L'étude empirique de l'incidence de la protection
sociale conduit à l'utilisation d'un modèle de croissance.
A : Modèle de croissance de Solow
augmenté
Bien que les théories qui sous-tendent les tentatives
visant à tester empiriquement les liens entre la protection sociale et
la croissance soient parfois complexes, dans la pratique, pour effectuer une
estimation il s'agit presque toujours de prendre un modèle des causes de
la croissance et d'y ajouter des mesures de protection sociale.
La démarche empirique suivie pour tester la
deuxième hypothèse s'inscrit dans la droite ligne de cette
tradition : elle prend un modèle de croissance et s'efforce de
déterminer si l'évolution
des dépenses publiques de protection sociale pourrait
expliquer certains points qui ne trouvent pas de réponses dans le
modèle de base.
La plupart des analyses des causes de la croissance
s'appuyaient autrefois sur le modèle empirique proposé par Solow
(1956) et Swan (1956) qui reposait sur une fonction de production de rendements
d'échelle constants avec deux intrants : la travail et le capital. Plus
récemment, Mankiw, Romer et Weil (1992) ont ajouté à ce
modèle le capital humain comme troisième facteur de production.
Leur modèle (MRW) sert désormais de référence dans
la majorité des études empiriques des déterminants de la
croissance ( Bassanini et Scarpetta (2002) ; Arjona et al. (2002) ;
Kobou (2002)), la croissance du PIB rapporté à la population
d'âge actif étant modélisée en fonction de ce qui
suit :
· L'investissement dans le capital physique ;
· Le taux de croissance de la population d'âge actif
;
· Le stock de capital humain ;
· Le revenu en début de période (plus un
pays est pauvre plus il est probable que sa croissance sera rapide, puisque les
pays pauvres peuvent copier les technologies des pays plus riches sans avoir
à mettre au point eux-mêmes de nouvelles techniques. Cette
variable s'appelle « effet de rattrapage »).
La spécification du modèle de MRW donne la forme
suivante :
lny(t) - lny(0)
- ø t ) ln (0) (1 ) ln (0) (1
ø t
+ - e -
e y A + ã t + - e
- ø t )
1 -á-â
-(1 -
á
)
ln(
sk
+
(1
)
ä
n
ln(
+ ã +
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â á + â
t
e ln( ) (1 )
- ø ø t
- ) s - - e -
-á-â
h
1 - á - â 1
sk et sh
représentent respectivement la proportion du produit dans le capital
physique et le
capital humain ;
ø représente le taux de convergence.
Ce modèle ressemble à celui de Solow car il
postule que les rendements d'échelle sont constants. Il est toutefois
différent du modèle de Solow, car il implique que des changements
modérés dans la quantité des ressources consacrées
à l'accumulation du capital physique et du capital humain
entraînent de fortes variations dans la production par tête.
Appliqué aux données en coupe transversales, ce
modèle permet de saisir les différences de croissance entre pays
(Barro (1991) ; Sala-I-Martin (1997)). Cependant, il résulte une perte
d'information ; tout au moins par rapport à la dimension temporelle des
données, puisque les valeurs utilisées sont obtenues à
partir des moyennes des indicateurs sur
74
une période étudiée. Ce qui signifie
concrètement qu'il y a omission des variables du modèle qui
dés lors, souffre d'un biais d'omission des variables et, dans certains
cas, d'un biais d'endogénéité : certaines variables
explicatives prises en compte peuvent être également des variables
endogènes.
B : Equation à
estimer
Dans la mesure où le modèle de croissance MRW
est le modèle le plus communément employé dans les
études empiriques sur la croissance, c'est également celui qui a
été retenu dans cette étude afin que les
éventuelles différences entre les résultats
présentés au chapitre précédent et ceux qui se
dégagent de la majorité d'autres études ne puissent
être imputées à la spécification du modèle
utilisé. Toutefois, la présente étude emploie des
séries chronologiques, à la différence de bon nombre
d'autres études sur les liens entre protection sociale et croissance.
Cela permet une meilleure précision des estimations.
Sous sa forme générale, l'équation
à estimer s'écrit :
PIBR =f(C,P) (1)
Avec : PIBR = croissance du PIB réel
C = un panier de variables dites conventionnelles (le
capital physique, le travail
et le capital humain).
P = un panier des variables liées à la
politique économique et sociale (les
dépenses de protection sociale).
L'équation (1) peut se réécrire sous la
forme (2) :
PIBR =
f(HUM,PAC,DEPS,IVPR) , avec les
signes suivants attendus :
(+) (+) ( ?) (+)