Dans un premier temps, la santé publique a joué
un rôle dominant dans le secteur de la santé au Cameroun. Cela
n'est plus vrai aujourd'hui, même si la tarification des services de
santé, officielle ou parallèle, ne correspond pas aux coûts
réels de revient, et s'il reste donc une forme de subvention publique
aux dépenses de santé, près de 4/5 des dépenses des
santé sont actuellement assumées par les ménages, la part
de dépense de santé dans les dépenses totales ayant
été de 7,13% en 1996 et de 7,6% en 2001 (ECAM I et II).
On peut estimer que 4 à 5% seulement de la population
camerounaise dispose, actuellement d'une protection contre le risque maladie.
Il faut ajouter un pourcentage difficile à chiffrer, mais l'ordre de
15%, qui dispose d'une couverture très partielle du risque grâce
aux caisses de recours mises en place dans le cadre des « associations
» ou des tontines traditionnelles.
Le secteur santé comprend trois sous-secteurs :
28 Voir une étude sur « santé et couverture
sociale » dans
www.gipspsi.org.
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- Le sous-secteur public qui comprend en plus des structures
sanitaires du Ministère de la Santé publique, celles sous tutelle
des autres départements ministériels que sont les
Ministères de la Défense, de l'Emploi, du Travail et de la
Sécurité sociale, de l'Education nationale, des Affaires Sociales
etc.
- Le sous-secteur privé qui regroupe d'une part, les
structures sanitaires privées à but non lucratif (confessions
religieuses, associations et diverses organisations non gouvernementales) et
d'autre part, les structures sanitaires privées à but lucratif
(cliniques médicales et cabinets de soins).
- La médecine traditionnelle qui occupe une place
importante dans le secteur santé mais qui est peu
réglementée. Les dépenses de santé, les indicateurs
principaux (en 2003) et les ressources humaines de santé (en 2004) au
Cameroun, sont résumées en annexe (voir annexe1.1).
A : La prise en charge du risque maladie dans
l'économie moderne
Dans le secteur moderne de l'économie,
particulièrement dans les filières agro-alimentaires et
agro-industrielles, la protection maladie assurée comme dans le cadre du
modèle ancien, inspiré de la médecine gratuite :
l'infirmerie, le centre de santé ou de petit hôpital interne prend
en charge à la fois la maladie et les accidents de travail :
· le service est de niveau très inégal ;
· les coûts sont disparates, allant de moins de
20000 à 800000 FCFA annuels par salarié.
Dans le souci d'ouverture vers l'extérieur, la
protection des salariés basée sur la dépense de soins en
interne évolue de plus en plus vers un système mutualiste,
où la contribution et le contrôle sont partagés entre
employés et employeurs. Le système est efficace, et permet une
bonne maîtrise des coûts, malgré une certaine absence
d'encadrement prudentiel. Les limites dans la prise en charge des soins sont
fixées en fonction des ressources disponibles (ticket modérateur
et forfait par famille). Le système laisse, en général une
place pour l'assurance maladie privée pour l'encadrement, souvent
à des prix très élevés, éventuellement aussi
pour l'ensemble du personnel, parfois dans la limite des dépenses
hospitalières.
Malgré l'existence d'un texte législatif
prévoyant la prise en charge de 60% des soins de
santé29, très imparfaitement appliqué, et
malgré l'existence de quelques mutuelles de santé et
29 En cas de maladie ou d'accident non imputable au
service, l'Etat participe à concurrence de 60% au frais de soins
médicaux, pharmaceutiques, d'hospitalisation, de
rééducation fonctionnelle et d'apprentissage, pour le
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de nombreux essais, le fonctionnaire camerounais n'est, en
général, pas couvert pour ses dépenses de santé.
Même si les entreprises au
Cameroun30continuent d'assurer la couverture du risque maladie pour
leurs salariés, au niveau du pays, la dépense totale
assurée par les entreprises représente environ 8% des
dépenses de santé.
B : L'assurance maladie dans le secteur
informel et dans le monde rural.
Dans le secteur informel et dans le monde rural, les
expériences de mise en place de systèmes d'assurance
destinés à couvrir le risque maladie se réduisent à
quelques rares exemples de mutuelles, à la portée très
limitée et à durée de vie incertaine.
Les raisons les plus souvent évoquées pour
cette rareté d'initiative réussie sont :
l'hétérogénéité sociale et
économique, le manque de confiance dans la gestion des fonds et dans la
durabilité des services fournis, la difficulté du contrôle
en cas d'utilisation abusive, la difficulté dans les milieux pauvres de
payer le minimum requis pour le fonctionnement d'une mutuelle, les mauvaises
expériences et l'absence d'exemples réussis, l'absence de
formation sanitaires assez efficaces pour pouvoir susciter des
adhésions.
En revanche, l'investissement des associations dans la forme
embryonnaire de couverture du risque maladie est croissant. Alors que
l'exclusion des ménages urbains de l'assurance formelle est presque
totale - les chefs de ménage comptent, essentiellement, soit sur
eux-mêmes (48% des cas), soit sur le conjoint (38% des cas) - une
contribution des associations à la prise en charge du risque maladie est
constatée dans 14% des cas. L'exclusion des ménages en termes de
santé implique le recours à des formes rénovées de
la société traditionnelle (Epée Kotto, 2004).
I-2 : Analyse comparative des évolutions de la
productivité du travail dans les secteurs formel et informel
L'étude de la productivité du travail peut
être faite, d'une part, en analysant les écarts de
productivité dans les secteurs formel et informel (I-2-1) et d'autre
part, en expliquant les différences de productivité pour les
individus identiques (I-2-2).
fonctionnaire, son conjoint et ses enfants légitimes,
reconnus ou adoptifs(30% en cas de soins auprès du secteur
privé). Décret n°2000/629 PM du 13.09.2000, article 16.
30 Celles qui paient les impôts, cotisent
à la CNPS, adhérent au Groupement Interpatronal du Cameroun
(GICAM).