources ligneuses sont exploitées pour la production du bois de
chauffe et du bois d'oeuvre, le tapis herbacé est exploité comme
pâturages. Le tout se solde par des changements de l'occupation du sol,
qui se manifestent dans la plupart des cas par la transformation
régressive de la végétation. Dans cette nouvelle
situation, les conséquences sont sans doute l'apparition, l'enracinement
et l'exacerbation des problèmes liés à l'organisation de
l'espace et de la raréfaction des ressources naturelles locales.
Par ailleurs, une situation moins déplorable à
celle ci-dessus décrite est envisageable si l'installation des groupes
sociaux est précédée d'une planification et par
conséquent des mesures adéquates pour anticiper les risques de
dégradation environnementale.
Seulement au Cameroun, comme dans le reste de l'Afrique
subsaharienne, où la culture de la planification est peu ancrée
dans les politiques, les espaces sont occupés
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sans planification au préalable si bien qu'il est
difficile d'anticiper sur des phénomènes
problématiques.
Cette manifestation de l'absence de la culture de
planification, déjà visible dans le milieu urbain, l'est encore
plus dans les espaces ruraux qui sont en pleine mutation ; ceux-ci
acquérant peu à peu les caractéristiques de la ville
notamment sur le plan démographique.
Les localités frontalières et celles
situées à moins d'une centaine de kilomètres de la
frontière centrafricaine des régions administratives de l'Est et
de l'Adamaoua accueillent des réfugiés centrafricains depuis le
début des conflits à partir de l'année 2000. Le terroir de
Ndokayo est l'une des premières localités à accueillir les
réfugiés centrafricains. Depuis l'installation des premiers
groupes de réfugiés, dans ces localités, les zones
d'accueil font face aux problèmes sociospatiaux, et
socioéconomiques. Cette situation était sans soute
inévitable. En effet, aucune prédisposition n'avait
été prise, si bien qu'au bout d'une seule décennie, les
problèmes ont fait surface et prennent de plus en plus de l'ampleur.
Dès lors, le problème qui se pose est celui de
la planification, en termes d'organisation spatiale, de gestion des espaces, de
gestion des ressources naturelles. Eu égard de ce constat, l'analyse de
la dynamique des types d'occupation du sol est une nécessité.
Elle débouche sur des recommandations, afin d'aider les
communautés locales à faire efficacement face aux
problèmes qui se posent avec acuité.
1. Problématique
Le terroir de Ndokayo est situé en zone climatique
soudano-guinéenne de transition. Il est caractérisé par
une végétation composite en termes spécifique et de
mosaïques. Les deux formations végétales dans le terroir
sont la savane arbustive dense et la galerie forestière. De ces deux
formations végétales, la savane arbustive dense est la plus
étendue. La galerie forestière quant à elle se
développe le long des cours d'eau et serpente la zone, créant des
ruptures dans l'étendue de la savane
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arbustive dense. De par ses caractéristiques, le
terroir de Ndokayo offre de multiples potentialités économiques,
notamment l'agriculture et l'élevage. Par ailleurs, de nombreuses
ressources naturelles y sont aussi disponibles. Les ressources ligneuses sont
utilisées pour le bois de chauffe et d'oeuvre. Les pâturages sont
fondamentaux à la pratique pastorale.
Cependant, l'on assiste à la fin de la décennie
2000 - 2010 à la naissance et la multiplication de problèmes
socioéconomiques et environnementaux dans le terroir. Entre autres
problèmes, il y a, les fréquents conflits entre les
différents groupes d'acteurs, notamment agriculteurs et éleveurs,
et la raréfaction des ressources ligneuses en termes spécifique
et quantitatif. En effet, la raréfaction des ressources naturelles
entraine une compétition au sein des différents groupes d'acteurs
locaux. Aussi, l'érosion de la biodiversité
végétale, dans ce milieu où la pharmacopée reste le
principal recours des populations en matière de santé, limite
l'offre en soin (HCR,2010).
Pourtant, tel qu'édicté par la politique
gouvernementale en matière de développement rural, la mise en
valeur des ressources naturelles locales doit pouvoir contribuer efficacement
au développement des communautés locales. Dans un contexte
où les ressources naturelles sont surexploitées et les espaces
mal gérés, il est évident que le développement
durable demeure un fait incertain.
Cette situation amène à nous interroger sur les
raisons qui expliquent l'ensemble des problèmes qui ont pris place et se
sont exacerbés dans le terroir. L'approche géographique
privilégie l'espace en termes de paysage. Ainsi, l'analyse de la
dynamique des types d'occupation du sol s'avère la voie indiquée
pour comprendre efficacement les problèmes qui se posent dans le terroir
de Ndokayo.
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2. Cadre spatiotemporel 2.1. Cadre spatial
Le terroir de Ndokayo s'étend du 14°3'43"E -
14°10'15"E et du 5°25'31"5°33'17". Traversé par la route
nationale N°1 Bertoua - Ngaoundéré, il fait partir de
l'ensemble du bassin de Lom. Il s'agit d'une zone carrefour située au
Nord-est de la ville de Bertoua, au Sud de Garoua-Boulaï ; et
limitée à l'Est par la ville de Bétaré-Oya.
Sur le plan administratif, le terroir de Ndokayo est du
ressort territorial de la région de l'Est, département du Lom et
Djérem, arrondissement de Bétaré-Oya. Dans la logique de
la décentralisation du territoire camerounais, il s'agit d'une portion
de la commune d'arrondissement de Bétaré-Oya.
Le terroir de Ndokayo est l'une des premières zones
d'accueil des réfugiés centrafricains au Cameroun. Ce terroir,
depuis le début des années 2000, a connu l'implantation de plus
de 7000 réfugiés centrafricains.
Sur le plan bioclimatique, c'est une zone de transition
forêt-savane, avec un climat de type soudano-guinéen de
transition. Les conditions écologiques en place confèrent
à ce terroir des ressources végétales importantes et
diversifiées.
Cette situation a souvent détourné l'attention
des acteurs au sujet de la dégradation de ces ressources. En effet,
pouvoirs publics accordent peu d'importance à ce type de milieu
bioclimatique, l'essentiel des actions étant accordé aux aires
sèches pour faire face aux crises de sècheresse auxquelles elles
sont fréquemment confrontées et aux régions des grandes
forêts pour assurer leur gestion durable. Pourtant cette zone n'est pas
exempte de dégradation. Elle fait face, comme les aires sèches
aux effets de la sècheresse.
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Figure 1. Localisation du terroir de
Ndokayo.
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