Une analyse économique des variables permet de
comprendre l'effet de chacune d'elle sur la croissance.
A : Les variables
HUM le capital humain (cette variable est
captée par le taux brut de scolarisation du primaire et du secondaire) :
l'augmentation de la part de la population active ayant au moins un niveau de
scolarisation secondaire est supposer influer positivement sur la croissance
économique, conformément aux résultats obtenus par les
principaux théoriciens de la
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croissance endogène (Lucas, 1988 ; Romer, 1990). En
effet, une augmentation de la part scolarisée de la population active,
participe au renforcement du capital humain, défini comme l'ensemble des
facteurs incorporés à l'homme et qui permet d'accroître sa
productivité (Logossah, 1994). A contrario, une augmentation de la part
non scolarisée de la population active devrait influer
négativement sur la croissance.
PAC (Population Active) mesurant la main d'oeuvre :
la quantité de travail fournie dans une économie est
proportionnelle à la population active. Cette dernière est
supposée influer positivement sur la production, avec un effet de seuil,
du fait des rendements marginaux décroissants.
DEPS (Dépenses publiques de
Sécurité Sociale) mesurant l'effet de la protection sociale : du
fait de la richesse et de la diversité des résultats empiriques
relatifs à l'impact de la protection sociale sur la croissance, il
parait difficile de se prononcer sur le signe attendu d'une telle relation dans
le cas du Cameroun.
IVPR (Investissement Privé réel)
représentant le capital physique : l'investissement privé est un
facteur de croissance, tant pour l'école néoclassique que pour la
théorie keynésienne. De plus, il est susceptible d'engendrer,
conformément aux résultats récents des modèles de
croissance endogène (Guellec et Ralle, 1997) des effets
d'externalités. En effet, un investissement d'une entreprise permet
à cette dernière d'accroître non seulement sa propre
production, mais aussi celles des autres entreprises, du fait des
externalités technologiques qu'il engendre. Des études empiriques
relatives aux économies africaines (Ojo et Oshikoya (1995) ; Ghura et
Hadjimichael (1996)), ont ainsi mis en évidence l'existence d'une
relation positive entre l'investissement et la croissance du PIB par
tête.
Il est difficile de spécifier la liste
appropriée des régresseurs à inclure dans le
modèle. D'un point de vue théorique, il est plausible d'affirmer
que pratiquement toute variable qui a une incidence sur un aspect quelconque de
l'activité économique a une incidence sur la croissance. Dans la
pratique, il est nécessaire de sélectionner un nombre
limité de régresseurs qui semble être les plus importants.
Malheureusement, il n'est pas simple de déterminer quelles sont les
variables les plus importantes puisqu'il est possible d'établir des
corrélations entre la croissance et à peu prés n'importe
quoi (voir Sala-i-Martin, 1997a et 1997b). En conséquence, il est
difficile de justifier qu'il est préférable d'utiliser une
spécification qui privilégie une série de problème
de sous-détermination du modèle.
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B : Source de données
L'équation de la croissance est estimée sur la
base de données annuelles couvrant la période 1975 à 2006.
Le choix de cette période est le résultat d'un compromis entre
les diverses phases de croissance de l'économie camerounaise et des
séries chronologiques disponibles.
Les dépenses de sécurité sociale sont
tirées de la base de données sur l'organisation financière
de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale du Cameroun et
confirmée par l'annuaire statistique de l'économie camerounaise
de l'Institut National de la Statistique. Et celles relatives au taux brut de
scolarisation du primaire et du secondaire sont issues de la base des
données du Ministère de l'Eduction nationale (MINEDUC). Par
ailleurs, les données relatives aux autres variables ont
été fournies par les tables statistiques de la Banque mondiale
(World Tables).
On peut donc avoir une certaine fiabilité à ces
données, même s'il faut rappeler que la collecte des
dépenses de sécurité sociale à la CNPS n'a pas
été facile, à cause de la prudence et de la peur
manifestée par la direction comptable de cette administration.